Le décryptage éco. Le gouvernement n'exclut pas de réduire les aides à l'emploi si le chômage baisse
Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie, a annoncé dimanche que le gouvernement pourrait baisser les aides sociales à l'emploi, à condition que le chômage baisse également.
Le gouvernement envisage de s'attaquer aux aides sociales à l'emploi. Elles pourraient être réduites, mais à une condition : que la France crée assez d'emplois dans le secteur privé. C'est Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie, qui l'a annoncé, ce dimanche 20 mai.
58 000 créations d'emplois depuis janvier
C'est justement le cas. Depuis le début de l'année, le secteur privé a créé presque 58 000 emplois et sur un an, la dynamique est tout aussi forte avec 270 000 créations de postes. On peut se dire que ce n'est pas une parole en l'air de la part du ministre, quand on sait que la priorité du gouvernement est de baisser la dépense publique.
Quelles aides concernées?
Pour le moment, rien n'a été précisé. Il faudrait d'abord que les partenaires sociaux soient d'accord . Est-ce que les contrats aidés, qui ont déjà été considérablement diminués, sont encore visés ? Pour cette année 2018, 200 000 contrats de ce type ont été budgétés contre 370 000, en 2017.
Est-ce que cela concernera les aides comme la prime d'activité qui représentent quatre milliards et demi d'euros par an pour les finances publiques ? C'est possible, car une note de l'administration révélée par Le Monde la semaine dernière, précisait que Bercy étudiait des pistes pour revoir les critères d'attribution de certaines aides sociales ou réduire leur montant en prenant par exemple d'avantage en compte le patrimoine des prestataires. Les aides aux entreprises, qui ont pour objectif de faire baisser le coût du travail, pourraient être concernées également.
Le périmètre que recouvre la politique de l'emploi est très large. Selon une note de France Stratégie, un organisme rattaché à Matignon, les ressources allouées chaque année à la politique de l'emploi atteignent 100 milliards d'euros.
Une mesure impopulaire
Impopulaire oui, car elle risque d'instaurer un peu plus l'image d'Emmanuel Macron comme "président des riches". En même temps, on sait que la politique de l'emploi telle qu'elle est pratiquée aujourd'hui, n'est pas optimale. La Cour des comptes a souvent pointé le gâchis de ces aides, en dénonçant un empilement de mesures, une dispersion des crédits, un manque de coordination des services.
Le gouvernement estime qu'avec réformes du Code du travail, de la formation professionnelle et de l'assurance chômage, il va engranger des résultats et qu'il peut "légitimement" couper dans ces dispositifs.
Le problème, c'est que même s'il y a un niveau record de créations d'emplois en France, le chômage ne baisse pas beaucoup. C'est un paradoxe et ça peut être une limite que certains opposeront à l'exécutif. C'est sûrement pour cela que Bruno Le Maire a ajouté que le gouvernement "continuerait à aider les plus fragiles sachant qu'il y a des personnes qui de toute façon en auront besoin".
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