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Hervé Falciani, d'HSBC au fisc français

Ancien informaticien de la banque HSBC, Hervé Falciani avait divulgué, en 2008, des fichiers bancaires permettant de découvrir des milliers d'évadés fiscaux dans le monde. Invité de France Info ce matin, il revient sur cinq années de péripéties qui l'ont mené à aujourd'hui collaborer avec le fisc français. Il souhaite mettre ses connaissances au service de la lutte contre l'évasion fiscale, qu'il estime sur la bonne voie, en France. 
Article rédigé par Fabienne Sintes
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Entre 2008 et 2009, Hervé Falciani a fait sortir de chez HSBC ce que les médias ont appelé "la liste". Cette "liste", ce sont des milliers de noms qui fraudent le fisc et avaient un compte en Suisse. Transmis à la justice française, ces fichiers ont permis d'identifier 8.993 évadés fiscaux français et de rapatrier 1,2 milliard d'euros en 2010. 

Depuis, l'affaire Cahuzac a ébranlé la classe politique française, et une loi sur l'évasion fiscale était en second lecture au Sénat, mardi 8 octobre. Invité de France Info mercredi matin, Hervé Falciani a annoncé il y a quelques jours qu'il entamait une collaboration avec le fisc français, qu'il souhaite faire bénéficier de son "expertise " en la matière. 

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La France dans la bonne direction

"Dans les faits, les intentions sont tout autres aujourd'hui ", explique l'ancien informaticien d'HSBC, en comparant la présidence de François Hollande avec celle de Nicolas Sarkozy. "Actuellement, je trouve que ça va dans le bon
sens, on a effectivement besoin de coopération, et effectivement, on a besoin
que les administrations bancaires déclarent ce qu'elles font". 

Pour Hervé Falciani, l'essentiel est de garder les citoyens informés : "il faut en parler et garder cette démarche ", explique-t-il. "On est dans des situations où on doit briser des
murs pour qu'on prenne conscience de la chose
". 

Et briser des murs, cela passe pour lui par une collaboration avec le fisc français. L'ancien employé d'HSBC est revenu en France il y a trois mois, d'Espagne où il s'était réfugié un temps. Depuis, il affirme dans un entretien au Parisien s'être rendu "plusieurs fois à Bercy " depuis son retour. "On discute d'une feuille de route et on est conscients que c'est dans ce sens qu'on doit aller ". Même si, dit-il, "il ne ressortait rien " des premières réunions. 

Cinq ans de péripéties

En cinq ans, l'homme est donc passé de la banque HSBC au fisc français. Un retournement de situation qu'il explique ne pas du tout regretter. "L'histoire continue, moi j'amène ma contribution ", dit-il. Avec un objectif : celui d'apporter expertise dans les mécanismes bancaires pour aider à la France à contrôler l'évasion fiscale, sujet où elle n'est que très peu armée, selon lui. Cela devrait passer par de la prévention et du contrôle.

"L'évasion fiscale, ce sont des mécanismes et des opérations qui nous échappent (...). Il s'agit d'utiliser les mêmes mécanismes, mais pour contrôler les banques" (Hervé Falciani)

Même si cela signifie qu'il devrait vivre caché, puisqu'après des séjours dans le sud de la France et en Espagne, Hervé Falciani explique qu'il peut très bien repartir à tout moment. "C'est force de constater que les banques ne voulaient pas mettre les moyens pour le faire que j'ai dû aller faire acte de ça à l'extérieur, et cela m'a conduit à bien des péripéties ", raconte-t-il.

Pour rappel, la Suisse souhaite toujours son extradition, puisqu'elle a lancé un mandat d'arrêt international contre lui. 

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