"C'était impossible de ne pas revenir sur les planches" : Clotilde Courau remonte sur scène dans la pièce "Une situation délicate"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Jeudi 26 septembre 2024 : la comédienne Clotilde Courau. Elle est de retour sur les planches avec la pièce "Une situation délicate", au Théâtre des Nouveautés à Paris.
Article rédigé par Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 12 min
La comédienne Clothilde Coureau, au 76e festival de Cannes, le 23 mai 2023. (GUILLAUME HORCAJUELO / EPA / MAXPPP)

Depuis son plus jeune âge, Clotilde Courau rêve de jouer, de devenir comédienne au point d'abandonner ses études à 16 ans pour suivre des cours de théâtre et de rejoindre Francis Huster dans sa compagnie. Rapidement, le cinéma lui a fait les yeux doux. Le premier à lui avoir fait confiance, c'est Jacques Doillon, dans le film Le Petit criminel, en 1990. Son rôle de Nathalie lui a valu de recevoir le prix de la meilleure actrice au Festival international du film de Berlin, la Berlinale, et d'être nommée au César du meilleur espoir féminin. Élisa de Jean Becker, en 1995 pour lequel elle a reçu le prix Suzanne Bianchi, L'Ombre des femmes de Philippe Garrel en 2015 ou encore L'été dernier de Catherine Breillat en 2023, font partie de la longue liste de films dans lesquels elle a joué.

Clotilde Courau aime aussi être sur les planches et dès jeudi soir, elle sera sur scène aux côtés de Max Boublil et de Gérard Darmon dans la pièce Une situation délicate, adaptée de l'œuvre d'Alan Ayckbourn au Théâtre des Nouveautés à Paris.

franceinfo : Une situation délicate, c'est l'histoire de Nicolas qui souhaite s'unir à Julie, mais pour lui dire oui, il faut qu'elle réussisse à rompre avec son amant de 20 ans son aîné, qui est lui-même est marié à Marianne que vous incarnez, une femme trompée. C'est une comédie. Ça vous plaît de rire et de provoquer le rire ?

Clotilde Courau : Oui, j'aime et j'ai appris dans tout ce parcours, dans les chutes aussi qui ont été les miennes que ce qui me plaît, c'est l'excellence et que l'excellence est partout. Et que ce soit dans un drame ou que ce soit dans un boulevard, que ce soit dans de la poésie, j'aime tout, j'aime vraiment tout. Et particulièrement les auteurs, les comédiens, les réalisateurs.

"J'aime ce métier parce que c'est un métier qui est avant tout collectif."

Clotilde Courau

à franceinfo

Une situation délicate, c'est effectivement ce moment où on est un peu en osmose avec le public. C'est du boulevard. L'idée, c'est d'avoir un échange de rires, de moments de détente avec le public.

C'est un immense plaisir que d'entendre le public rire. C'est un grand bonheur que d'avoir des partenaires comme Gérard et comme Max qui ont vraiment ce qu'on appelle le tempo et le groove. Parce que vraiment, dans la comédie, c'est une question de tempo, ce qui n'est pas le drame. Et d'ailleurs dans la salle, autant quand on joue du drame, on sent un silence, autant quand on joue un boulevard ou une comédie, le rire tombe pile. C'est vraiment du tempo. Et c'est tellement grandiose que de vivre ça avec le public, c'est tellement extraordinaire que c'était impossible de ne pas revenir sur les planches.

Plus jeune, l'école n'était pas votre truc. Votre mère vous aide. C'est vous qui trouvez le chemin ou pas ? C'est vous qui trouvez ce que vous souhaitez faire ou elle vous aide ?

C'est ma sœur. Je pense qu'on lui avait recommandé de faire du théâtre parce que c'est vrai que le théâtre devrait être inscrit dans toutes les écoles parce que cela permettrait aux personnes, aux enfants, aux adolescents d'exprimer des choses. Ma sœur, on avait dû lui recommander le théâtre pour pouvoir s'exprimer. Elle m'a dit : "Viens avec moi", genre, je me défile, mais pour toi ça va te faire du bien. Et j'ai découvert quelque chose qui m'a effectivement tenu.

"Le théâtre m'a tenu dans cette adolescence extrêmement compliquée où je me cognais littéralement aux murs et où je ne savais pas où j'allais."

Clotilde Courau

à franceinfo

Vous semblez avoir eu pendant très longtemps un problème de "légitimité". D'ailleurs, quand on regarde un peu votre parcours, il y a eu les cours Florent, le cours Simon, des ateliers, comme si vous aviez eu besoin d'aller chercher cette légitimité.

C'est le problème de l'autodidacte. À un moment donné, quand vous avez raté le parcours, on va dire classique des études, vous êtes un peu une brebis galeuse. Et ça aussi, c'est une chose à laquelle on devrait travailler, sociétalement parlant. C'est vraiment arrêter de penser que ceux qui font des études ont une légitimité, un sérieux, et que ceux qui n'en font pas ou prennent des chemins de traverse sont finalement intéressants, mais ils vont vraiment devoir batailler tellement durement pour pouvoir avoir cette légitimité.

Vous êtes signataires du Collectif 50/50 pour que les hommes et les femmes, la diversité, puisse être incorporée.

L'altérité, l'égalité des salaires, tout ce mouvement qui existe en ce moment et qui est formidable. Qui passe parfois par des choses extrêmes, mais qui font que les choses avancent. Là, j'ai commencé un tournage, c'est la première fois que j'ai travaillé avec une coordinatrice d'intimité. Moi, je ne fais pas partie de cette génération et j'ai trouvé ça extraordinaire.

Vous avez toujours tenté des aventures totalement différentes, Embrassez qui vous voudrez de et avec Michel Blanc en 2002, mais aussi Tous les soleils de Philippe Claudel en 2011 ou encore L'Ombre des femmes. Est-ce qu'avoir mille vies, c'est ce que vous procure le cinéma ?

Déjà dans mon enfance, je crois que j'ai eu mille vies. Quand vous êtes très jeune, au Bénin, ancien Dahomey qui est en train de vivre sa révolution, que vous passez par le coup d'État, que vous revenez en France, que vous habitez dans un certain endroit, on vous met dans les meilleures écoles, vous passez dans un autre quartier. Tout ça est mille vies quelque part, ce sont déjà 1000 vies. Après, j'ai un peu appuyé dessus. Le mille vies finalement me convient bien. Tous les films que vous citez sont quand même des artistes, des auteurs, ce sont mille vies, mais finalement toujours avec la même rigueur, la même volonté d'interroger le monde, de raconter le monde. Ce sont mille vies, mais en fait ce n'en est qu'une.

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