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Le décryptage éco. Réforme de l'assurance chômage : la fronde prend de l'ampleur

La réforme de l'assurance chômage doit entrer en vigueur le 1er juillet. De plus en plus de voix s'élèvent contre son application, y compris parmi les soutiens d'Emmanuel Macron. Le décryptage éco de Fanny Guinochet.

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
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Publié
Temps de lecture : 3min
Manifestation contre la réforme de l'assurance chômage à Caen, le 23 avril 2021 (BORIS HALLIER / FRANCE-BLEU BASSE-NORMANDIE)

La réforme de l’assurance chômage qui doit entrer en vigueur le 1er juillet prochain, reste très contestée par les syndicats, mais pas seulement. Ces derniers jours, des proches d’Emmanuel Macron ont également pris leurs distances avec cette réforme. 

Muriel Pénicaud, qui a conçu la réforme, émet des "réserves"

Lundi, sur LCI, Philippe Aghion, économiste, soutien d’Emmanuel Macron depuis la première heure, et encore souvent consulté par le gouvernement, expliquait que "ce n’est pas le moment de mettre en œuvre cette réforme, alors qu’à court terme de nombreux emplois vont être détruits". Il plaidait pour un nouveau report de l'entrée en vigueur. Avant lui, un autre économiste, Jean Pisani-Ferry, bien connu pour avoir imaginé le programme d’Emmanuel Macron en 2017, mettait également garde "sur le risque de pénaliser les précaires déjà durement frappés par le choc Covid". Enfin, la semaine dernière, la plus grande surprise est venue de l’ancienne ministre du Travail, Muriel Pénicaud, qui a conçu la réforme. Aujourd’hui représentante à l’OCDE, elle a fait part de ses "réserves" et jugé que le système doit tenir compte du contexte. Sous-entendu, le gouvernement doit revoir sa copie.  

Après avoir dénoncé la réforme à maintes reprises, bien avant la crise d’ailleurs, les syndicats ont cette fois opté pour la contestation juridique. La semaine dernière, ils ont tous, sauf la CFTC, attaqué le texte devant le Conseil d’État. Selon eux, les nouvelles règles de calcul sont injustes, et vont pénaliser les chômeurs qui alternent contrats courts et inactivité. Ils espèrent que le Conseil d’État leur donnera raison, tout comme il a déjà annulé en novembre dernier un premier décret contenant des dispositions très techniques de cette reforme. Au nom d’ailleurs déjà d’une différence de traitement entre les chômeurs.

Le gouvernement reste droit dans ses bottes

Pour l’instant, pas de changement prévu. Elisabeth Borne, la ministre du Travail, répète qu’il n’est pas admissible que l’on puisse gagner plus en étant au chômage qu’en travaillant, et que les nouvelles dispositions vont corriger ces anomalies.

Reste que les partisans de cette reforme se font de plus en plus rares : il n’y a guère qu’une poignée d’économistes libéraux comme Stéphane Carcillo ou Pierre Cahuc pour dire qu’il faut la mener pour accompagner la relance. Quant aux ministres, ils ne sont pas, non plus, très nombreux à monter au créneau sur ce dossier, que beaucoup en coulisses qualifient de "patate chaude"

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