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Jean-Louis Aubert : "Pour bien s’allier aux autres, il faut savoir être seul"

Toute cette semaine, c’est le chanteur, compositeur et musicien Jean-Louis Aubert qui est l’invité exceptionnel du monde d'Élodie. Un tête-à-tête en cinq épisodes.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Jean-Louis Aubert en concert à Hauterives (Drôme), dans le "Palais idéal" du facteur Cheval, le 4 juillet 2019 (ST?PHANE MARC / MAXPPP)

Pour ce début d'année 2021, Jean-Louis Aubert nous souhaite "Bonne année !", malgré la pandémie et l'impossibilité pour l'instant de faire des concerts : "Je ne suis pas un optimiste mais je suis positif, on trouvera toujours un moyen".

En 1986 sort Le jour s’est levé qui sonne le glas du groupe Téléphone après 10 ans d’une incroyable aventure. Aubert a alors envie de se lancer dans une carrière solo mais doute de tout, de lui et il s’acoquine avec Richard Kolinka qui l’encourage : "J’étais désespéré je me trouvais nul". Il trouve ses textes mauvais et son manque de confiance le bloque. Richard Kolinka l’invite donc à venir jouer avec d’autres musiciens la semaine suivante... et "pof" sourit Jean-Louis Aubert.

Il lui faudra attendre 2001 pour trouver sa patte, sa touche personnelle avec Comme un accord (5e album studio) et le single Alter Ego en particulier. Encore étonné par la puissance que peuvent avoir des écrits, il a dans l’idée que ses mots, maux nous concernent tous et nous amènent à réfléchir, à nous trouver: "C’est quand même curieux que des chansons me servent de leçons à moi-même. Alors c’est vrai que quand j’écris quelques fois il y a peut-être un dédoublement de personnalité. Quand je dis :'Il est temps à nouveau', je suis en train d’écrire : 'Jean-Louis, tu vas remuer ton petit cul, bouge-toi' !"

Un temps pour chaque chanson

Tout le chemin de ma vie est dans mes chansons. Si je veux savoir quand mon fils est né, c’était cette chanson (…) C’est mon almanach à moi

Jean-Louis Aubert

à franceinfo

On peut donc lire la vie du chanteur en écoutant ses œuvres et il précise sa pensée poétique : "Pour chaque chanson, je vois un endroit, un endroit où j’écris, une phrase, une anecdote, un lieu, une émotion, une rencontre, c’est incroyable d’avoir cela à l’intérieur de soi et sur scène quand je chante, ça revient, c’est d’autres petits Jean-Louis d’avant qui s’exprime. C’est marrant, il n’y a pas de temps, c’est un vrai clash temporel".

Du bonheur après la douleur

En 2010, Jean-Louis Aubert perd son père au moment où il travaille sur  l’album Roc éclair, une période trouble pour lui : "J’ai été beaucoup à l’hôpital avec lui et c’était charmant. Je suis sûr qu’il m’a attendu, qu’il a attendu que je finisse de tourner pour que je passe des moments. Et on chantait dehors, il était sur sa chaise roulante. C’était des moments, curieusement, doublement joyeux parce que profond en même temps". Il s’isole pour tenter de digérer ce moment tellement douloureux : "Je me retranchais de la vie sociale mais en fait, il y avait ma guitare ma copine, la musique et tout ça s’exprimait et j’ai tendance à penser que j’avais mon père sur mon épaule qui écrivait avec moi. Cette période-là était vraiment comme une baignoire qui déborde, comme une vanne qui s’ouvre. L’enregistrement beaucoup plus compliqué et la vie affective aussi".

D’être confronté à la mort de mon père mais à la mort tout court, ça fait que tout d’un coup, il n’y a même pas d’hésitations sur le style ou sur ce que l’on va dire : ‘Est-ce que c’est bien ce que je dis ?’ J’avais des larmes, c’était juste ma prière, c’était le deuil.

Jean-Louis Aubert

à franceinfo

Poète et conteur, Jean-Louis Aubert n’a eu de cesse de cultiver, malgré les épreuves, sa quête du bonheur et c’est ce qui ressort dans son dernier album Refuge. "Pour bien s’allier aux autres, il faut savoir être seul parce que sinon, on se met en dépendance par exemple" dit-il, en ajoutant que l’on voit le monde à travers nos pensées et que le savoir, la bienveillance, la gentillesse vont avec la connaissance de soi, et qu’il faut éloigner ces peurs : "Si par moments, on peut s’abandonner, on va vivre des moments très heureux".  

Refuge ressort en édition limitée.

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