Pouvoir d'achat : En France, le nombre de personnes rémunérées au smic n'a été jamais aussi élevé qu'en 2023

En deux ans à peine, entre 2021 et 2023, le nombre de personnes rémunérées au salaire minimum a augmenté de 50%. Ce qui nourrit un sentiment de malaise social, auquel le gouvernement cherche à répondre.
Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
3,1 millions de Français gagnent le smic, soit 1 398,69 euros net par mois, selon la Dares. Photo d'illustration. (MAGALI COHEN / HANS LUCAS/ AFP)

Emmanuel Macron fait face à une situation inédite, dans le secteur privé, hors agriculture, près d’un travailleur sur cinq est payé au salaire minimum interprofessionnel de croissance (smic). Entre janvier 2021 et janvier 2023, selon les derniers chiffres de la Dares, qui dépend du ministère du Travail, un million de personnes en plus touchent le smic.

Ce qui fait au total, plus 3,1 millions de Français qui gagnent 1 398,69 euros net par mois. Ce sont des employés, des ouvriers, un travailleur sur cinq dans les services, 8% d'actifs dans l’industrie. Mais il y a aussi des petits patrons, des artisans, selon une récente étude de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), un patron sur cinq gagne moins d’un smic par mois.

Le smic est automatiquement indexé sur l’inflation, ce qui n’est pas le cas des autres rémunérations qui dépendent d’une négociation entre salariés et patrons. Et comme le Smic a été augmenté huit fois en deux ans, il a rattrapé peu à peu de nombreux salaires justes au-dessus, qui eux, n’ont pas autant progressé. C’est mécanique, ça fait augmenter les effectifs.

Il y a aussi une croissance du nombre de gens rémunérés au smic à cause des types d’emplois créés ces dernières années. Les nouveaux postes sont souvent dans des métiers peu qualifiés, comme la logistique, le nettoyage, l'aide à la personne et donc payés au salaire minimum.

Revaloriser le travail

Le problème c’est que ça crée, ce que l’on appelle des "trappes" à bas salaire. Parce qu’aujourd’hui, un employeur a plus intérêt à embaucher quelqu’un au smic, qu’un travailleur qui serait juste au-dessus, car il bénéficie d’allégements de cotisations, un smic est du coup moins coûteux. Et à cause de ces systèmes d’incitation, le problème est aussi que les salariés restent longtemps rémunérés au smic. Ils ont le sentiment de ne pas pouvoir progresser dans l’échelle des qualifications et des rémunérations, comme s’ils étaient piégés dans une trappe.

Et le gouvernement cherche la parade parce que ça nourrit le sentiment de déclassement et de colère. D’autant plus qu'avec l’inflation, de plus en plus de travailleurs, ne s’en sortent pas. En octobre dernier, lors de la conférence sociale, Élisabeth Borne a lancé une réflexion sur les bas salaires avec la création d’un haut conseil aux rémunérations.

Le gouvernement cherche à voir comment revaloriser plus le travail, c’est-à-dire revoir les dispositifs d’aides qui incitent au travail ou qui le rémunèrent mieux. Avec en ligne de mire, la prime d’activité, mais aussi une remise à plat des allégements de cotisations. Mais ça fait tiquer les patrons et puis, la crainte, c’est que ça ne freine les embauches.

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