Réouverture de Notre-Dame : "On a redécouvert l'orgue qui reprenait son souffle", témoigne Thierry Escaich, organiste de la cathédrale
Dans l'auditorium de la Maison de la Radio et de la Musique, l'une des plus belles salles de concert de France, Thierry Escaich, répète un hymne événement. "À chaque grand événement dans l'histoire de France, depuis très longtemps, on commande un Te Deum. Et donc on m'a commandé, il y a déjà deux ans, un Te Deum pour orchestre, orgue et deux chœurs, qui sera joué à la fin des festivités de Notre-Dame", explique Thierry Escaich, un des quatre cotitulaires de l'orgue de Notre-Dame de Paris, lundi 2 décembre.
Un hymne inédit donc, et une fierté pour l'organiste qui couche encore sur papiers sa création. L'œuvre devrait être représentée pour la première fois le 12 juin 2025, chantée par le chœur de Notre-Dame dirigé par Henry Chalet et le chœur de Wroclaw en Pologne, jouée par l'orchestre de Francfort, et, à l'orgue bien sûr, par Thierry Escaich. "On a voulu que ce soit international", insiste l'organiste.
Notre-Dame reprend souffle
Depuis la reconstruction de Notre-Dame, suite à l'incendie d'avril 2019 qui avait ravagé toute une partie de la cathédrale, et en particulier la toiture, les quatre cotitulaires ont pu rejouer sur l'orgue. "Il y a eu un travail pendant trois ou quatre ans sur cet orgue. Et donc fin septembre, ce n'était pas encore terminé, ils étaient encore en train d'harmoniser chaque tuyau. Il y en a 8 000, ça prend du temps à restaurer, chaque nuit pour les harmoniser", confie-t-il. Une présence nocturne, car comment entendre, sinon, avec précision cet immense instrument, alors que plus de 750 personnes travaillent sur ce chantier gigantesque ?
"On s'est retrouvés à la tribune et on a redécouvert progressivement l'instrument qui reprenait son souffle. C'était très émouvant. "
Thierry Escaichfranceinfo
L'organiste ne tarit pas d'éloges sur cet orgue, unique au monde : "les flûtes de Notre-Dame sont connues dans le monde entier. On a essayé de retrouver cette couleur vraiment digne de Notre-Dame, ce côté un peu orchestral, caractéristique de cet orgue Magnificat". Si bien que l'organiste se considère lui-même comme un chef d’orchestre : "Vous allez pratiquement créer des sons, comme un synthétiseur le ferait. En fait, il faut allier tout ça ensemble. C'est vraiment un orchestre. On est des chefs d'orchestre".
Si l'instrument a pu "être blessé", Thierry Escaich, l'assure, l'orgue de tribune est en excellent état. Une chance que n'a pas eu l'orgue de chœur qui devra, lui, être reconstruit. "Une sorte de miracle" considère même le musicien, qui se sent très chanceux de pouvoir réveiller ce monument de la cathédrale. "Mon Notre-Dame à moi c'était un orgue d’un clavier quand j'avais 7 ans, et j'ai appris en autodidacte. Puis, après ça, ça été Saint Ignace à Paris, et Saint-Étienne-du-Mont pendant 27 ans. Et puis on m'a demandé de venir ici, et me voilà. Pour moi c'est une sorte de continuité de parcours", conclut l'organiste, accompagné par les mélodies de son instrument.
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