Djamel Atallah : "Je me suis construit à travers la Marche des Beurs"
Sur fond de tensions entre jeunes des cités et policiers,
une douzaine d'enfants d'immigrés et de militants antiracistes quittaient
Marseille pour réclamer l'égalité des droits. Deux mois et un millier de
kilomètres plus tard, ils étaient accueillis à Paris par 100.000 personnes.
Djamel Atallah faisait partie des premiers marcheurs. "Je
vois cette grande manifestation, cette France de toutes les couleurs, cette France
de la diversité, une image formidable. "
"Nous étions partis avant cette idée que la France était
foncièrement raciste, mais à travers les étapes et cette arrivée c'était tout
le contraire. Une grande partie de la France manifestait sa solidarité et ne
voulait pas d'un pays que le racisme gangrène. "
L'oubli
Très médiatisée à l'époque, leur initiative a disparu des
esprits. Peu d'événements ont marqué ses 10 et ses 20 ans et aujourd'hui seuls
deux Français sur dix s'en rappellent, une proportion qui tombe à un sur dix
chez les plus jeunes.
"La dynamique qu'avait développé cette marche a été
très éphémère et la réalité a repris les choses. La République a complètement
ignoré ces populations. "
L'après marche
En juin 1983, Toumi Djaïdja est blessé par la police, et décide
avec d'autres jeunes des Minguettes, une cité près de Lyon, d'organiser cette
marche pacifique pour désamorcer le cycle de violences.
Le rapport police-justice faisait parti des revendications
et notamment la justice lyonnaise. "Dans les années 80, le parquet de
Lyon était connu pour avoir la main particulièrement lourde. Mais à l'arrivée,
François Mitterrand a accordé la carte de résident de dix ans. "
"Je me suis construit à travers la marche ",
explique Djamel Atallah. "J'ai rencontré des gens formidable et de retour
à Paris j'ai repris des études à la fac. Je suis devenu militant grâce à la marche. "
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