Jérôme Commandeur se souvient de sa rencontre avec Dany Boon : "C'est un être exceptionnel"

L’humoriste, comédien, réalisateur et producteur Jérôme Commandeur est l’invité exceptionnel du Monde d'Élodie Suigo du 23 au 27 décembre 2024. Depuis le 18 décembre, sa série en huit épisodes "Le monde magique de Jérôme Commandeur" est diffusée sur Canal+.
Article rédigé par Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Jérôme Commandeur, lors de la cérémonie des César, le 23 mars 2023. (AGENCE FRANCK CASTEL / MAXPPP)

Jérôme Commandeur est un humoriste, acteur et réalisateur. Il est l'invité exceptionnel du Monde d'Élodie Suigo sur franceinfo du 23 au 27 décembre 2024. Alain Chabat dit de lui qu'il est toujours surpris par l'énergumène qu'il est, Michel Denisot est touché et admiratif du fait qu'il n'est pas pétri de certitudes et qu'il reste toujours dans la recherche. Rien ne semble l'inquiéter, tout lui plaît, même son rôle de maître de cérémonie lors des Césars 2023. Depuis le 18 décembre dernier, il apparaît sur Canal+ dans "Le monde magique de Jérôme Commandeur", une série composée de huit épisodes qu'il a rédigée et dans laquelle il occupe la première place, entouré d'amis.

franceinfo : Quel est votre "Monde magique" ?

Jérôme Commandeur : Ah, c'est une jolie question. J'aime bien la métaphore de la petite fleur ou le petit brin d'herbe qui perce sous le béton. Ce n'est pas ici que je vais le dire, mais vous vivez de l'actualité de manière très brusque. Tout ce qu'on vit, même nous en tant que spectateurs, je trouve cela très anxiogène. Mon monde magique, il est fait de tout petits moments. Cela va être une maman qui regarde son bébé à côté de vous dans le TGV et puis cela va vous laisser coi. Et en fait vous vous dites : "tiens, au moment où tout est noir, où tout est perdu, finalement, il y a toujours un petit geste, il y a toujours quelque chose qui vient rattraper, racheter l'ensemble". Mon monde magique est fait de ça. Je revois un grain d'image, mes grands-parents presque à côté de moi, parce que le grain du film me rappelle ces années-là.

"Mon monde magique, ce sont des instants volés. C'est aller chercher le beau, l'amour dans toutes ses formes. Ça peut être de la tendresse, l'amitié dans des moments où on ne les attend plus."

Jérôme Commandeur

à franceinfo

Vous restez très peu de temps au même endroit. C'est comme si vous aviez besoin d'être en danger en permanence pour avancer.

Oui. À bientôt 50 ans, cela fait déjà 30 ans que je fais pareil, donc je me dis que c'est un peu un TOC. Je me crée des journées infaisables. Par exemple, vous ne pouvez pas être à un endroit de Paris et à l'opposé dix minutes après, surtout en ce moment, mais moi, je n'y vois aucun problème. Oui, je comble.

Comme une forme de boulimie de travail.

Oui. Cela vient de réflexions que je me faisais gamin quand on attendait des amis de mes parents à la maison et je disais : "Mais ils arrivent dans combien de temps ? Eh bien, ils arrivent dans dix minutes" et je me demandais ce que j'allais bien pouvoir faire pendant ces dix minutes, c'était énorme !

Votre vie va changer avec le rôle de l'inspecteur du travail, Monsieur Lebic, dans le film de Dany Boon, Bienvenue chez les Ch'tis. Cette aventure professionnelle va devenir une aventure humaine qui va dépasser ce que vous aviez imaginé. C'est devenu une histoire d'amitié avec Dany Boon qui vous avait très vite repéré. Ça change votre vie.

Oui, ça a changé ma vie. Il écrivait Bienvenue chez les Ch'tis et il me dit qu'il va me donner un petit rôle dedans.

"Je suis arrivé sur le plateau de ‘Bienvenue chez les Ch'tis’, j'étais pétrifié. C'était la première fois que je faisais du cinéma."

Jérôme Commandeur

à franceinfo

C'est amusant, presque 20 ans après, je me souviens de ça avec nostalgie. Dany est un être exceptionnel. Au-delà de me produire, il m'a donné son expérience, il m'a rassuré et ce qui me faisait du bien, c'est que même quand il n'était pas là, il était là. Le simple fait que je sois avec lui, qu'il me prenne dans ses caravanes du Tour de France me faisait du bien. En fait, ça m'a apaisé parce que je sortais d'années de café-théâtre un peu difficiles.

Vous doutiez à ce moment-là ?

Je n'ai jamais douté parce que je voulais faire ça, donc je n'avais pas vraiment d'autre choix. Mais c'était évidemment un peu plus une période de vaches maigres. Lui m'a apporté son expérience en me disant : "Tu sais, moi, j'ai vécu 1000 fois pire, les débuts dans le Nord, etc." Le fait d'échanger avec lui comme le grand frère que je n'ai pas eu dans ma vie, c'est vrai qu'il a pris cette place-là à l'époque.

Ce qui change, c'est que vous semblez être porté par une famille à un endroit que vous n'imaginiez pas possible. Et là, vous vous rendez compte que vous rentrez dans un cercle qui vous correspond, qui a des valeurs qui vous correspondent.

Oui. C'est drôle ce que vous dites, parce que j'ai pris ce métier comme un cocon, ce qui est très étonnant puisque normalement, c'est l'inverse. On a peur, mais moi, j'adorais me retrouver avec un directeur de casting, un producteur de télévision. J'avais l'impression que c'était comme si ça devait être ma vie depuis toujours. Quand je rentrais chez moi, en banlieue, je me disais si je devais rester ici, je ne saurais pas trop quoi faire. Ce qui me rassurait, c'était de venir à Paris et de côtoyer ces gens-là, ça m'apaisait. C'est drôle.

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