Camille Lellouche : "J'ai découvert le bonheur, la joie, l'amour pur quand ma fille est arrivée"
Camille Lellouche est une chanteuse, humoriste et actrice, révélée au grand public grâce à l'émission "The Voice" à laquelle elle a participé en 2015. Deux ans auparavant, c'est son rôle de Géraldine dans le film Grand Central de Rebecca Zlotowski, qui lui donne un coup de projecteur. Elle a eu très vite à cœur de monter sur scène, ce qu'elle fera en 2018 avec son premier one woman show Camille en vrai.
Camille Lellouche vient de publier une autobiographie : Tout te dire, aux éditions Stock.
franceinfo : Peut-on qualifier votre livre d'autobiographie ?
Camille Lellouche : C'est autobiographique, mais bon, à mon âge, on ne fait pas de biographie.
Tout te dire est destiné à votre fille qui vous a appris, avant même son entrée dans la vie, que vous ne pourriez pas systématiquement tout contrôler. N'est-ce pas le message du livre ?
C'est contraire à ce que moi, je veux faire tous les jours, c'est-à-dire tout contrôler, que ce soit les gens qui m'entourent… J'ai besoin de maîtriser.
Il y a une autre personne qui compte énormément dans votre vie et vous lui rendez hommage dans cet ouvrage, c'est votre mère.
Avec ma maman, c'est fusionnel. Je l'ai toujours "suraimée", ça ne se dit pas, mais c'est vrai qu'on est tellement fusionnelles... J’ai eu une adolescence un peu conflictuelle parce que je suis quand même quelqu'un d'un peu impulsif et surtout très extrême, donc je lui en ai fait voir un peu de toutes les couleurs et malgré tout ça, elle est toujours là.
"Ma mère ne m'a surtout jamais jugée et je crois que c'est ça le plus important."
Camille Lelloucheà franceinfo
Entre 19 et 21 ans, vous avez subi les coups, les viols de la part de votre compagnon. Pourquoi est-ce toujours aussi douloureux pour vous d'en parler ?
C'est douloureux, mais surtout ça fait remonter des souvenirs, des images, des flashs qui ne sont pas nécessaires à ma santé. J'avais besoin d'écrire, j'avais besoin qu'il y ait une trace de tout ça. Et pour ma fille et pour tous les gens qui me suivent, mais je vois trop de choses revenir. Et puis, c'est tellement loin que quand ça revient, ça revient et ça reste un peu, après.
Il y a deux personnes qui sont extrêmement importantes, encore aujourd'hui, ce sont vos grands-parents maternels. Votre grand-mère qui était juive et a été envoyée à Birkenau. Lui a été envoyé à Dachau. La chance a voulu qu'ils s'en sortent et qu'ils se retrouvent. Cette histoire marque aussi à quel point ils ont été très importants et à quel point c'est une ligne de conduite que vous avez eue toute votre vie ?
Le besoin d'exister très fort à sauter une génération d'exister et de laisser une trace, en tout cas par rapport à cette histoire, je ne pense pas que ce soit vital, mais c'est viscéral. C'est très inconscient, très ancré en moi et je dirai à ma fille, si elle a aussi des enfants un jour, qu'il faudra toujours en parler. Le devoir de mémoire est très important. C'est comme pour mes parents, j'ai grandi avec eux, ils m'ont élevée, m'ont protégée. Ce sont des gens qui ne se sont jamais plaints de leur vie. J'ai eu des grands-parents exceptionnels.
Le point de départ, c'est la musique, le piano. Ça démarre très jeune, très tôt, avec une professeure qui va vraiment vous apporter déjà une confiance. Qu'avez-vous appris du piano ?
J'ai appris du piano, la rigueur. J'avais une enseignante qui était très stricte. Elle a été premier prix de conservatoire de violon et de piano. Elle avait fait le tour du monde avec sa grand-mère. Et puis je l'agaçais autant qu'elle m'adorait parce que j'avais des facilités et quand je travaillais, ça devenait assez extraordinaire. J'étais toujours première dans mes concours alors que parfois, je n'apprenais que dix jours avant. J'aimais beaucoup cette femme.
"Ma professeure de piano m'a appris la rigueur. Je prenais des coups de crayons sur les doigts, mais ça ne me dérangeait pas. J'ai aimé être première quelque part dans ma vie. Ça n'a été que là donc c'était cool !"
Camille Lelloucheà franceinfo
C'est en travaillant comme serveuse que vous allez rencontrer plein de gens et notamment Rebecca Zlotowski. Parlez-nous de cette rencontre qui va changer votre vie.
Déjà, c'est quelqu'un d'extraordinaire. On s'est beaucoup parlé, elle s'est beaucoup confiée parce que c'est toujours plus simple de se confier à quelqu'un d'extérieur. Je lui disais que c'était un métier que j'adorerais faire, même si au départ, je suis chanteuse. Et puis un jour, elle me dit : "Écoute, je voudrais que tu fasses une petite apparition dans le film que je vais faire, mais quelque chose de rapide". J'ai dit : Ok, je n'y croyais absolument pas. Puis un mois plus tard, on m'appelle pour des essais. Quand je lis les scènes, je me dis : mais c'est le second rôle du film, ce n'est pas du tout un petit rôle. Sans y croire, je passe deux heures au casting, ce qui est quand même assez rare. Et puis, je n'ai pas de nouvelles.
Un mois, deux mois, trois mois et puis un jour, je vois que j'ai un appel en absence dans lequel elle me dit assez froidement : "Camille, est-ce que tu pourrais me rappeler s'il te plaît ? " Je me dis que c'est mort. Et puis elle me dit : "En fait, c'est toi depuis le début, mais je voulais en être certaine. Est-ce que tu serais prête à te faire raser le crâne ?" Je lui réponds : écoute, on a rasé le crâne de mes grands-parents dans des camps de concentration, je veux bien le faire pour un film, là, ce sera flatteur.
Ce livre montre une chose, c'est que vous vous êtes enfin trouvée. Est-ce le cas ?
Je suis, en tout cas, heureuse parce que je ne pensais pas que ça m'arriverait d'être mère et le fait d'avoir pu et naturellement en plus, ça a été vraiment le bonheur absolu. J'ai découvert le bonheur, la joie, l'amour pur quand ma fille est arrivée.
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