Le décryptage éco.Covid-19 : les aéroports d'Europe de l'Ouest perdent de leur influence
En Europe, 200 aéroports sont au bord de la faillite. L'association qui les représente lance un SOS. Le décryptage de Fanny Guinochet
L'association qui représente les aéroports européens en appelle, une nouvelle fois, aux États pour leur venir en aide. Airports Council International (ACI) estime qu’avec la pandémie, et les confinements successifs le trafic européen a baissé de plus de 85% par rapport l’année dernière à cette même époque. Autre chiffre qui illustre le trou d’air : depuis le début de l'année, ces aéroports enregistrent près de 1,5 milliard de passagers en moins. Et ils sont loin de voir le bout du tunnel : étant donné la situation sanitaire, les réservations pour les semaines à venir sont au point mort.
Le problème, c’est que leurs recettes proviennent surtout des voyageurs alors que 80% de leurs coûts sont fixes. De fait, le déséquilibre se creuse et ils ont beau réduire leurs dépenses, en fermant des terminaux, en supprimant des liaisons aériennes, ils brûlent encore 350 millions d'euros par semaine. Près de 200 aéroports sont près du dépôt de bilan. En France, les aéroports régionaux sont très inquiets : avant le reconfinement, Brest était déjà à moins −60% de trafic, −65% à Nantes, −70% à Limoges. Lille a divisé par trois le nombre de ses passagers.
Antalya, Istanbul et Moscou en haut du classement
La crise chamboule les classements habituels. Elle rebat les cartes en termes de fréquentation : très centrés sur le trafic international et sur les vols longs courriers, les hubs d’Europe occidentale plongent, selon le classement de l'ACI. Prenez Londres-Heathrow : en temps normal, c’est un des plus fréquentés, là, il n’arrive plus qu’en dixième position. Roissy-Charles-de-Gaulle chute à la 8e place, Amsterdam-Schiphol à la 9e. C’est encore pire pour les Allemands, Francfort et Munich, qui sortent du Top 10. En revanche, même si ils enregistrent une baisse de trafic, les aéroports russes (Moscou-Sheremetyevo, Moscou-Domodedovo ou Moscou Vnoukovo) ou turcs (Antalya, Istanbul ou Istanbul-Sabiha Gokcen) tirent mieux leur épingle du jeu grâce notamment à leurs vols intérieurs qui sont maintenus.
En attendant un vaccin, pour faire redémarrer le trafic, les aéroports comptent sur la mise en place de tests de dépistage à grande échelle. Ils espèrent aussi que les États feront un effort, la plupart ont déjà volé à leur secours en les soutenant financièrement.
Mais, selon les professionnels, ces milliards d’euros ne suffiront pas à compenser les pertes abyssales selon l’association, c’est tout un modèle qu’il va falloir repenser et imaginer. Par exemple, le vieux débat sur la taxation du trafic aérien va refaire surface. La semaine dernière, le gouvernement néerlandais a déjà acté la mise en place d’une taxe de 7,45 euros par billet d’avion pour tout passager qui partira des Pays-Bas à partir de janvier prochain.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.