Le décryptage éco. Crise sanitaire et économique : les assureurs au pied du mur
L’ultimatum de Bruno le Maire aux assureurs prend fin ce lundi. Le ministre de l'Économie leur demande de faire un geste pour les entreprises sinistrées. Une réunion est prévue dans la matinée. Le décryptage éco de Fanny Guinochet
C’est le bras de fer depuis la semaine dernière entre le gouvernement et les assureurs, depuis que Bruno Le Maire leur a demandé de geler les primes. C’est-à-dire les tarifs sur les contrats des professionnels les plus touchés par la crise. Cela concerne surtout des cafés, restaurants, hôtels qui ont dû fermer leurs portes durant les deux confinements. Chacun doit faire un effort de solidarité, estime le ministre de l’Économie.
Le secteur de l’assurance, lui, se défend. Il rappelle qu’il est le seul à avoir mis directement de l’argent dans le fonds public de solidarité pour les TPE et PME touchées par la crise : une enveloppe de 400 millions d’euros. Les assureurs abondent aussi de près de deux milliards d’euros dans un programme d’investissements pour relancer le tourisme ou la santé. Sans oublier les coups de pouce effectués par chaque compagnie en direction de leurs clients. Selon la fédération, on arrive à plus quatre milliards d'euros de soutien.
La menace d'une taxe contre les assureurs
C'est en tout cas ce que dit le gouvernement aux assureurs s'ils ne gèlent pas les primes. Dans le projet de budget, les sénateurs ont mis un amendement, qui prévoit une taxe d’1,2 milliard d’euros sur le secteur. Sauf coup de théâtre, cet amendement devrait passer sans difficulté à l’Assemblée. Ironie du sort, il a été déposé par un sénateur de droite, lui-même assureur. D’ailleurs, la semaine dernière, un autre assureur les accablait : Xavier Bertrand, le président des Hauts-de-France, montait au créneau pour que l’État les oblige à mettre la main à la poche.
Il y a de grandes chances que les assureurs cèdent. Cela leur coûtera moins cher que la taxe de plus d’un milliard. Le gel des primes, concrètement, cela veut dire qu’il n’y aura pas de hausses de cotisations sur les contrats des entreprises touchées par la crise, comme prévu normalement. Mais au-delà de l’argent, c’est l’image des assureurs qui sort très abimée de cette crise. C’est pourquoi certaines compagnies pourraient aller plus loin, en versant des aides ciblées à leurs clients les plus fragilisés. Leur enjeu, c’est aussi d’essayer de stopper les dizaines de contentieux que les restaurants et commerces portent devant les tribunaux.
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