"Ça fait du bien de faire les choses seulement par passion", estime Camille Razat, l'actrice révélée par la série Emily in Paris

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Mercredi 20 novembre 2024 : la comédienne et productrice Camille Razat. Elle est à l'affiche du film "Prodigieuses" de Frédéric et Valentin Potier qui sort mercredi 20 novembre.
Article rédigé par franceinfo, Elodie Suigo
Radio France
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Temps de lecture : 7min
L'actrice française Camille Razat pose lors d'un photocall à l'occasion du lancement de la deuxième partie de la série télévisée « Emily in Paris Saison 4 » à la Samaritaine à Paris, le 12 septembre 2024. (THOMAS SAMSON / AFP)

C'est par le mannequinat que Camille Razat a été propulsée sur le devant de la scène avant de faire ses premiers pas en tant qu'actrice à la télévision dans la série Disparue sur France 2. Elle passe ensuite par le théâtre avant d'être révélée dans le monde entier à travers la série Netflix Emily in Paris dans laquelle elle incarne Camille. Un rôle qui lui permet de devenir l'ambassadrice d'une grande marque d'un groupe leader dans le domaine de la beauté. Depuis deux ans, elle a créé sa maison de production dans un élan d'indépendance, un acte très important pour elle. Aujourd'hui, elle est à l'affiche du film Prodigieuses de Frédéric et Valentin Potier. Un film inspiré de la vraie histoire des jumelles Audrey et Diane Pleynet rebaptisées les sœurs Vallois.

franceinfo : Dans Prodigieuses, vous jouez le rôle de Claire Vallois. Des deux, c'est la plus rebelle. Racontez-nous le parcours de ces sœurs. Elles ont eu un parcours extraordinaire.

Camille Razat : Tout à fait. Audrey et Jeanne Pleynet étaient en passe de devenir d'immenses pianistes dans le monde entier. Et puis finalement, la vie les a rattrapées. Elles ont eu cette maladie qui est encore aujourd'hui incurable. Pour vous donner une idée, avec cette maladie orpheline, à 20 ans, elles ont les os d'une personne de 75 ans donc c'est extrêmement limitant pour leur carrière. Malgré tout, elles persistent. Elles se disent : "on ne sera peut-être pas les meilleures, mais en tout cas, c'est notre passion, on ne peut pas vivre sans" et donc elles vont persévérer et développer une technique à quatre mains où elles se partagent les partitions, et dont elles seules ont le secret.

Ce qui est fou, c'est que leur père les poussait vraiment, au point, par moments, d'être presque écœurées. C'est d'ailleurs ce qui est au cœur du film. Et en même temps, cette transmission-là, cette abnégation donnée et obligée par le biais du père, va leur permettre de devenir aussi fortes et de développer cette technique plus tard.

Oui c'est très juste. Effectivement le père est très poussif et il y a comme une espèce de jeu miroir, c'est-à-dire qu'il s'accomplit à travers elles parce que lui-même était un grand apnéiste. En fait, il s'est blessé et n'a pas pu aller au bout de sa passion en étant le meilleur de sa discipline et donc il répercute un peu cela sur ses filles. Finalement, ça reste dans un côté bienveillant, bien qu'effectivement très poussif, mais c'est ce qui les a aussi rendues aussi fortes mentalement et leur a permis de dépasser la maladie et pouvoir tout de même être de grandes pianistes.

Enfant, que vous ont transmis vos parents ?

C'est marrant parce que mon père n'était pas tyrannique à ce point non plus, mais il était assez poussif dans le domaine du sport aussi. J'étais assez douée, alors, il me poussait, et ma mère m'emmenait partout. J'ai donc beaucoup de miroirs dans ce film. Le dépassement de soi, c'est quelque chose qui me parle. La passion aussi, je suis quelqu'un de très passionné quand j'entreprends quelque chose.

"Mon moteur, c'est la passion... Et la peur. Je vais là où j'ai peur parce que je me dis que c'est là où il faut aller."

Camille Razat

à franceinfo

N'êtes-vous pas un peu trop perfectionniste par moments ?

Si, complètement, je suis très perfectionniste.

Ce que je veux dire, c'est que quand on est perfectionniste, on en oublie parfois de se faire du bien à soi-même. Arrivez-vous à profiter des instants ?

C'est aussi pour ça que j'ai monté ma maison de production, parce que j'avais besoin d'entretenir la flamme, la passion, mais dans quelque chose de sain et de collectif. Le métier que je fais : être comédienne, c'est quand même attendre que son téléphone sonne, etc. Donc tout ça est assez solitaire finalement. Et moi, j'aime tellement la dimension du collectif que c'est pour ça que j'ai monté Tazar, et ça alimente la passion. Et là, on se met à raconter des histoires qu'on a vraiment envie de raconter et avec des gens qu'on aime.

N'est-ce pas aussi une question de choix ?

Si c'est une question de choix.

"Les 'non' sont plus importants que les 'oui' et je dis souvent 'non'."

Camille Razat

à franceinfo

Est-ce que justement pour Emily in Paris, ça a été une évidence qu'il fallait dire 'oui' ?

Pour Emily, il y avait quand même quelque chose où dès le départ, j'ai su que c'était Darren Star, le créateur de Sex and the City, Beverly Hills 90210. C'était très impressionnant parce que moi j'avais adoré ces séries et je m'étais dit : ça aura forcément un impact à un endroit, mais je n'imaginais pas du tout ce truc-là. Maintenant, moi je crois beaucoup au destin et au karma. Et c'est vrai que le personnage s'appelait Camille et mon deuxième prénom c'est Émilie. Donc là quand même, je me suis dit bon, il y a des petits signes qui font que potentiellement je devrais l'accepter et puis être prise surtout car il y avait beaucoup de tours d'audition.

La première fois que vous êtes apparue, c'était dans Disparue sur France 2, vous jouiez le rôle de la disparue. Et quand on regarde bien, vous avez été obligée de disparaître pour naître. Il y a quelque chose qui interpelle de toute manière. Est-ce que vous l'avez toujours ressenti ça ?

Je ne sais pas. Plus jeune, c'est peut-être bête mais, j'ai toujours ressenti que quelque chose m'attendait. Au début, je pensais que ce serait dans le mannequinat puis très vite, j'ai compris que je n'allais pas être 100 % heureuse car il me manquait des choses intellectuelles quand même au bout d'un moment. Je savais qu'il fallait que je m'ouvre à d'autres choses. Au début, c'était le journalisme, ça a été plein de choses. J'ai toujours été passionné par plein de choses, par la photo, par la mode, par le jeu vidéo. J'ai toujours senti que oui, je ferais peut-être un métier d'image, mais c'était inconscient.

Prodigieuses est actuellement au cinéma. C'est un film tourné vers l'espoir et le fait qu'il ne faut jamais rien lâcher.

Oui et c'est aussi un film grand public, vraiment. À travers les multiples avant-premières, le public allait de 7 à 75 ans, voire plus. C'était très chouette. C'est vraiment un film familial qui effectivement est un beau message dans une société où on nous demande toujours d'être en compétition et les meilleurs. Ça fait du bien de faire les choses seulement par passion.

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