Le décryptage éco . Taux d’intérêts : vers un tour de vis de la Fed
La Fed, la réserve fédérale américaine, qui se réuni aujourd’hui, devrait définitivement tourner la page des taux bas et annoncer un relèvement du crédit de l’argent. Un changement de politique qui anticipe les décisions budgétaires de Trump et risque de bousculer les marchés.
Tous les observateurs en sont convaincus, Janet Yelen, la patronne de la Fed, devrait annoncer dans la journée un relèvement des taux d’intérêts de 0,75 à 1 %. Ce serait donc la fin de près de 10 ans d’argent facile qui avait fait suite à la crise de 2008 et le retour à la normale. L’économie américaine se porte bien, la création d’emploi en est la preuve. Une politique accommodante n’est donc plus de mise. La Fed avait d’ailleurs déjà esquissé cette politique de baisse des taux en décembre dernier en les relevant déjà d’un quart de point. La décision que devrait prendre la réserve fédérale aujourd’hui pourrait remonter jusqu’à 1,4 % le loyer l’argent que les banques se prêtent entre elles. Ce serait donc un coût d’arrêt au crédit trop facile.
Une trop bonne santé
Pourquoi une telle décision : première raison, la bonne santé de l’économie américaine, on l’a dit, avec un chômage à 4,5 % et les projets budgétaires de Donald Trump, c’est-à-dire des baisses d’impôts, des projets de déréglementation et de relance budgétaire à 500 milliards de dollars qui dopent le moral des entrepreneurs, des ménages et la bourse. Et ce qui inquiète les marchés, c’est justement cette bonne santé. Ça va trop vite, avec un risque d’inflation que la Fed veut et doit contenir. Pour une fois la banque centrale anticipe des projets budgétaires sans même attendre qu’ils soient votés. En réalité, sans le ralentissement de la Chine et la chute du pétrole, ces hausses de taux auraient été décidées il y a deux ans déjà. Ce qui inquiète les marchés c’est que cette politique plus sévère de la Fed risque de s’accélérer encore.
Les marchés inquiets
Une décision qui aura pour conséquence le renchérissement du dollar face à l’euro. Avec deux situations contrastées, une zone euro en plein doute avec une rafale d’élections, les Pays-Bas, puis la France, puis l’Italie le 28 mai, puis l’Allemagne en septembre, une économie de la zone euro qui décolle trop doucement et de l’autre une économie américaine en plein boom avec une bourse qui a pris 5 % depuis le début de l’année. On pourrait revenir à une parité de dollar-euro qui n’arrangerait pas nos affaires. Mais la Fed peut aussi semer le désordre sur les marchés en décidant de se délester des dettes d’état dont 6 000 milliards de dollars sont détenus en grande partie par les chinois et les japonais. En 2013, une annonce de ce type avait fait plonger les marchés émergents et le même type d’annonce en 94 avait abouti à un krach obligataire. Bref, la politique monétaire de la Fed est à suivre non seulement aujourd’hui mais aussi dans les mois qui viennent. Elle pourrait aussi donner des idées à la Banque centrale européenne.
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