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Le journal de Cannes. Et finalement des applaudissements pour "Okja", du Sud-Coréen Bong Joon-ho

Le Festival de Cannes a fait la part belle, vendredi, aux films de genre avec "La Lune de Jupiter", qui choisit le genre fantastique pour aborder le thème des migrants, et "Okja" le gentil cochon génétiquement modifié, premier film Netflix en lice pour la Palme d'or.

Article rédigé par franceinfo, Thierry Fiorile - Edité par Cécile Mimaut
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
L'équipe du film "Okja" du réalisateur Sud-Coréen Bong Joon-ho, le 19 mai 2017. (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)

Le Festival de Cannes a fait la part belle vendredi aux films de genre, du fantastique à la farce, mais pour traiter des sujets sérieux. Deux films ont notamment marqué cette deuxième journée de la compétition, La Lune de Jupiter du Hongrois Kornél Mundruczó, et Okja , du Sud-Coréen Bong Joon-ho, premier film Netflix en lice pour la Palme d'or.

Les migrants à l'honneur dans La lune de Jupiter

Kornél Mundruczó sait parfaitement ce qu'on pense, ici, de la façon dont son pays traite les réfugiés. Ce n'est pas dans le traitement que font les médias de ce sujet qu'on en saisit la complexité, nous dit-il dans La lune de Jupiter, film très surprenant, qui choisit le genre fantastique pour ne pas tomber dans un manichéisme déjà vu.



Aryaan est un jeune migrant syrien qui, à peine passé la frontière hongroise, se fait cribler de balles par un policier, fidèle à l'image qu'on a de son pays. Miracle, il n'est pas mort et se met à léviter, tel un ange. Dans la très chrétienne Hongrie, il a une carte à jouer. C'est ce que se dit Stern, médecin ripou qui se fait de l'argent sur le dos des réfugiés. Stern s'occupe d'Aryaan pour faire du business mais il est de plus en plus touché par la dimension spirituelle de ce miracle. Qui est ce messager ? Que vient-il dire à cette société à la fois bigote et matérialiste qui traite les réfugiés comme des parias ?

Les images de lévitation, les courses-poursuites et les couleurs chaudes, tout le traitement cinématographique de ce thème cherche à surprendre et y parvient avec une belle dose d'humour. "On voudrait vraiment que ce film provoque tout ce qui est politiquement correct puis observer les réactions", explique Kornél Mundruczó. "On met en langage cinématographique le rapport au miracles, les séquences de lévitation - vous n'aviez jamais vu ça auparavant - pour se concentrer sur le sujet principal, mais après le film", souligne le réalisateur hongrois qui "espère vraiment que c'est un film sur les miracles et pas simplement un film qui reflète de façon réaliste un problème que nous avons tous en Europe".

Avec Okja, Bong Joon-ho repousse les limites du transgenre

Chaque film de Bong Joon-ho est un univers en soi. Après Barking dog, Mother ou encore Le transperce neige, le Coréen va encore plus loin dans le transgenre avec Okja. Ce qui est naturel pour lui nous apparaît comme incroyablement virtuose. Okja est une comédie loufoque, une farce, un "road movie", un film sur l'innoncence de l'enfance tout en traitant de sujets graves, la mal-bouffe, la condition animale et les ravages du libéralisme moderne.



Mais Okja c'est d'abord un nom, celui d'un énorme cochon aux allures d'hippopotame, créature d'une multinationale de l'agro-alimentaire en mal de respectabilité. La patronne, Tilda Swinton, dans une performance qu'elle seule peut réussir, place des spécimens en fait transgéniques dans des élevages traditionnels en vue d'un concours mondial. Mais Mija, petite fille intrépide qui vit une belle amitié avec Okja dans la montagne coréenne, va tout faire pour libérer son animal, aidée par une bande d'acitivistes écolos.

Tout ici est prétexte à la dérision pour mieux servir le propos. Bong Joon-ho, acclamé en projection, fait rire, pleurer, ou pas, réfléchir, oui, sans moralisme. Il se moque aussi de son commando de défenseurs de la cause animale. "J'aime leurs idéaux, leurs actions partent d'une bonne intention mais ce sont des êtres humains d'abord, donc ils ne sont pas parfaits, ils ont des paradoxes en disant par exemple qu'ils ne vont rien faire avec de la violence alors que finalement ils sont en train de se battre. C'est quelque chose qui est réaliste. En tout cas, mon but était que le public voit ces cinq personnages comme des personnages assez mignons", explique le réalisateur coréen. Mais Okja ne sortira pas en salles en France, c'est un film Netflix, sujet déjà largement traité ici-même.

Du côté de la Quinzaine des Réalisateurs

Loin de l'univers impitoyable des paleformes numériques, Philippe Garrel présente L'amant d'un jour à la Quinzaine des Réalisateurs. Pour lui, la cohabitation entre films commerciaux et films d'auteur à Cannes n'est pas dérangeante. Elle est même souhaitable. "A l'intérieur de cette foire, il y a quand même un endroit où il y a des vrais amoureux du cinéma. Je pense que ces deux mondes cohabitent assez bien et se supportent l'un l'autre. De toutes façons, on ne pourrait pas faire nos films si dans les laboratoires et pour les caméras il n'y avait pas le cinéma commercial", nous dit Philippe Garrel, dont le film sortira en salles le 31 mai.

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