Jacques Dutronc revient sur la pochette grivoise de son tube "J’aime les filles"

L’acteur et chanteur, Jacques Dutronc est l’invité exceptionnel du Monde d'Élodie Suigo du 8 au 12 juillet 2024. Cinq jours pour remonter le fil de sa vie professionnelle et personnelle.
Article rédigé par Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8 min
  (GEORGES GALMICHE / INA)

Jacques Dutronc est considéré comme l'un des plus grands artistes français. Il nous accueille dans son refuge, son havre de paix à Monticello en Corse. Quand on dit : "Jacques Dutronc", on pense à la musique évidemment avec une vraie incarnation, une réelle présence sur scène et à ses titres cultes devenus des madeleines de Proust : Et moi, et moi, et moi (1966), J'aime les filles (1967), Il est cinq heures... Paris s'éveille (1968), Les Plays-Boys (1966) ou encore Merde in France (1984). On pense aussi au cinéma quand on parle de lui, avec comme point de départ en 1973 le film Antoine et Sébastien de Jean-Marie Périer ou Maurice Pialat qui lui confia en 1991 le rôle de Van Gogh avec au final, le César du meilleur acteur. Tous ces ingrédients, on les retrouve dans ses mémoires, Et moi, et moi, et moi , aux éditions du Cherche Midi. Un ouvrage drôle, passionnant tant son humour, son autodérision et sa sincérité sonnent juste.

franceinfo : Une vraie vie au calme, loin de l'agitation du continent, qui allège, apaise, nourrit, inspire pour écrire des chansons, mais aussi des livres. Un lieu calme qui pousse à recevoir celles et ceux que vous aimez, avec qui vous vous sentez bien et avec qui vous pouvez passer du temps. Monticello a toujours été votre repère. Que sentez-vous de plus ici qu'ailleurs ?

Jacques Dutronc : D'abord, je ne connais pas ailleurs. J'ai été un peu dans quelques pays dans le monde, mais dans ma tête, ce qui était surtout inscrit dans le voyage, c'était le retour. J'ai beaucoup connu la Bretagne et Paris, mais la Corse... Je me suis garé ici un jour. Le garage avait le nom de Françoise Hardy. Je me suis donc installé. J'ai été bien ici. Le décor, c'est une autre histoire parce que c'est tellement beau que je ne pense pas que ça inspire vraiment, les couchers de soleil, les beaux paysages... Au cinéma, ça ne marche pas pour moi. On a envie de dire au comédien : "Pousse-toi, on ne voit pas le reste". La cage est belle, mais les oiseaux sont formidables aussi, il ne faut pas l'oublier.

On a souvent été incapable de vous "définir". Comme vous étiez inclassable, ni mode, ni rockeur, on a inscrit sur la bague de votre cigare les mots : "moKeur", cynique, désinvolte, dilettante, équivoque, je-m'en-foutiste, loufoque, paradoxal, potache, provocateur, sarcastique. Que pensez-vous de cela ?

La vache, ça fait beaucoup ! Ça fait genre cocktail, je ne sais pas ce qui va en sortir, là, il faut vraiment secouer pour trouver le bon dosage.

Le mot "mokeur" vous convient un peu ?

Oui, ça va. Pourquoi pas ?

Il y a énormément d'humour. Un exemple, vous écrivez : "J'ai arrêté de croire au Père Noël le jour où, dans une galerie marchande, il m'a demandé un autographe". Est-ce l'un des traits les plus forts de votre personnalité ?

Je ne sais pas, non.

"J'ai des sautes d'humour par moments."

Jacques Dutronc

à franceinfo

Ça arrive. Il vaut mieux rigoler, enfin, je suppose.

Est-ce une armure en quelque sorte ?

Oh, si vous voulez, mais il y a des gilets pare-balles maintenant. Il y a de quoi rire quand même, mais il y a aussi de quoi pleurer. Il faut sécher ses larmes avec de l'humour, en tout cas si on sent qu'elles viennent. Ça vient de mes parents, enfin de mon père. Ma mère subissait, la pauvre, elle n'en pouvait plus.

"L'humour est aussi une sorte de politesse."

Jacques Dutronc

à franceinfo

Comment est né le titre : J'aime les filles ? Cette chanson a fait grand bruit, et encore aujourd'hui avec sa pochette parce qu'il y a des femmes en culotte dans une voiture. La photo est incroyable, prise du dessus.

C'est Jacques Lanzmann qui a constaté que je l'aimais bien. Et lui aussi d'ailleurs, puisqu'il était rédacteur en chef de Lui et de Playboy, je crois. C'étaient des journaux qui se vendaient soi-disant pour leurs reportages, leurs interviews politiques, etc. Il ne faut pas charrier, les mecs les achetaient pour telle ou telle chose. Je vais peut-être en vexer plus d'un, mais ce sont les mêmes qui, plus tôt, achetaient le catalogue de la Redoute ou les trois Suisses pour voir les culottes des bonnes femmes.

Y a-t-il eu un avant et un après J'aime les filles par rapport au succès ?

Certaines simplettes disaient : "Tu as dit les filles de la Rochelle et je ne suis pas dans la liste". Alors là, on n'en finissait plus et je leur répondais : ce n'est pas un mode d'emploi, c'est un exemple. J'aime bien les filles de ceci, de cela... J'aime bien les campeuses : campeur et sans reproche, tout ça, j'aime beaucoup. C'est comme Bayard, les femmes c'est bien. Et même si on n'aime pas les femmes plus tard, parce qu'on a un compagnon, je m'en fiche, il y a une mère quand même.

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