En Géorgie, "il y a malgré la répression une forme de libération pour les citoyens", témoigne un géopolotique depuis Tbilissi
En Géorgie, dans le Caucase, la mobilisation proeuropéenne ne faiblit pas. Encore mercredi 3 décembre au soir, des rassemblements à Tbilissi, la capitale, ont opposé police et manifestants. La police a notamment fait usage de canons à eau et de gaz lacrymogènes sur les manifestants.
À l’origine de la mobilisation, la présidente Salomé Nino Zourabichvili, proeuropéenne, avait contesté la validité des élections législatives du 26 octobre 2024, qui avait conduit à la victoire du parti prorusse Rêve géorgien, relevant des irrégularités le jour du vote. L'annonce du report des ambitions du pays à intégrer l'Union européenne à 2028, a ravivé la colère des opposants.
"Il y a une inquiétude qui est partagée, mais en même temps une forme de libération, aussi, pour beaucoup de citoyens géorgiens" témoigne Sébastien Couderc, franco-géorgien et analyste géopolitique indépendant, depuis Tbilissi. Sous le joug des intimidations de son voisin russe, le pays est aujourd'hui déchiré entre ses ambitions européennes et sa fidélité passée à la Russie. À mesure que les contestations s'amplifient, certains citoyens sont heureux de constater que l'opposition ne faiblit pas et que la rue se mobilise. "Il y a aussi une forme de rassemblement, de retour à une forme de communion", s'enthousiasme Sébastien Couderc.
Une forte répression
Un enthousiasme partagé par beaucoup de Géorgiens, mais qui n'enlève rien à la violence de la répression. "Je suis quasiment toutes les nuits dehors, avec les citoyens géorgiens. Certains ont été arrêtés hier soir. Une connaissance proche, qui est journaliste, a notamment été arrêtée. Ça, c'est le quotidien de beaucoup de gens", insiste l'analyse géopolitique.
"Ils prennent le risque de s'exposer chaque nuit, que ce soit en tant qu'étudiant, jeune femme, fonctionnaire ou même entrepreneur."
Sébastien Coudercfranceinfo
Pour beaucoup, la contestation géorgienne résonne avec la résistance ukrainienne face à Moscou. "Les Géorgiens étaient précurseurs, si l'on peut dire, malheureusement, avec l'invasion de 2008", rappelle-t-il toutefois. Encore aujourd'hui, "20% du pays est occupé par les Russes" si bien que "les troupes russes sont à 60 minutes de la capitale", poursuit-il. Une situation éprouvante pour le pays, et étouffante pour la plupart des Géorgiens. Inquiet, Sébastien Couderc s'interroge sur la capacité de Moscou à intervenir, alors que le pays est déjà bien engagé en Ukraine. Pour autant, l'analyste appelle à la vigilance : "Je ne doute pas de la détermination, de la préparation et des moyens mis en œuvre pour opérer une éventuelle stratégie russe. Jusqu'où pourront-ils aller ? C'est une autre question".
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