Dominique Kalifa : "L’Atlas du Crime à Paris"
Comment établir l’identité criminelle de Paris sur le long terme ? La ville fait-elle vraiment corps avec les larrons de la Cour des miracles, avec les "escarpes" de la monarchie de Juillet, avec les "apaches" de la Belle Époque, les souteneurs corses des années 1930 ou les jeunes racailles des cités ? L’enquête débute au milieu du Moyen Âge et s’achève dans notre contemporain immédiat. La notion de "crime" y a été prise en extension : agressions, atteintes aux biens et aux personnes y sont considérées, sans anachronisme, dans leurs définitions historiques, et élargies aussi à certaines formes de "transgressions" (vagabondage, mendicité, prostitution, homosexualités) associées à certains moments de l’histoire à l’univers criminel.
La courbe des homicides est en constante décrue depuis la première moitié du XIXe siècle
À la régression des conduites violentes s’oppose l’inépuisable massif des prédations et des atteintes aux biens accompagnant l’insertion dans une société qui s’enrichit malgré tout. Ce rapport à la délinquance s’inscrit clairement dans l’espace. Ville populaire, ville ouvrière, Paris a longtemps été une fourmilière où le vol, l’altercation ou la rixe étaient monnaie courante. Les mutations sociologiques contemporaines ont profondément infléchi cette réalité. Le départ des classes populaires et la relégation dans les banlieues lointaines des franges les plus vulnérables ont fait surgir une autre géographie. La dangerosité a migré vers des "quartiers" qui connaissent à leur tour des explosions de violence et versent parfois dans l’émeute. Tandis que la courbe des homicides est en constante décrue depuis la première moitié du XIXe siècle en dépit de quelques soubresauts ponctuels, voyous et criminels parisiens à l’ancienne, par un étonnant retour des choses, sont devenus des figures familières de l’imagerie urbaine. Mais Paris, un certain Paris populaire, est au cœur d’un imaginaire "des plaisirs et du crime" qui semble résister au temps. Rien ne dit que ce Paris-là fut plus criminel que Marseille, Londres ou Chicago. Mais tout confirme que le crime et la délinquance y connurent un destin particulier, que cet Atlas invite à découvrir.
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