Le décryptage éco. Plan de restructuration chez Airbus Défense et espace : 2 300 postes supprimés
Airbus annonce 2 300 suppressions de postes dans sa division "Défense et espace". Que se passe-t-il alors que la partie aviation, elle, se porte bien ? Le décryptage de Fanny Guinochet ("L'Express").
Pourquoi la branche Défense et espace du groupe Airbus, qui fabrique les avions militaires, des drones, des missiles, satellites et autres vaisseaux spatiaux réduit-elle la voilure ? On ne s’attendait pas un plan de restructuration d’une telle ampleur, 2 300 postes, mais cette annonce n’est pas complètement une surprise. Il y avait des rumeurs de plan de départs dans les tuyaux depuis décembre, et c’est donc mercredi 19 février que la direction du groupe européen l’a confirmé aux syndicats.
L’effort va être réparti sur plusieurs pays. C’est en Allemagne, première base de l'aéronautique militaire d’Airbus, qu’il va y avoir le plus de suppressions de postes, près de 830. En France, ce sera moitié moins, un peu plus de 400. Les deux sites Airbus Défense et espace de l’hexagone devraient en faire les frais, celui de Toulouse et celui d’Elancourt en région parisienne.Sans que l’on sache encore comment ça va se répartir.
Alors pourquoi ces réductions d’emplois ? Une des principales raisons tient aux déboires de son avion militaire A400 M, qui connaît des problèmes techniques récurrents. Airbus comptait vendre plusieurs de ces appareils à l’Arabie Saoudite, mais le gouvernement allemand a mis son veto, dans le cadre l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi en 2018. Au-delà de cette affaire, avec son A400 M, Airbus a beaucoup trop compté sur des contrats à l’export qui ne se sont pas concrétisés.
L’A400 M n'est pas le seul mis en cause
Toujours dans la partie défense, le groupe compte aussi depuis un moment sur de nouvelles commandes de son avion Eurofighter cette fois mais l'armée allemande qui doit les lui acheter tarde à se décider. Bref, ces contrats sont sans cesse repoussés. Et, si on regarde du côté de l’activité spatiale, Airbus a beaucoup souffert, ces dernières années, du ralentissement du marché des gros satellites de télécommunication. En fait, sur la plupart des produits de cette division d’Airbus, les commandes sont bien inférieures au chiffre d'affaires depuis trois ans. Ce qui, selon la direction, n’est plus tenable.
Airbus va tout de même très bien
La partie aviation civile du groupe s’est rarement aussi bien portée. Airbus n'a jamais été aussi fort face à l’américain Boeing, empêtré dans ses problèmes avec son 737 MAX toujours cloué au sol. L’année dernière, Airbus a dépassé la barre symbolique des 1 000 avions vendus et pour le coup, ses usines tournent à plein régime, ses carnets de commandes sont remplis pour les dix ans à venir.
Là, au contraire, il y a des perspectives importantes d’embauches : rien que pour 2020, on parle de 5 000 recrutements dans le monde, dont près de 2 000 dans les chaînes d'assemblage de Toulouse.
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