"C'est mon disque le plus intime et le plus personnel, le plus direct" : Raphaël en mode "Haute fidélité"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, l’auteur, chanteur et écrivain Raphaël.
Les Français ont découvert et adopté Raphaël avec des titres devenus les leurs, c'est aussi sa force, comme Sur la route avec Jean-Louis Aubert, Caravane, Dans 150 ans, Schengen. En tant qu'écrivain, il a reçu le prix Goncourt de la nouvelle en 2017 pour son recueil Retourner à la mer (Gallimard). Aujourd'hui, il sort son neuvième album: Haute fidélité. Un album personnel mais pas confidentiel.
franceinfo : Haute fidélité, est un disque dépourvu de tout apparat superficiel, une mise à nu. C'est vous?
Raphaël : C'est moi, exactement. C'est vrai, il est très intime, très brut.
On comprend davantage qui vous êtes à travers cet ouvrage, on comprend pourquoi c'est si solide dans l'écriture, dans les mots, dans le choix des mots. On pense à Christophe quand on écoute ce disque, à Bashung, à celles et ceux qui vous ont fait grandir, qui vous ont donné envie aussi.
C'est vrai, comme si je faisais partie d'une tradition, Christophe, Bashung ou plein d'autres chanteurs, Brassens et ce, très modestement. Comme si, dans cette époque, on continuait leur travail. Ce n'est pas tellement une histoire d'exigence, parce qu'on fait ce qu'on est en soi. Je pense que quelqu'un qui fait un disque qu'on ne juge pas exigeant parce qu'on trouve ça complaisant, lui, quand il le fait, il ne pense pas : "Là, je vais faire un truc vraiment dégueulasse et super-complaisant pour me faire un peu de fric", personne ne pense comme ça, on fait ce qu'on a en soi et parfois, c'est un peu de la chantilly et parfois, c'est plus dur.
Quel est le premier déclic amoureux pour la musique ?
C'est Bowie quand j'étais petit. Il y avait Christophe avec Aline, les tubes du Top 50, Talk Talk avec Such a shame, c'était une révélation. A l'époque, Bowie, c'était vraiment la superstar mondiale. J'étais comme tous les gosses de cette époque, très impressionné. Ensuite, j'ai découvert sa musique et après, je l'ai toujours aimé. C'est vraiment quelqu'un qui était très libre, très marrant. Maintenant, c'est une autre époque, mais c'est encore un peu la mienne.
Est-ce que, par moments, vous avez perdu pied, douté ?
Oui. Ça m'est arrivé très souvent. De douter, de perdre pied, d'être paumé, de ne pas savoir. Après, c'est très agréable parce que souvent, on met ses doutes dans des disques, dans les choses qu'on fabrique. Après quand on est en promo, c'est joyeux parce qu'on livre enfin un travail et c'est une fête. Moi, je me réjouis qu'on en parle ensemble, on oublie tous ses doutes. C'est comme quand on était malade avec une grippe, alors on l'oublie et on ressort, on est heureux.
Le train du soir est une chanson que vous interprétez avec Pomme. Il y a une autre belle collaboration avec Clara Luciani : Si tu pars ne dis rien. Vous avez vraiment été chercher deux artistes qui sont très emblématiques aujourd'hui, qui ont du caractère.
Clara Luciani et Pomme, les deux artistes de l'année! J'ai un certain instinct ! Je les adore.
Raphaëlà franceinfo
J'ai travaillé avec Clara, elle était dans mon groupe à une époque et l'été où j'ai travaillé sur le disque, je l'ai appelée, on s'est vus et on a passé deux soirées ensemble à écrire cette chanson. C'est une amie. On s'est retrouvés, on fume des clopes et on boit du vin et on fait une chanson. C'est très naturel. Pomme, je la connaissais moins, j'étais très impressionné par son originalité. Elle est tellement particulière et tellement étonnante. J'étais très heureux. Je suis très content de pouvoir chanter avec ces deux chanteuses incroyables. Et puis avec Feu! Chatterton aussi. Je suis très bien entouré !
Vous avez une énorme pudeur que vous conservez, même si vous vous ouvrez dans ce disque encore un peu plus. Comment avez-vous vécu ce succès ?
C'était super. C'était délicieux d'avoir un très grand succès populaire pendant un an ou deux. C'était les plus grosses ventes de disques dans un pays, les gens vous aiment, on vous arrête partout dans la rue. J'étais un jeune homme, j'avais moins de 30 ans. C'était magnifique. C'était très gracieux.
Je ne me suis jamais senti prisonnier du succès et dès le disque d'après, j'ai essayé de faire autre chose.
Raphaëlà franceinfo
On fait des chansons, il y a des moments où les gens vous retrouvent, vous aiment, des moments moins. Ce qui compte, c'est d'être là et d'être vivant.
Avec le recul de toutes ces années, que représente Caravane dans votre parcours ?
C'est un beau disque et c'est parce qu'il a rencontré ce succès que je l'aime tellement. Mais les choses qui ont marché comme ça, on les aime aussi parce que on a envie d'aimer les mêmes choses que les autres. Ça rapproche. Je les ai jouées sur scène et je vis bien avec, ce sont des compagnons que je retrouve de temps en temps. Je les adore.
Que représente pour vous ce nouvel album Haute fidélité ?
C'est un disque amoureux. Douze chansons d'amour. C'est mon disque le plus intime et le plus personnel. Le plus direct, en tous cas, je l'aime beaucoup. Ça déchire !
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