Fin de vie : "Il n'est pas possible qu'on arrive à une forme d'accord autour de ces situations", estime un membre du Comité consultatif national d’éthique

Invité, lundi, sur franceinfo, Régis Aubry réagit aux annonces d'Emmanuel Macron sur un projet de loi pour une "aide à mourir."
Article rédigé par franceinfo
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Accompagnement d'une personne en fin de vie dans une maison de retraite. (AURELIEN LAUDY / MAXPPP)

"Il n'est pas possible qu'on arrive à une forme d'accord autour de ces situations", affirme, lundi 11 mars, sur franceinfo le professeur Régis Aubry, médecin au CHU de Besançon et membre du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), interrogé sur la fin de vie. Après l'annonce par Emmanuel Macron d'un projet de loi en avril pour une "aide à mourir" très encadrée, l'Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD) parle d'un "strict minimum".

Le président de la République a fait cette annonce dans une interview à Libération et La Croix. Il "a dit qu'il y avait 67 millions d'avis différents autour de cette question [la fin de vie], c'est vrai", rappelle le professeur Régis Aubry. Pour lui, "il faut garder raison". Avec ce projet de loi, "on est dans une évolution probablement nécessaire, à la fois sur le développement des soins palliatifs et sur la prise en compte de situations rares, exceptionnelles où la demande d'aide active à mourir doit pouvoir être entendue".

"Une forme d'euphémisation un peu dangereuse"

"Nous ne l'avons pas assez dit, me semble-t-il, mais le corollaire de cette évolution du droit, c'est une augmentation inédite des moyens pour le développement des soins palliatifs", souligne-t-il. Dans le même projet de loi, "un milliard d'euros de plus" sur dix ans sont prévus pour ces soins, a indiqué le chef de l'État. "C'était la condition qui nous apparaissait essentielle, au CCNE, pour que le droit évoluant puisse garder un fondement éthique", pointe le professeur Régis Aubry.

Emmanuel Macron refuse d'employer les termes "suicide assisté" et "euthanasie" pour qualifier l'"aide à mourir" qu'il propose. "Je crois qu'il y a une forme d'euphémisation que je trouve personnellement un peu dangereuse. Je crois qu'il faut appeler un chat un chat", réagit le membre du Comité consultatif national d’éthique.

Pour lui, "la France ouvre la voie, comme le CCNE l'avait exprimé, à l'assistance au suicide avec, dans des situations encore plus exceptionnelles, lorsque le malade est en capacité d'exprimer une demande qui correspond à sa volonté, mais qu'il ne pourrait pas effectuer le geste, une possibilité d'assistance".

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