"L'affaire Poivre d'Arvor est assez franchement à l'origine de ce roman" : Robert Namias publie un nouveau livre

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Lundi 17 juin 2024 : le journaliste et écrivain, Robert Namias. Il vient de publier un nouveau roman, "L'affaire Chanteclerc", paru aux éditions de l'Observatoire.
Article rédigé par Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Robert Namias, journaliste et écrivain. (RADIOFRANCE)

Robert Namias est journaliste et écrivain. C'est d'abord en enseignant la philosophie qu'il a démarré dans la vie, avant de devenir rédacteur reporteur dans une grande radio où il tombe amoureux du micro et de l'information. Il a dirigé la rédaction de TF1 pendant 16 années. Depuis 2019, il a un peu mis tout ça de côté pour se consacrer à l'écriture de romans.

Aujourd'hui, il mêle ses deux passions, l'écriture et l'information, avec le roman, L'affaire Chanteclerc, paru aux éditions de l'Observatoire. Une histoire racontée par Rodolphe, un écrivain à succès. Cette histoire s'étale sur cinq décennies. Elle démarre dans les années 50 avec, au cœur de ce polar, quatre amis d'enfance, qui vont devenir chacun des hommes très importants. Ces hommes comptent dans chacun de leur métier, le journalisme pour Olivier, aimé et suivi par les Français, le cinéma pour Charles, un acteur adulé, et la politique avec Benoît devenu ministre. Un jour, l'un d'entre eux, Olivier, est découvert mort. Il a été assassiné.

franceinfo : En toile de fond, il y a des viols dénoncés par des femmes qui abîment ce qu'était Olivier.

Robert Namias : On écrit d'abord sur ce que l'on a vécu soi-même, ce que l'on connaît et en ce qui concerne le roman, l'avantage par rapport à l'information et à ses codes, c'est qu'on a une liberté totale. Alors c'est vrai que l'affaire Poivre d'Arvor est assez franchement à l'origine de ce roman et les amitiés d'enfance, c'est ce qu'il y a de plus beau, mais c'est aussi ce qu'il y a sans doute de plus pervers.

"À force de ne pas vouloir voir les mensonges, les manipulations, on finit par involontairement couvrir ce qui n'est pas pardonnable."

Robert Namias

à franceinfo

L'histoire de ce roman, c'est cette amitié d'enfance très particulière, une réflexion et un roman sur l'imposture. De manière générale, il y a de plus en plus, à mon avis, d'imposteurs. C'est quelque chose qui m'a beaucoup frappé, beaucoup fait réfléchir depuis une quinzaine d'années, et qui m'a fait complètement abandonner d'ailleurs, la première partie de ma vie qui a consisté en 50 ans - quand même - de vie professionnelle pour retrouver cette liberté de l'écriture. Je ne supportais plus ces impostures.

On sent à travers cet ouvrage à quel point c'était important pour vous de poser des mots en tant qu'ancien dirigeant et aussi en tant qu'homme.

Oui, absolument. Moi, j'ai toujours été très favorable à #MeToo. Simplement, dans l'affaire qu'on évoque, personne ne savait ce qu'il en était des viols et des agressions sexuelles dont témoignent maintenant des dizaines et des dizaines de femmes. La vérité, c'est que moi, je crois ces femmes, j'ai toujours cru ces femmes et donc, pardon, mais personne ne savait la réalité de ce qui est dans les témoignages, qui sont aujourd'hui recueillis par la police.

Les amis, ce sont souvent la famille qu'on choisit. Quelle place occupe l'amitié dans votre vie ?

Ça a toujours occupé une place très importante et je peux vous dire que bien évidemment, après avoir connu et eu les fonctions que j'ai eues, j'ai eu énormément de faux amis et qui depuis se sont révélés comme tels. C'est une banalité de le dire, mais c'est une réalité qui est toujours difficile à vivre au moment, où on la vit. Même encore aujourd'hui, à mon âge, après avoir quitté mes fonctions il y a bien des années, être passé tout à fait autre chose, avec l'écriture et la liberté que ça me donne, l'écriture est aussi une forme de solitude et maintenant je suis très heureux d'assumer cette solitude.

Un fil rouge très important à l'intérieur de cet ouvrage, c'est la liberté. Au début, Rodolphe, celui qui narre cette histoire, parle de la liberté. Il dit : "Je suis empreint d'une liberté que je n'attendais pas finalement". Est-ce que la liberté, c'est quelque chose qui n'est que positif ? Comment peut-on vivre cette liberté ? Est-elle nécessaire ?

Ah oui ! Moi, j'en ai vraiment fait, à la fois par intuition personnelle, par éducation, par mes études aussi, puisque moi j'ai fait quelques études de philosophie avec un amour immodéré pour Vladimir Jankélévitch et Jean-Paul Sartre. Précisément, j'ai toujours cherché à m'affirmer libre dans des contextes où la liberté est nécessairement circonscrite, contrainte.

"On peut malgré tout affirmer sa liberté parce que c'est la seule façon finalement d'assumer sa part d'humanité."

Robert Namias

à franceinfo

L'Humanité, si c'est simplement agir en meute avec les autres, où est-elle ? Et surtout, elle risque de dévier très rapidement. La liberté, c'est ce qu'il y a vraiment de propre à l'homme, parce que ça doit être conscient, réfléchi, pesé et cela doit être construit en permanence.

Pour terminer, voilà six ans que vous avez mis le journalisme de côté pour vous consacrer à l'écriture. Est-ce qu'elle vous permet de vous alléger et d'aller bien ?

Oui, oui... Non parce que quand on écrit, on se pose toujours des questions sur ce qu'on a écrit. On se dit d'abord toujours que ça pourrait être mieux. Donc ce doute, je l'aurai toujours, mais ça me permet d'avancer en tous les cas, et ça me permet surtout de m'assurer que ma liberté sert à quelque chose.

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