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Michel-Edouard Leclerc a-t-il raison de dire que pour l'inflation, la guerre en Ukraine a "bon dos" ?

Michel-Edouard Leclerc, patron des supermarchés du même nom, dénonce des hausses de prix dues à des spéculations. Pour lui, "la guerre en Ukraine a bon dos". Qu’en est-il ? Le décryptage de Fanny Guinochet

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Michel-Edouard Leclerc, patron des supermarchés du même nom. (JOEL SAGET / AFP)

Michel-Edouard Leclerc affirme que les hausses demandées par les industriels de l'agroalimentaire dont on retrouve ensuite les produits dans les rayons des magasins E. Leclerc sont "suspectes". C’est évidemment un coup de com dont Michel-Edouard Leclerc est coutumier, mais laisser entendre que les industriels seraient à l’origine de l’inflation, ce serait nier que le coût des matières premières – comme l’acier, carburants, etc – ont beaucoup augmenté à cause de la guerre en Ukraine qui réduit les quantités sur le marché. Quand on manque d’un produit, qu’il devient plus rare, automatiquement, son prix augmente. Mais là où Michel-Edouard Leclerc n’a pas tout à fait tort, c’est que dans la période, il y a sûrement des industriels qui augmentent leurs marges en augmentant leurs prix un peu plus qu’ils ne le devraient parce qu’ils sont en position dominante, que ce soit dans le transport, les céréales etc.

Les causes de l'inflation sont multiples

Michel-Edouard Leclerc prend l‘exemple du cacao, dont le prix a augmenté alors qu’on n'en produit pas en Ukraine. C’est vrai, mais cette hausse tient surtout à l’entente l’an dernier passée entre les deux plus gros producteurs du monde, le Ghana et la Côte d’Ivoire, qui produisent à eux deux les deux tiers de la production mondiale. Ces pays se sont mis d’accord pour vendre plus cher le cacao aux occidentaux et protéger ainsi les revenus de leurs agriculteurs. Ce qui a fait augmenter le prix du cacao, et donc de la barre de chocolat qu’on achète en supermarchés.

Et si le prix de la tonne du blé a progressé ces derniers mois, c’est parce qu’il y en a moins sur le marché mondial depuis que l’Ukraine, grenier de l’Europe, est en guerre, mais pas seulement. C’est aussi parce qu’il y a eu des sécheresses qui ont detruit des récoltes aux États-Unis ou en Inde. Sur ces marchés mondiaux, les causes de l’inflation sont souvent multiples.  

Michel Edouard Leclerc demande plus de transparence et une commission parlementaire sur "les origines de l'inflation, sur ce qu'il se passe sur le front des prix, depuis les transports jusqu'aux consommateurs."  C’est un peu un coup de pied de l’âne alors qu'il y en avait eu une, en 2019, de commission : sur les centrales d’achat et les pratiques de la grande distribution. Des enseignes comme Leclerc avaient alors été auditionnées. La commission leur avaient demandé d’observer de meilleures pratiques commerciales.

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