Le décryptage éco. La très chère guerre de la 5G
L’ensemble du territoire devra être couvert en 5G d'ici la fin de la décennie. Cela nécessite des investissements qui se chiffrent en milliards d’euros. Les opérateurs trépignent.
L’internet nouvelle génération, la 5G, risque de connaître des débuts mouvementés en France. L’attribution des fréquences aux opérateurs téléphoniques est prévue en avril.
Il y a quatre principaux opérateurs en France : Orange, Bouygues-Telecom, SFR et Free. Ils sont aujourd’hui vent debout contre le gouvernement. Leur exaspération est à la hauteur des enjeux technologiques et financiers. Pour faire court : la 5G doit permettre aux entreprises d’être plus rapides dans leurs communications, aux hôpitaux d’être connectés et d’interagir, et, un peu plus tard, aux foyers de télécharger films et jeux en version rapide. Chaque opérateur devra proposer une offre 5G dans deux villes françaises avant fin 2020. La montée en puissance sera progressive pour qu’à la fin 2025, chaque opérateur ait équipé environ les deux tiers de la population. L’ensemble du territoire devra être couvert à fin 2030. Cela nécessite des investissements qui se chiffrent en milliards d’euros et les opérateurs trépignent.
Que reprochent-ils au gouvernement ?
Les acteurs reprochent au gouvernement ne pas être suffisamment clair dans la polémique Huawei, l'équipementier chinois accusé par les Américains de profiter de sa technologie pour espionner les puissances occidentales au profit du régime communiste en place à Pékin. Il y a deux semaines, ignorant les mises en garde de Donald Trump, le commissaire européen Thierry Breton a laissé la porte ouverte à Huawei pour développer sa technologie sur le Vieux Continent, à condition de respecter des règles bien strictes qui, d’ailleurs, restent à connaître. Le gouvernement français est sur la même ligne mais, avant la vente des fréquences aux enchères en avril, les opérateurs voudraient être fixés une fois pour toute sur les conditions imposées par Matignon et Bercy pour travailler avec Huawei : y aura-t-il des restrictions en fonction des régions, des villes, des conditions de délais ? Pour l'instant, c'est silence radio.
Dossier à la fois technique, financier et géopolitique
Dimanche 9 février, dans un communiqué, l’Ambassade de Chine à Paris a mis en garde le gouvernement français contre d’éventuelles mesures discriminatoires vis-à-vis de Huawei. La pression est facile car certains opérateurs (Bouygues-Telecom et SFR) travaillent déjà avec Huawei depuis plusieurs années sur leurs réseaux 3 et 4G. S'ils sont obligés de revoir leur collaboration, cela coûtera très cher. De son côté, l’opérateur historique Orange (ex France Telecom) a récemment signé avec Nokia et Ericsson, preuve que d’autres solutions que Huawei existent en Europe. Plus que jamais, la balle est dans le camp du gouvernement.
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