"Cent lieux pour découvrir la France" : Franck Ferrand nous prépare au Tour de France 2021 à sa manière
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, l’écrivain Franck Ferrand.
Écrivain, animateur radio-télé spécialisé dans l'Histoire, Franck Ferrand est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages historiques et de beaux livres, dont plusieurs best-sellers. Chaque été, on le retrouve aussi sur France Télévisions pour commenter le Tour de France et faire des "commentaires paysagés", comme le disait son prédécesseur Jean-Paul Ollivier. En attendant le départ, il publie Cent lieux pour découvrir la France aux éditions Flammarion.
franceinfo : Vous publiez Cent lieux pour découvrir la France. C'est un tour historique et thématique de la France et de ses trésors ?
Franck Ferrand : Oui. Nous avons dû faire un choix très difficile car on estime qu'il y a au moins 10 000 sites extraordinaires à visiter, il fallait donc en choisir 100.
Vous êtes parrain d'un très beau spectacle Madame Butterfly de Giacomo Puccini. Ce festival lyrique, Opéra en plein air est en tournée dans des lieux d'exception ?
C'est mon opéra préféré. Quand Gilbert Desvaux m'a demandé d'être le parrain de cette édition, j'ai sauté de joie car c'est un opéra merveilleux. Madame Butterfly, c'est ce que l'orientalisme de la Belle Époque a produit de plus inspiré, je crois. Et puis, c'est le sommet de la musique de Puccini. Jouer Madame Butterfly de Puccini dans des sites aussi prestigieux que le château de Sceaux, le Château de Champs-sur-Marne, aux Invalides, c'est fort.
Vous vous êtes marié très tôt à l'Histoire.
Ce sont des noces au moins d'argent.
Vos parents étaient un couple d'artisans bouchers, très loin de ce sujet.
Oui. On ne peut pas dire que l'Histoire ait été notre préoccupation première. Ça ne faisait pas vraiment partie de mon univers. Il y avait très peu de livres à la maison. J'ai eu la chance d'avoir des parents qui aimaient les belles choses, volontiers admiratifs pour tout ce qui tirait vers le haut. Et d'avoir des enseignants fabuleux surtout, dont une institutrice qui m'a donné le virus de l'Histoire.
Vous êtes né à Poitiers et avez fait vos études à Sciences-Po Paris, section service public. Vous avez obtenu un DEA d'histoire en 1991 avec un mémoire sur la Cour de Louis XV. C'est vraiment un coup de foudre pour décider que l'Histoire va faire partie de votre vie ?
Le coup de foudre a été pour Louis XIV dans un premier temps et très vite dans la foulée, ça paraît presque évident, pour Versailles. Et puis, je me suis intéressé à l'histoire. J'ai fait ce DEA à l'École des hautes études en sciences sociales, ce qui m'a confronté à une histoire qui n'était pas la mienne. Et je suis devenu un conteur d'histoires avec la radio, il y a une vingtaine d'années, quand je suis arrivé à Europe 1.
Votre premier contact avec la radio, c'était Pierre Bellemare avec lequel vous avez beaucoup travaillé.
Pendant trois ans. J'étais l'un des auteurs du petit pool qui écrivait les textes des Aventuriers du XXe siècle, la dernière grande émission d'histoires extraordinaires de Pierre Bellemare.
Travailler avec Pierre Bellemare, inutile de vous dire que c'est ce qui s'appelle être à bonne école.
Franck Ferrandà franceinfo
Vous avez écrit deux monographies qui ont connues un franc succès. L'une sur le château de Versailles Ils ont sauvé Versailles (2003) et l'autre, L'histoire interdite. Révélations sur l'histoire de France (2008). Dans cette dernière, vous avez repris pour les défendre, cinq thèses réfutées par les historiens. On dit que vous vous placez comme défenseur de la vérité historique.
J'aime la vérité. Ça vient de mes parents, toujours la droiture, la vérité. Lorsque je faisais ces émissions sur Europe 1, parfois, je tombais sur un dossier et me disait : Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Ce que l'on raconte aux gens n'a rien à voir avec la réalité. J'ai donc gardé une trentaine de sujets, j’en ai choisi cinq pour lesquels j'étais convaincu qu'il y avait une vérité officielle n'ayant rien à voir avec la vérité réelle. Donc, je me suis amusé à faire ce livre, croyant apporter une pierre à l'édifice. Je pensais amuser et intéresser les gens et leur ouvrir l'esprit, mais pas du tout.
J'ai fait l'objet à ce moment-là d'une levée de bouclier d’universitaires complètement démente.
Franck Ferrandà franceinfo
Et là, ils se sont dit : "Voilà l'homme à abattre".
Pensez-vous que cette culture à la française, ce patrimoine, leurs histoires sont en train de se perdre ?
Oui. Ce que j'essaie de faire au Tour de France tous les étés, c'est de donner quelques clés de compréhension et surtout de donner envie aux gens d'approfondir, pour savoir où ils sont et d'où ils viennent.
À quoi rêviez-vous, enfant ?
À Versailles ! Il y avait une envie, peut-être de m’abstraire de ma petite rue un peu grisâtre, de ma petite ville de Poitiers. Ce qui est assez magnifique, c'est que lorsqu'on est suffisamment ouvert aux signes du destin, on se rend compte que ce que réserve la vie est encore plus beau que les rêves qu'on pouvait faire dans l'enfance.
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