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"Encore une fois" : un dixième album pour Patrick Bruel, chanteur qui "ne serait pas ce qu'il est sans l'acteur et vice-versa"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, l’acteur, auteur, compositeur et interprète Patrick Bruel. Son dixième album est disponible : "Encore une fois".

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Patrick Bruel sur scène à Paris le 17 septembre 2022, lors du festival Paris Paradis (FRED DUGIT / MAXPPP)

Patrick Bruel est auteur, compositeur, interprète, producteur, acteur (et joueur de poker). D'un côté, le chanteur : Marre de cette nana-là (1984), "Alors regarde (1989), Casser la voix (1989), J'te l'dis quand même (1990) , Place des grands hommes (1991) ou encore Au Café des délices (2000).

De l'autre, il y a l'acteur, avec des films comme Profs de Patrick Schulmann (1985), Le coup de sirocco d'Alexandre Arcady en 1978, La Maison assassinée de Georges Lautner (1988), Le Jaguar de Francis Veber en 1996, L'ivresse du pouvoir de Claude Chabrol (2006), Le prénom de Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière en 2012. Depuis le vendredi 18 novembre 2022, un nouvel album de Patrick Bruel est disponible : Encore une fois.

franceinfo : Encore une fois, cela veut dire qu'on redémarre une nouvelle aventure. C'est une page blanche ?

Patrick Bruel : Oui, comme à chaque fois, mais une page blanche sur laquelle il y a déjà beaucoup de choses écrites. On arrive avec ses valises assez chargées même. C'est un album qui arrive un peu plus vite que d'habitude parce que beaucoup de chansons sont présentées, beaucoup de sujets, beaucoup de thèmes et l'envie de les transcrire assez vite et de les partager assez vite. Sans doute dû à l'épisode de la pandémie.

"Aujourd'hui, on arrive avec un album qui est exactement celui que je voulais, et c'est l'important."

Patrick Bruel

à franceinfo

Encore une fois, on peut imaginer aussi qu'il y a une nouvelle chance. Il y a un côté très rassembleur de générations aussi.

Visiblement.

Devoir de mémoire !

Oui, obligé. Le devoir de mémoire est partout chez moi. Il a toujours été dans mes albums, que ce soit Combien de murs (1994), que ce soit Héros (2018), et aussi dans Ce soir, on sort...  À chaque fois, il y a ça et puis là, il y avait cette envie d'aller un peu plus loin que Héros avec Paul École, toujours, de mettre le focus sur des destins un peu différents. Mais il a choisi, lui, de mettre le destin, le focus uniquement sur la Résistance. Et j'ai rajouté cette lettre merveilleuse de Michel Manouchian quelques heures avant de se faire fusiller en 1944 depuis la prison de Fresnes. Et voilà ce sont deux garçons qui se parlent. L'un dit : "Voilà, garde la tête haute. On sera certainement sur une photo et qu'est-ce qu'on pensera de nous ?"

Il y a une chanson qui nous replonge sur les bancs de l'école, c'est L'instit. C'est une guitare-voix, complètement épurée, donc on est quasiment en tête-à-tête avec vous. Vous dites : "Elle apprenait qu'un livre peut être un ami et peut changer une vie". C'est un hommage à votre mère qui était institutrice ?

C'est un hommage à l'instituteur et à l'institutrice en général, au professeur, au passeur, à celui qui transmet, celui qui est la première porte vers la culture, vers la liberté, vers la démocratie, vers les lumières. L'importance de l'instituteur, l'importance du professeur qu'on se doit de saluer comme un héros.

Vous célébrez les livres dans cette chanson en disant que c'est un ami, une arme aussi qui est très importante pour le dialogue, pour éviter la violence. On a le sentiment que les mots vous ont toujours permis de vous élever, qu'ils ont été la clef.

Bien sûr. Mais j'ai eu la chance de grandir à travers les mots, d'avoir une maman très éclectique, de par sa profession évidemment, directement tournée sur les lettres. Donc, ce n'était même pas un sujet à la maison. C'était lire, en parler, controverser, discuter, ne pas être d'accord.

Il y a une forme de liberté absolue dans cet album qui est vraiment un ingrédient récurrent. Vous vous sentez de plus en plus libre ?

Oui, vraiment. Je tends à devenir de plus en plus l'artiste libre que j'ai toujours souhaité être, que j'ai toujours admiré. Et c'est vrai que ce sont ces artistes libres qui m'ont donné envie de faire ce métier et envie d'aller plus loin. Je pense à Barbara et je pense beaucoup à Jacques Higelin.

Dans cet album, il y a cette chanson Aux souvenirs que nous sommes dans laquelle vous alliez vraiment vos deux passions. Vous lisez une lettre, et ça, c'est vraiment le travail d'acteur. C'était vraiment une passion de théâtre ?

C'était là déjà, oui, mais dans l'ensemble, j'ai la chance d'avoir pu faire ces deux parcours qui sont très, très interactifs. Le chanteur ne serait pas ce qu'il est sans l'acteur et vice-versa.

"Dans chacune des chansons, il y a une interprétation pour se rapprocher au plus près du propos, de la vérité du propos, pour essayer de gommer tout ce qui peut être scories et d'aller à l'essentiel sans aucun artifice."

Patrick Bruel

à franceinfo

Ce qui est le cas dans une chanson comme On en parle où je ne me suis posé aucune question. J'ai mis ce rythme, cette base hip hop indispensable au propos et au sujet, sans aucune velléité de vouloir rapper, ni de vouloir slamer, ni de vouloir quoi que ce soit. Je ne sais pas ce que j'ai fait. J'ai juste parlé comme je vous parle. Et puis la musique derrière fait le reste tout comme le texte.

On vous sent équilibré, serein, à profiter des moments.

Vous avez raison. La question que je me pose, c'est : Est-ce que je suis en phase avec ce que je raconte ? Est-ce que la chanson a son bon costume ? Est-ce que mon interprétation est fidèle à la quintessence de la chanson ? Il y a beaucoup de chansons pour lesquelles il n'y a eu qu'une seule prise. Par exemple, L'instit ou encore Lettre à la con. Ce sont des chansons que j'ai chantées une fois au moment où je les découvre, et je les chante en faisant une sorte de maquette. Ensuite, on construit autour de la voix, on peut même refaire la voix, éventuellement. À chaque fois, dans ces chansons-là, je ne l'ai pas refaite, je l'ai gardée telle qu'elle était.

Pour terminer cet album, c'est une façon de dire : "pouce", d'en profiter ?

Ça ne sera pas possible ! Profiter un peu plus, oui. À un moment donné, si ça va trop vite, je veux descendre du manège parce que finalement, je ne sais plus trop ce que je fais sur celui-ci. Oui, on a envie de profiter, de s'asseoir, de se recentrer un peu.

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