Aliocha Schneider : "Ce que j'essaie de faire avec une chanson, c'est d'encapsuler un sentiment"
Aliocha Schneider est un auteur, compositeur, interprète et acteur canadien. Son titre en duo avec Charlotte Cardin, Ensemble a été adopté par le public en 2023. De ses premiers cours de chant à l'âge de 10 ans et l'apprentissage de la guitare à 13 ans, à aujourd’hui, il a grandi, affiné ses textes et même son écriture. Un mélange de chroniques du quotidien, de poésie, de lâcher prise aussi sur les sentiments amoureux. Il y a peu, Aliocha Schneider a sorti une réédition Deluxe de son premier album en français, enrichi de quatre inédits. C'est une immersion totale dans l'océan des amoureux. Il sera en concert en France dès le 5 février 2025 avec un passage à la Salle Pleyel le 2 avril.
franceinfo : C’est Cédric Klapisch qui vous a révélé avec sa série Salade grecque en 2023. Il avait décelé en vous cette capacité à nous raconter des histoires qui, dès la première écoute, deviennent nôtres. N'est-ce pas votre plus grande force d'ailleurs ?
Aliocha Schneider : Ce que j'essaie de faire effectivement avec une chanson, c'est d'encapsuler un sentiment, avec un esprit de synthèse.
C'est en Grèce que vous avez composé et écrit la plupart des titres. C'est important le lieu ? Cela raconte aussi pourquoi ces chansons vont dans cet espace ?
En tout cas, à ce moment-là, j'avais envie de le raconter. Cela avait une importance dans mon histoire parce que je ressentais cette espèce de double sentiment. Je travaillais avec Klapisch, avec des gens formidables, j'étais au soleil et ça m'a énormément inspiré. Je voulais vraiment qu'on l'entende sur ces chansons. Mais à la fois, j'étais loin de mon amoureuse, loin des gens que j'aime.
"Au moment d'écrire l’album, j’étais dans un contexte fabuleux, mais j'avais un peu le mal d'amour, le mal du pays donc c'est une espèce de summertime sadness."
Aliocha Schneiderà franceinfo
Faut-il, de temps en temps, avoir mal pour écrire mieux ?
Je crois qu'il faut de la tension parce qu’il y a quelque chose de thérapeutique. J'ai un besoin d'exprimer quelque chose et ça peut être des grandes joies. Mais c'est vrai que ce qui m'inspire beaucoup, c'est quand il y a de la tension. Après de la pure tristesse, ça ne m'intéresse pas non plus et la pure mélancolie, c'est toujours quand des forces se confrontent.
Il y a un lien très fort entre vous et votre frère aîné qui s'est scellé par le biais de la musique. À quel âge avez-vous compris que la musique était votre plus grand moyen de communication ?
C'est difficile, effectivement. J'ai perdu mon frère aîné quand j'avais 10 ans, il en avait 17. Le lien que j'avais avec lui, c'était la musique. Il m'a offert mes premiers disques, il me montrait la marche à suivre et lui-même chantait, jouait de la guitare. Après son accident, cela a été pour moi une façon de rester connecté avec lui. C'est ainsi que ça a commencé et j'en parle d'ailleurs beaucoup dans mes chansons, mais je le transforme souvent en chanson d'amour. Encore une fois, je n'ai jamais eu envie, peut-être par pudeur, d'être trop frontal par rapport à ça, mis à part sur une chanson de la reddition qui s'appelle La chambre dans laquelle j'en parle.
Quand on connaît cette histoire, on comprend qu'il n'est pas loin.
Parce qu'il y a un rapport direct avec ça. En tout cas ça a été le point de départ. Après, j'ai forcément eu envie de parler d'autres choses. On ne peut pas faire toute une discographie sur un sujet. J'avais aussi envie de parler d'autre chose, mais ça a été le point de départ.
C'est très intime quand on vous écoute. On a l'impression d'être en tête-à-tête avec vous. C'est aussi avec cette subtilité-là que vous vous exprimez, que vous interprétez vos titres. Quel rapport entretenez-vous avec votre voix ?
C'est drôle, ma voix, je ne l'ai travaillée que récemment. Enfin, j'ai commencé à prendre des cours de chant très tôt et puis, j'ai arrêté du jour au lendemain parce que j'associais le fait de bien chanter à quelque chose de très pop, de très vocal, alors que les artistes que j'admirais comme Bob Dylan ou Gainsbourg, aucun n'était un chanteur à voix. En réalité, j'avais tort parce que c'est important de travailler sa voix et après on peut en faire ce qu'on veut.
"J’ai travaillé ma voix sur le tard et il y a une petite différence en français, je la trouve encore plus proche de ma voix parlée. La voix en anglais est un peu différente."
Aliocha Schneiderà franceinfo
Là, vous avez fait tomber la carapace, l'armure pour chanter en français. Le déclic c'est la pandémie. À ce moment-là, vous vous êtes dit, je vais essayer un exercice, je vais m'amuser à traduire une de mes chansons en français. Vous avez senti que ça fonctionnait et que c'était fait pour vous ?
Oui, complètement. J'en avais le désir depuis longtemps, mais il a fallu la pandémie et toute ma tournée annulée. Il ne se passait rien avec ce deuxième album qui est mort dans l'œuf et pour le faire vivre, j'ai décidé de traduire une des chansons en français. J'avais peur de ne pas respecter mon univers, mais là comme je traduisais une chanson, je ne risquais pas d'aller très loin. J'ai trouvé que ça fonctionnait et quelque part, j'avais aussi quelque chose d'encore plus singulier. Tout d'un coup on parlait plus des textes, alors qu’ils ont toujours été très importants pour moi. En français, je ne sais pas pourquoi, les gens écoutent plus les textes. À partir de là, je me suis dit d'accord, ça me ressemble, le prochain disque sera en français.
Que représente cet album alors ?
Pour moi, c'est vraiment la continuité de cet album. Ensemble avec Charlotte Cardin, c'était une évidence. On a réarrangé le morceau, c'est vraiment une vraie nouvelle version en duo avec elle. Il y a Les Anges, une autre chanson que j'aime beaucoup, un peu sur le même thème de ces amours qui s'étiolent. C'était un album assez court finalement, avec dix chansons donc de l'étoffer jusqu'à 14 chansons, ça prend tout son sens.
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