Jérôme Commandeur : "C'est important de mesurer la chance que l'on a, quand on en a un petit peu"
Jérôme Commandeur est un humoriste, acteur et réalisateur. Petit, il s'imaginait aux commandes d'un avion, mais ce n'était qu'un leurre, car celui qui a grandi entre Pontoise et Chanteloup-les-Vignes a mis le cap vers le territoire de la scène et de l'humour. C'est par l'imitation qu'il s'est fait remarquer et c'est Dany Boon qui lui a permis de monter sur scène en produisant son premier one man show et son premier film. De l'émission "Graines de star" à "LOL qui rit : sort !", il a enchaîné les films à succès comme Bienvenue chez les Ch’tis de Dany Boon, Les Tuche d'Olivier Baroux et évidemment Irréductible qu'il a lui-même réalisé. Depuis le 18 décembre 2024, il apparaît sur Canal+ dans "Le monde magique de Jérôme Commandeur", une série composée de huit épisodes qu'il a rédigée et dans laquelle il occupe la première place, entouré d'amis.
franceinfo : Comment vivez-vous cette reconnaissance ?
Jérôme Commandeur : En fait, j'ai très souvent, tout le temps voire trop d'ailleurs, le nez dans le guidon. Je ne me pose pas ces questions-là, c'est plutôt quand on est face à vous, qu'on a un regard un peu extérieur, mais mon train-train, c'est de bosser, donc c'est très difficile pour moi de dire comment je le vis. Je ne le vis pas vraiment différemment d'il y a cinq ou dix ans. En revanche, oui, je ne suis pas fou, je vois bien que peut-être, on m'écoute plus quand je viens proposer un projet. C'est important de mesurer la chance que l'on a quand on en a un petit peu, ce qui est le cas pour moi en ce moment. Ça se passe bien pour moi.
Vous êtes né à Argenteuil, d'un père dessinateur industriel, d'une mère cadre dans une société de crédit immobilier. Au départ, vous vouliez piloter un avion, mais surtout, vous avez eu rapidement comme plan de vol de monter sur scène.
"Gamin, au lycée, j'étais standardiste pour une radio au logo tout rouge, pas loin d'ici. C'est la radio qui m'a fait faire mes premiers pas."
Jérôme Commandeurà franceinfo
Oui. Enfin, ce n'est pas vraiment de monter sur scène et d'ailleurs, c'est marrant de le dire ici dans une radio. En fait, je voulais faire le con, dit comme ça, c'est un peu brut, un peu rapide et souvent, c'est la radio qui vous tend la main. Mais si vous dites à vos parents : "Tu sais quoi maman, je vais faire l'Olympia, c'est mon désir", bon, je risque de ne pas être très bien reçu. Après le bac, ils m'ont demandé : "Tu veux faire quoi ?" J'ai répondu : je vais peut-être écrire des textes, je ne sais pas bien. Si je peux monter sur scène, c'est bien aussi, peut-être réaliser des films et être acteur et faire des tournées, et puis même faire le con un peu à la télévision. Donc, là, ma mère a marqué un blanc, elle s'est dit : "Mince, il fallait que ça tombe sur nous". Mon père a fait le même blanc et ils m'ont dit : "Trouve-toi un diplôme, obtient le et on te foutra la paix". Ce qu'ils ont fait.
Vous avez tenté Sciences-Po, vous avez obtenu une licence de lettres. Au niveau de la maîtrise, vous avez tout plaqué pour faire du spectacle. Cette émission "Graines de Star" a marqué un tournant ?
Oui, c'est vraiment ma Madeleine. Vous passez de l’université à un plateau de télévision immense. C'était une grosse émission de variétés à l'époque. Aujourd'hui, on dirait un "La France a un incroyable talent".
C'était une pression incroyable quand on était justement sous les feux des projecteurs ?
Oui. Et parfois, je retombe sur mes prestations de l'époque et moi-même, je ne comprends pas ce que je dis. Mais c'est parce que j'étais gamin et puis, ce n'est pas que je n'avais rien à dire, mais j'étais un peu comme un lapin dans les phares d'une voiture.
"Dans 'Graines de star', j'adorais cette ambiance de production, de studios qui s'éteignent, de débriefer l'émission. J'avais vraiment un goût pour ça. J'aimais être là, être à cet endroit."
Jérôme Commandeurà franceinfo
Le point de départ, c'est un ami qui est en classe et qui imitait les professeurs. Alors, vous vous êtes dit : "moi aussi, je veux faire ça". Beaucoup ont oublié que vous étiez un imitateur et dans cette série sur Canal+, on le redécouvre.
Je ne me fie pas tellement à la justesse des voix parce que je trouve que c'est un truc sur lequel on peut passer des heures, ce n'est pas tellement ce qui m'intéresse, c'est plus d'incarner la personne. Et même si effectivement quand je montais les sketchs du "Monde magique" dont on parle, des amis me disaient : "Bon, la voix n'est pas terrible, mais on s'en moque, on y est". C'est exactement ça, c'est ça qui m'intéressait. Après, je pense à Marc-Antoine Le Bret et puis évidemment à Nicolas Canteloup, à Laurent Gerra, il y a des imitateurs exceptionnels. Moi, ce qui m'intéresse, c'est surtout de ressentir le climat de là où on est, qu'il y ait les décors, les costumes, qu'il y ait des guests, quand il y a des candidats..
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