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Gims : "Je reviens au rap"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, Gims. 

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Gims en concert à Brive (Corrèze) le 21 juillet 2019 (ST?PHANIE PARA / MAXPPP)

L’auteur-compositeur-interprète congolais sort un nouvel album, Le Fléau. L’ancien membre du groupe Sexion d’Assaut signe là un retour plus rap, hommage à ses premières amours.  

Elodie Suigo : Je voudrais qu'on aborde ce nouvel album, qui en dit long sur ce que vous souhaitez faire aujourd'hui. Il y a eu Maître Gims à un moment donné, il y a eu d'abord Sexion d'Assaut et aujourd'hui, il y a Gims. Est-ce que c'est un mélange des deux ? Est-ce que vous revenez à vos premières amours, le rap ?

Gims: Exactement. Je reviens au rap. "Je retourne sur mes talons" comme on dit, j'avais envie.

L'histoire de votre vie, c'est un conte de fées.

C'est vrai.

Ça ne démarrait vraiment pas bien avec cette histoire familiale, évidemment. Vous foulez le sol français quand vous avez deux ans avec vos parents, évidemment qui n'ont pas de papiers. C'est très compliqué pour vous, mais à chaque moment de votre vie, vous êtes allé chercher le positif. La musique c'était votre porte de sortie ?

Ça a été ma porte de sortie, je ne le savais pas forcément. Je suis un bon vivant, je ne me suis jamais réfugié dans la plainte, dans le "ça ne va pas, etc." J'étais heureux en vérité. C'est aujourd'hui avec du recul que je me rends compte que oui effectivement, j'ai eu une enfance assez particulière, un parcours atypique. Mais sur le moment, en vérité j'étais heureux.

Puis, il y a ce groupe que vous rencontrez Sexion d'Assaut, avec lequel vous traversez vraiment un morceau de vie assez incroyable. Vous étiez totalement en osmose avec eux. Ils sont contents aujourd'hui que vous reveniez aux sons plus rap ?

Bien sûr, ils sont très contents, ils font partie des gens qui attendaient ce projet parce que oui, c'est un album rap. Donc, on est totalement sur quelque chose de spécial et j'ai un peu la boule au ventre parce que je prends un risque, un énorme risque. Franchement, j'ai un peu peur parce que je ne sais pas à quoi m'attendre. J'ai ce public qui attend du rap, mais il est minoritaire aujourd'hui parce que j'ai gagné un public tellement large. J'ai peur qu'il soit déçu ou qu'il attende plus de Gims en train de chanter. Donc voilà, je me mets encore en danger, encore une fois.

On revient sur la chanson Immortel avec un clip. On voit d'ailleurs que vous avez filmé la guillotine. Elle représente quoi cette chanson pour vous? Parce qu'elle en dit long déjà sur votre état d'esprit.

Elle en dit long, c'est un message. Je mets la description d'Immortel au début, parce que je pense que c'est super important aujourd'hui, les mots. On ne fait plus attention aux mots, à la langue française. Pour moi, c'est une des plus belles langues du monde et aujourd'hui, on la bazarde un peu, on n'a plus de conscience. Et donc, j'ai mis la description et c'est fort. C'est un désir de perdurer et de laisser une trace, c'est ce qu'elle veut dire cette chanson. Immortel, c'est que je veux laisser quelque chose de bien finalement, malgré les gens qui veulent me tuer, je reviendrai toujours, je ferai passer mon message. C'est pour ça, que dans le clip, on me voit dans plein de situations différentes, chaises électriques, etc. Il y a plein de messages dedans.

Pourquoi Le Fléau ?

Déjà, c'est un peu un caprice parce que depuis gamin, c'est un de mes surnoms, parce que j'étais toujours là, dans tous les freestyles, toutes les battles, j'étais un vrai fléau. Ce n'était pas possible, j'étais là partout, sur tous les fronts, et c'était mon petit surnom avant et je me suis toujours dit que dès que je ferais un album rap, il s'appellerait Le Fléau.

Ce que les gens ne savent pas forcément d'ailleurs, c'est que vous avez été champion de France, vice-champion de France. Vous êtes très doué en improvisation.

Oui, c'est vrai que j'ai fait des battles où j'ai gagné. Champion de France d'End of the Weak et c'était magnifique à cette époque, c'était mes débuts.

Je voudrais qu'on parle des collaborations de cet album, vous avez eu besoin de revenir aux sources, d'aller chercher des personnes sur lesquelles vous comptiez et qui représentaient aussi le même état d'esprit que vous.

Bien sûr, la scène urbaine, les nouveaux, les gens qui sont en train d'émerger, j'ai invité les gens que j'apprécie vraiment, que j'aime. Donc, c'était important pour moi qu'ils fassent partie de cet album. Je pense à Gazo, Leto, Heuss l'Enfoiré, Vald, Kaaris. Ce sont vraiment des gens actuels et qui représentent vraiment l'état d'esprit de cet album.

D'être père, ça évoque quoi pour vous aujourd'hui ?

Quelle question ! En fait, j'oublie que je suis père parfois, parce que c'est tellement énorme. Je ne sais pas si je saurais répondre à cette question : Qu'est-ce que c'est qu'être père ? Ça me dépasse.

Il y a Origami qui est une énorme déclaration d'amour, c'est dur de lâcher ses sentiments ?

Ce n'est pas facile. Origami pour la petite histoire, j'avais le refrain uniquement et il n'y avait pas les textes et je n'arrivais pas à écrire et c'est ma femme qui a écrit tous les couplets. Donc là, j'ai été vraiment en mode limite interprète. Vraiment ça m'a plu.

Enfant, vous rêviez de faire de la musique ?

Oui, mais surtout faire du dessin.

Et aujourd'hui, quel regard vous avez ? Votre regard d'enfant sur la vie de l'homme que vous êtes devenu ? Parce que j’ai l'impression que vous conservez ces yeux d'enfant, même si vous les cachez.

Oui, c'est vrai. Je peux comprendre que ça fasse rêver. Si je remonte à il y a quinze ans, oui bien sûr ça m'aurait fait rêver, j'aurais eu envie. Donc je pense que oui, j'ai réussi, je suis allé au bout de ce que je voulais faire. En tout cas, je suis sur le chemin, c'est ce que je voulais.

Est-ce qu'il y a des moments où vous êtes triste ? J'ai l'impression que vous ne vous autorisez pas à prendre le temps pour vous

Je profite mais pas totalement, volontairement, parce que je ne veux pas m'abandonner à l'ivresse totale du showbizz, de tout ça. Moi, je ne suis pas quelqu'un comme ça de toute façon. Je suis heureux, je vis la chose mais toujours avec modération, c'est important parce qu'on peut se perdre.    

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