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Prime inflation : voici pourquoi certains l'ont touchée plusieurs fois

20 millions de Français ont déjà reçu la prime inflation de 100 euros versée par le gouvernement. Comment certains bénéficiaires ont-ils pu la recevoir plusieurs fois ? Le décryptage de Fanny Guinochet.

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le siège du ministère de l'Économie et des Finances, à Bercy. Paris. (GUY REGISTE / RADIO FRANCE)

La prime inflation de 100 euros est en cours de versement, et certains l'ont touchée plusieurs fois. Pourtant, la règle, c’est que cette prime ne doit être donnée qu’une seule fois, par personne. Recevoir plusieurs fois la prime inflation, cela peut arriver si vous avez plusieurs statuts : si vous êtes salarié et en même temps auto entrepreneur, ou étudiant boursier et intérimaire, ou encore retraité et que vous travaillez un peu par ailleurs. Il faut juste avoir gagné moins de 2 000 euros mensuels pour chacune de ces activités. 2 000 euros, c’est en fait le curseur pour bénéficier de l’aide. Par exemple, vous travaillez au Smic, et en même temps, vous faites quelques heures payées en chèque emploi service universel (Cesu) : vous pouvez recevoir la prime en tant que salarié mais aussi au titre d’employé à domicile. C’est un exemple parmi d’autres.

Le problème vient du fait que ce ne sont pas les mêmes organismes qui versent la prime inflation. Pôle emploi pour les chômeurs, les Urssaf pour les indépendants, les employeurs pour les salariés, etc. Ces organismes ne croisent pas toujours leurs fichiers, d’où les doublons possibles. En plus, les versements ne se font pas au même moment : cela a commencé par les étudiants boursiers mi-décembre, puis les indépendants, puis les salariés du privé, les agents du public. Et là, en février, ce sont les retraités qui la reçoivent.  

Absence de contrôles   

Le gouvernement mise sur l’honnêteté des Français pour rendre l’argent en cas de cumul. À Bercy, on minimise : ces doublons ne touchent que quelques rares cas. Sauf que, par exemple, rien que pour les autoentrepreneurs, la Fédération nationale des auto-entrepreneurs et microentrepreneurs (FNAE) qui les représente a fait le calcul : il y a plus de deux millions d’autoentrepreneurs en France, 80% n’ont pas beaucoup de revenus et sont éligibles pour la prime. En même temps, presque un sur deux est salarié. Rien que sur cette catégorie, cela fait donc des milliers de gens possiblement cumulards.

Mais, le gouvernement assume : les contrôles, ça n’est pas sa priorité. A l'approche de la présidentielle, réclamer les trop perçus ne serait pas très populaire; Surtout quand il cherche à montrer qu’il augmente le pouvoir d’achat des Français. Sauf que cette zone grise autour de la prime risque de coûter cher : l’enveloppe de 3,8 milliards d’euros prévue à l’origine pour 38 millions de bénéficiaires risque de ne pas suffire. Mais on le découvrira plus tard… après l’élection, sûrement.

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