"Ça a donné un sens à ma vie" : Alain Robert, 47 ans d’escalade à mains nues
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, le "french Spiderman", Alain Robert.
Alain Robert est le "french Spiderman", un grimpeur de haut niveau puisqu'il maîtrise deux spécialités : l'escalade rocheuse en solo intégral sans corde et l'escalade d'immeubles, de gratte-ciel ou de monuments exceptionnels en solo intégral également et à mains nues.
Il habite désormais à Bali avec sa femme et ses quatre enfants, et se trouve en France actuellement pour une tournée intitulée Ascension, 15 dates dans 15 villes de France. Alain Robert part à la rencontre du public après la projection du film documentaire My Next Challenge, primé et récompensé à New York et à Tokyo en 2020.
franceinfo : Dans ce film My Next Challenge, on vous découvre ou plutôt vos exploits qui donnent le vertige. L'homme-araignée que vous êtes tisse sa toile depuis des années. Quel effet ça fait de vous retrouver, vous, sur la toile ?
Alain Robert : C'est sympa. C'est un sens que j'ai donné à ma vie. J'ai commencé à grimper en 1975. C'est la façon dont je fonctionne. Tous les jours, j'ai envie de grimper, je m'entraîne régulièrement et puis je grimpe des gratte-ciel, des falaises, des montagnes, c'est comme ça que je vis.
Ça veut dire que depuis que vous êtes tout petit, vous avez toujours eu ce besoin de vivre l'ascension ?
Je voulais être courageux. Et puis, j'ai vu un film tiré d'un roman d'Henri Troyat, La neige en deuil. C'est l'histoire d'un avion qui s'écrase près du sommet du Mont-Blanc et de deux frères, guides de haute-montagne qui décident de grimper une grande face rocheuse avec de la glace. Ça a m'a vraiment inspiré.
"Quand j’ai vu le film ‘La neige en deuil’, je me suis dit quand tu seras plus grand, il faut que tu deviennes un grimpeur."
Alain Robertà franceinfo
C'est assez rare comme rêve d'enfant !
Même si c'est assez rare, c'est tant mieux parce que ça a donné un sens à ma vie qui est fabuleux. Ça fait 47 ans maintenant que je fais de l'escalade. J'en ai fait mon métier. C'est extraordinaire de vivre de sa passion, de voyager, d'être confronté à d'autres cultures, à d'autres façons de penser, des paysages différents. Parcourir le monde, en fait. C'est génial.
My Next Challenge raconte ce parcours et qui vous êtes.
C'est un portrait relativement intime tourné en partie à Bali et aux Philippines, avec des images d'archives exceptionnelles un peu partout dans le monde.
Vous avez commencé sur les falaises du Vercors et de l'Ardèche. Très vite, vous passez au solo intégral. Je voudrais qu'on parle de la difficulté de cet exercice. C'est un style d'escalade libre en solitaire, pour lequel le grimpeur n'utilise aucun système d'assurage, se fiant uniquement à sa capacité à ne pas chuter. C'est complètement abstrait !
"Les journalistes m'ont souvent demandé pourquoi je grimpais sans corde et je leur ai répondu que moi j'aime l'engagement."
Alain Robertà franceinfo
C'est tout l'idée. Ce qui m'intéresse, c'est d'être confronté à quelque chose dans laquelle il y a une forme de danger et d'être capable de se surpasser physiquement, de vaincre l'obstacle. Et si on n'y arrive pas, c'est la punition suprême.
Vous avez fait de grosses chutes dont une avec six jours de coma. Il y eu des séquelles ?
Sept, mais il y en a une où en effet, il y a eu des séquelles plus importantes de sorte que la COTOREP m'avait trouvé 66% d'invalidité.
Vous êtes un peu un hors-la-loi puisque vous avez fait de nombreux séjours en prison après avoir décidé de vous attaquer à des monuments sans autorisation. Ça ne vous fait pas peur ?
Pas spécialement et puis vous savez, les héros de mon enfance étaient aussi des hors-la-loi, Robin des bois, Zorro. En fait, je m'y retrouve. C'est une façon d'être un "gentil hors-la-loi". Je ne pense pas être un problème aux yeux de la société d'aujourd'hui.
Parmi vos exploits les plus marquants, il y a le Burj Khalifa à Dubaï, avec ses 828 mètres réalisé en six heures. Il y a la tour First à Paris, 231 mètres, la tour Eiffel aussi. Cela vous a permis d'ailleurs d'être inscrit au Guinness Book des records. Vous avez déjà touché du doigt vos rêves alors comment faites-vous pour continuer à vous motiver ?
Même après 47 ans d'escalade, je continue de l'aimer, de grimper, de parcourir le monde, donc je n'ai pas l'impression de faire un travail. Je réalise un rêve de gosse. C'est déjà génial d'avoir pu vivre d'une façon aussi fabuleuse jusqu'à 60 ans et j'espère que ça va durer encore 10, 20, 30 ans.
Homme heureux aujourd'hui ?
Personnellement, je suis complètement satisfait. Même si ma vie s'arrêtait demain... Il ne faut pas parce qu'en fait, j'ai un enfant de sept ans, mais en tout cas, je suis très content de tout ce que j'ai pu vivre et puis, j'ai eu un parcours déjà extraordinaire.
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