Laure Heinich : "La justice rendue bâcle les gens"
Il y a ce prévenu qui se demande s'il doit mettre une cravate tandis que la procureure propose d'ôter ses talons. Il y a cet homme transformé en Cendrillon par la mégère dont il est éperdument amoureux, et qui finit par la poignarder. Il y a cette femme qui ne sait pas si elle est encore la mère d'un mort.
Avocat pénaliste, Laure Heinich tient également sur Rue89 une chronique intitulée "Derrière le barreau". Document, récit et profession de foi, son livre rappelle qu'entre effarement et compassion, douleur et révolte, un avocat doit avant tout conserver sa faculté de résistance et, finalement, sa liberté de déplaire.
"Ce qui m'étonne c'est la réaction des lecte urs qui sont effarés et qui découvrent que l'on n'a pas envie de finir dans un tribunal, " explique Laure Heinich. "La réaction des professionnels est différente. Ils me disent que je décris la justice telle qu'elle est, violente par essence, comme elle est rendue. "
Le juge devrait être là pour trancher, or souvent on a l'impression qu'il y a une confusion entre l'accusation et celui qui juge. "Il faut mettre un terme à cette confusion, ne serait-ce que pour les justiciables. "
Manque de temps
Les avocats ont rarement le temps de découvrir réellement leurs clients en raison d'un nombre de dossiers trop important. "Les gens sont jugés sans un témoin qui vient parler pour eux, sans que l'on puisse entendre quelqu'un, et on prend 20 minutes pour condamner des gens jusqu'à 10 ans de prison. On ne dit pas non plus que les juges commencent une audience à 13h30 et la termine à minuit. C'est dans ces conditions que la justice est rendue et effectivement elle bâcle les gens. "
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