Rouvrir le dossier du départ à la retraite à 64 ans, une mesure politiquement habile, mais économiquement risquée

Véritable rupture avec ses prédécesseurs à Matignon, Gabriel Attal, Élisabeth Borne, et même Michel Barnier, aucun, jamais, n’a laissé la moindre possibilité de remettre en cause l’âge de départ à la retraite à 64 ans.
Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le Premier ministre François Bayrou, la Présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, le Président du Sénat Gérard Larcher, et les chefs de partis, à l'exception de La France Insoumise (LFI) et du Rassemblement national (RN), pour finaliser son gouvernement à l'hôtel Matignon à Paris, le 19 décembre 2024. (JULIEN DE ROSA / POOL / AFP)

François Bayrou relance ainsi le débat. Le Premier ministre "croit qu'il y a une autre possibilité que le report de l'âge à 64 ans". Principal irritant de la réforme d’Emmanuel Macron de 2023, il se dit prêt à examiner "d’autres solutions", à entendre ceux qui disent qu’on peut trouver, "une organisation différente". 

Le nouveau chef du gouvernement rappelle qu'il avait lui-même été un fervent militant de la retraite à points, qui avait été portée par Emmanuel Macron lors de son premier quinquennat, mais qu'il avait abandonné, tant elle s'était révélée techniquement difficile à mettre en place. Le principe de la retraite à points, c'est justement de faire disparaître toute notion d'âge de départ à la retraite.

Le problème du financement

Concernant la réforme des retraites de 2023, le Premier ministre ne se montre toutefois pas très clair. Le paradoxe, c'est qu'il laisse la porte ouverte à une possible remise en cause des 64 ans, tout en disant qu’il ne veut ni abroger, ni suspendre la réforme actuelle ; une sorte de "en même temps" en somme. Il propose notamment aux partis politiques et aux partenaires sociaux de discuter, de négocier, de trouver une solution en commun, un compromis d’ici septembre 2025, sinon on reviendra à la réforme actuelle. Sous-entendu, donc "je vous laisse la main, faites preuve de responsabilité", sans quoi ce sera retour à la case départ.

Le nerf de la guerre, cela reste la question du financement, car décaler l’âge de départ est ce qui rapporte le plus au régime, et encore, même avec un âge de départ à 64 ans, 10 milliards d’euros de déficits sont attendus en 2025. Rouvrir le dossier de cette façon peut être habile politiquement, mais la manœuvre est risquée économiquement : elle peut affoler les marchés financiers. Pour eux, un gouvernement qui remet en question le recul de l’âge, c’est l’assurance de voir filer les déficits publics.
Socialement aussi, la manœuvre est sensible. François Bayrou peut nourrir des espoirs chez les opposants à la réforme Macron. Espoirs susceptibles d'être vite déçus, si en septembre 2025, les partis politiques ne parviennent pas à se mettre d’accord sur des solutions nouvelles.

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