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Le décryptage éco. Crise du Covid-19 : un risque de déclassement pour les seniors

On parle beaucoup des jeunes dans cette crise, mais pour les seniors non plus cette période n’est pas facile à vivre. L’Association pour l’emploi des cadres (Apec) a mené une enquête dont franceinfo révéle les premiers résultats. Le décryptage de fanny Guinochet.

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Un cadre senior dans son bureau. Photo d'illustration.
 (TINPIXELS / E+ / GETTYIMAGES)

Les cadres seniors, c’est à dire les plus de 50 ans, ressentent souvent de l’isolement dans la crise liée au Covid-19. C'est ce qui ressort d'une enquête menée par l'Association pour l'emploi des cadres (Apec). Ils sont aussi tiraillés par une forte inquiétude face à l’avenir, pour plus de 65%. Pris en étau, entre l’aide à apporter à leurs enfants, aux jeunes qui ont encore plus de mal qu’avant à trouver du travail, et l’accompagnement de leurs parents vieillissants. Il leur faut assurer sur tous les fronts.

Face à ces responsabilités, les seniors craignent, avec la crise, de se retrouver au chômage. Quand ils se maintiennent en emploi, un quart d’entre eux anticipe une dégradation de leurs conditions de travail. Un sur deux s’attend à ce qu’on leur demande de travailler plus, que les missions soient modifiées, que leurs postes soient réorientés.

Les seniors, premiers sur les listes des départs

Cette enquête de l'Apec révèle un paradoxe : dans leurs grande majorité, 85%  des cadres seniors aiment leur job, sont engagés, motivés, enthousiastes. Mais quand on leur pose la question sur une éventuel départ de l’entreprise, plus d’un sur deux répond qu’il serait prêt à le faire, dans le cadre d’une rupture conventionnelle. Et c’est même un peu plus, 61%, dans le cadre d’un plan social.

Quand les entreprises réduisent leurs effectifs, les seniors sont souvent les premiers sur la liste des départs. Les directeurs des ressources humaines tombent souvent d’accord avec les syndicats pour que dans les plans de restructurations, les seniors de 57-58 ans, c’est-à-dire ceux qui sont le plus proches de la retraite, se portent volontaires pour quitter l’entreprise. D’ailleurs 70% des cadres interrogés dans cette étude de l’Apec déclarent que la crise les a amenés à intensifier leur réflexion sur leur retraite, à se pencher sur le montant de leur pension, et sur l’âge possible d’un départ avant l’heure. 

Le gouvernement n’a pas prévu de plan spécifique pour les seniors. Plusieurs associations montent au créneau pour que des dispositifs soient mis en place pour ces actifs. Car l’Apec met en garde : plus on avance en âge et plus il est difficile de retrouver un emploi. Malgré leur expérience, les seniors sont souvent perçus par les entreprises comme trop chers, moins malléables. Aujourd’hui, près de 40% des cadres de plus 55 ans sont inscrits à Pole emploi.  

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