Prix des carburants : l'Organisation des pays producteurs de pétrole ouvre les vannes
L'Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep) a décidé d'augmenter sa production, en veillant à ménager la Russie. Le decryptage de Fanny Guinochet.
Les représentants des treize membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs dix partenaires (Opep+) ont convenu jeudfi 2 juin de porter la production à 648 000 barils par jour en juillet, à comparer aux 432 000 barils fixés les mois précédents. De gros volumes de pétrole sur le marché : de quoi éloigner les craintes de pénuries d’essence qu’on pouvait avoir pour cet été. Même si du côté du gouvernement, on explique que ces craintes sont infondées et qu’il y avait assez de carburants pour cet été. L’État dispose en réserve l’équivalent de trois mois de stocks stratégiques, à quoi s’ajoutent des stocks commerciaux, donc pas d’inquiétude.
Cette décision des pays de l’Opep est un bon signal, car cela faisait des mois que les Occidentaux leur demandaient d’ouvrir les vannes. L’organisation faisait la sourde oreille : il faut dire que maintenir un baril très cher – à plus de 100 dollars – leur rapporte beaucoup d’argent. L’Opep a enfin accepté.
Les pressions des Etats-Unis et de l'Union européenne
L’embargo de l’Union européenne sur le pétrole russe, annoncé en début de semaine, a visiblement pesé. Jusqu’à présent, l’Opep était resté solidaire de la Russie, qui est un de ses membres associés, mais là, elle a choisi de prendre un peu de distance, sans toutefois rompre l’alliance. Et il y a eu beaucoup d’échanges, de pressions des États-Unis sur l’Arabie saoudite, qui est de facto le leader de l’Opep. Jeudi 2 juin la Maison Blanche a d’ailleurs immédiatement salué cette annonce.
Logiquement, s’il y a plus de volumes sur le marché, les tarifs du pétrole devraient baisser. Mais le problème, c’est que ces quotas plus ambitieux de l’Opep ne vont pas tout résoudre. Même si elle représente la moitié de l’offre mondiale de pétrole, l'Opep ne pourra pas remplacer tous les volumes perdus de la Russie, surtout qu’avec la reprise et la fin de la pandémie, les déplacements repartent en flèche. Les gens voyagent, surtout en période estivale.
Mais surtout, avant la guerre en Ukraine, les prix du pétrole étaient déjà orientés à la hausse, parce que nous en consommons beaucoup plus que ce que nous pouvons en produire. Pour retrouver un baril à 70 dollars, il faudrait réduire notre consommation de 10%. Le pétrole pas cher, ce n’est pas pour demain.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.