Procès des viols de Mazan : Dominique Pelicot ne fait pas appel de sa condamnation
Dominique Pelicot ne fera pas appel. "Non, Dominique Pelicot a décidé de ne pas interjeter appel du verdict prononcé à son encontre", affirme lundi 30 décembre sur franceinfo Me Béatrice Zavarro, son avocate. Son client de 72 ans, condamné à la peine maximale de 20 ans de prison, dont deux tiers de sûreté, pour avoir drogué, violé et fait violer son ex-épouse Gisèle pendant dix ans, "ne comparaîtra pas devant la cour d'Assises d'appel, sauf si le parquet général décidait d'introduire un appel général".
"Il décide de ne pas faire appel, car il estime que ce serait une nouvelle épreuve et de nouveaux affrontements pour son épouse dont il a toujours indiqué dans les débats qu'elle n'était pas son adversaire, qu'elle n'avait jamais été son adversaire", poursuit Béatrice Zavarro. "Il n'a pas envie de la soumettre à ce qu'elle a appelé, à juste titre, une épreuve", ajoute-t-elle, précisant que Dominique Pelicot "considère aujourd'hui que judiciairement la page doit se tourner".
Me Béatrice Zavarro estime "préférable de jouer sur l'exécution de la peine et de se préoccuper de Dominique Pelicot, de son état de santé, de son âge" et "d'essayer d'obtenir de la justice un aménagement de peine", plutôt que de "courir le risque" de faire appel. "Tout cela est prématuré, mais on a la possibilité d'aller sur ce terrain-là, plutôt que de courir un risque inutile en appel avec tout ce que les débats peuvent proposer d'inconnu", précise l'avocate.
Un nouveau procès déjà annoncé
Malgré cette décision, un nouveau procès aura toutefois bien lieu, devant une cour d'assises composée d'un jury populaire : 17 des 50 coaccusés ont déjà interjeté appel du verdict prononcé par la cour criminelle d'Avignon dans le procès des viols de Mazan. Les 51 accusés ont jusqu'à lundi soir (minuit) pour interjeter appel. Le 19 décembre, au terme de près de quatre mois d'un procès symbole de la lutte contre les violences sexuelles faites aux femmes, cette cinquantaine d'hommes avait été condamnée à des peines allant de trois ans de prison dont deux avec sursis à 20 ans de réclusion criminelle.
Son client ne comparaîtra donc pas devant la cour d'assises d'appel, "sauf si le parquet général décidait d'introduire un appel général", alors que 17 des 49 autres accusés présents au procès ont déjà interjeté appel. "Si d'aventure, le parquet constatait que ce lundi soir, à la fin du délai d'appel, il y avait sensiblement 25 appels, je me pose la question de savoir si le débat serait pas plus cohérent avec la globalité des accusés à la barre, c'est une question que le parquet va se poser", explique Béatrice Zavarro.
"Pas peur" d'un nouveau procès
De son côté, Gisèle Pelicot n'a "pas peur" d'un nouveau procès et "elle y ferait face", avait déclaré le 20 décembre l'un de ses avocats, Stéphane Babonneau, sur France Inter. "En tout cas, elle n'en a pas peur. C'est-à-dire que, si cela devait se passer, elle nous a d'ores et déjà indiqué qu'elle y ferait face - si elle en a la santé, évidemment, puisque c'est une dame qui a aujourd'hui 72 ans. Mais en tout cas, ça ne lui fait pas peur, c'est ce qu'elle nous a indiqué", avait alors assuré l'avocat.
Interrogé sur l'état d'esprit de sa cliente à l'issue de ce procès emblématique des violences sexistes et sexuelles faites aux femmes, Stéphane Babonneau avait déclaré qu'"elle est très heureuse de rentrer chez elle. Elle est très soulagée". "Elle ne veut pas être vue comme une icône. Elle ne veut pas être vue comme quelqu'un d'extraordinaire. Et en réalité, c'est quelqu'un qui reste très simple et qui a décidé d'essayer de vivre sa vie de la manière la plus normale", a-t-il ajouté. "Ce qu'elle ne veut surtout pas, c'est que les autres victimes se disent que cette dame a une force qui est extraordinaire, moi, je ne pourrais pas faire ça", a-t-il insisté.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.