Vente de Doliprane : en entrant au capital d'Opella, l'État relance le débat sur sa participation au capital des grands groupes

On ne sait pas encore à quelle hauteur l'État deviendra actionnaire du groupe Sanofi, cette participation lui permettra néanmoins d’avoir un siège au conseil d’administration du groupe. Nationalisation ou privatisation : un vieux débat.
Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié Mis à jour
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Le groupe pharmaceutique Sanofi a confirmé le 21 octobre 2024 qu'il avait signé une alliance avec le fonds d'investissement américain CD&R en vue d'une cession potentielle du contrôle de sa filiale Opella, qui commercialise le Doliprane. (LOU BENOIST / AFP)

Alors que Sanofi a confirmé le rachat de sa filiale Opella, responsable de la production du Doliprane, par le fond américain CD&R, le ministre de l'Économie et des Finances, Antoine Armand a annoncé, dimanche 20 octobre, l'entrée de l'État au capital de l'entreprise. Un rachat qui relance le débat sur les nationalisations et privations d'entreprises.On ne sait pas encore à quelle hauteur l'État deviendra actionnaire du groupe Sanofi. Il sera toutefois présent via la BPI, la Banque publique d’investissement, probablement à hauteur de 1%. Une toute petite participation qui pourrait faire sourire, mais qui permettra à l’État d’avoir un siège au conseil d’administration du groupe, un droit de vote, et donc de garder un droit de regard sur les engagements demandés aux investisseurs américains.

Des engagements censés garantir le maintien des sites de production, de l’emploi dans l’hexagone, et de réserver au marché Français une partie des médicaments produits. Bien loin donc de la nationalisation plébiscitée par certains et qui aurait coûté 15 milliards d’euros à l'État. Un rachat qui, au regard des finances publiques, semblait peu probable alors que les discussions sur le budget 2025 viennent de commencer à l'Assemblée nationale en ce mois d'octobre 2024.

Les privatisations efficaces pour renflouer les caisses de l'État

Pour trouver les milliards d’euros qui manquent au budget, nombreux sont les députés du camp macroniste qui ont, pour leur part, demander que l’État cède une large partie de son capital investi dans des grands groupes français comme Orange, EDF, Renault, ou encore la Française des jeux.

Une méthode efficace pour renflouer les caisses, selon Olivia Grégoire et Gérald Darmanin qui ont porté cette revendication dans La Tribune dimanche, vendredi 19 octobre 2024. Selon les anciens ministres, vendre seulement 10 % de ces participations rapporterait autant, voire plus, que les hausses d’impôts sur les entreprises que prévoit le gouvernement dans son budget.

Le ministre du Budget et des Comptes publics, Laurent Saint-Martin ne s'est pas dit "opposé" ni "choqué" sur le principe, mais rappelle qu’en étant actionnaire de 85 entreprises dans la défense, le transport, ou encore l’énergie, l’État reçoit chaque année, de précieux dividendes, et donc des recettes.

Ce débat n'est pas nouveau, et revient régulièrement. La privatisation des autoroutes, enclenchée dans les années 2005-2007 fait encore polémique, alors que beaucoup se demandent si l'État a véritablement bien fait de céder son parc.

La crise financière de 2008 et la pandémie de Covid-19 au début de l'année 2020 ont cependant orienté l'opinion vers une demande de nationalisation plus forte. Un mouvement inverse qui reste attaché à l'idée de garder nos actifs stratégiques dans l’hexagone. En 2023, l’État avait ainsi racheté EDF afin d'avoir la main sur sa filière nucléaire, un symbole et enjeu de souveraineté pour la France.

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