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Dominique Simonnot : "en 1948, un gouvernement socialiste envoie l'armée contre des grévistes communistes"

La grande grève des mineurs de 1948 illustre toujours les rapports compliqués entre les socialistes et le monde ouvrier. La journaliste du Canard Enchainé, Dominique Simonnot, s'y est intéressée. Elle a travaillé pendant sept ans sur un livre intitulé "Plus noir dans la nuit".
Article rédigé par Fabienne Sintes
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (©)

Elle a rencontré sept anciens mineurs. Ce sont des personnes
qui se battent encore : 65 ans plus tard, leur combat n'est toujours pas
terminé. "J'ai découvert cette histoire en 2007 quand l'avocate de ces
personnes m'a contacté. Je savais ce qu'était, en gros, la grève de 1948 et la
répression mais j'ignorais tout des détails"
.

En 1948, période d'après guerre, la France a besoin
de charbon. Les mineurs sont considérés comme des héros puisqu'ils ont résisté
en 1941 à l'occupent nazi. Mais, en deux mois, ils deviennent des
terroristes aux yeux du gouvernement. "C'état la "Guerre froide"
rappelle Dominique Simonnot. "Entre la libération, quand ils étaient des
héros, et 1948, alors qu'ils sont communistes, la répression s'abat sur eux à
titre d'exemple."

Le ministre de l'Industrie de l'époque, Robert
Lacoste, a décidé de baisser leurs salaires. Ils ne l'acceptent pas et débutent
une grève de deux mois. "A la suite 
de quoi, ils sont envoyés en prison. Qui dit prison, dit perte d'emploi
et interdiction de les réembaucher dans toute la région. Ils ont alors erré
d'un abri de fortune à un autre. On leur envoie l'armée."
Et ce "on" ,
c'est un gouvernement socialiste qui envoie l'armée contre des grévistes
communistes.

C'est d'ailleurs de cette époque que vient le slogan
"CRS SS" et pas du tout de mai 1968. "Le temps n'était
pas loin où la Gestapo était venue arrêter les mineurs. Et la même scène s'est
reproduite en 1948 avec la police qui venait les chercher dans les mêmes
conditions,"
explique Dominique Simonnot.

En 1981, avec le retour de la gauche au pouvoir,
les mineurs pensaient que leur histoire serait réparée. Ils s'adressent aux
ministres socialistes. "Ils voulaient que leur licenciement soit
reconnu comme discriminatoire"
. Ils s'adressent à François Mitterrand qui était porte-parole du gouvernement en 1948. Dominique Simonnot
découvre d'ailleurs qu'il avait "félicité les troupes pour
leur calme. Il avertit que, face à des insurgés, la troupe avait l'autorisation
de tirer. Ils font pourtant confiance à François Mitterrand..."
Et
depuis trente ans, on les balade de ministère en ministère.

Le livre : "Plus noir dans la nuit" aux Editions
Calmann-Lévy

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