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"La musique est mon premier amour, ma thérapie, ma drogue" : Camille Lellouche revient avec le single "N'insiste pas"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, l’humoriste, actrice et chanteuse Camille Lellouche.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
La chanteuse et actrice Camille Lellouche à Paris (France) le 29 septembre 2020 (LUCAS BARIOULET / AFP)

Camille Lellouche est actrice, humoriste et chanteuse. Elle se fait connaître du grand public grâce à des vidéos humoristiques et musicales sur YouTube en 2014 et à sa participation à l'émission The Voice sur TF1 en 2015. Depuis, il y a eu ce duo avec Grand Corps Malade, Mais je t'aime, Victoire de la musique de la chanson originale en 2021. À presque 35 ans, elle sort un nouveau single extrait de son futur album dont la sortie est prévue en 2021 : N'insiste pas.

franceinfo : N'insiste pas est devenue virale sur les réseaux sociaux et autres médias. L'interprétation prend aux tripes et sort des tripes. Comment est née cette chanson ?

Il faut savoir que dans mon spectacle d'humour, j'ai un personnage qui s'appelle "La Femme de Lenny", qui est une femme qui se fait battre et banalise la violence de son mari comme toutes les femmes, hélas, qui vivent cette situation. J'avais besoin d'en faire une chanson donc je l'ai écrite assez naturellement et surtout, j'ai essayé de l'interpréter au mieux.

Vous commencez la musique à quatre ans. Et à 10 ans, vous auriez dit  : "Je veux devenir chanteuse".

J'ai toujours senti que je voulais être chanteuse et donc je composais des petites choses. À l'âge de 11 ans, je composais déjà des choses assez gênantes du style : "Quand je vis ma vie, tous les mercredis..." un truc comme ça mais déjà chanteuse à textes !

Vous êtes la petite fille d'Yvon Sallaud, déporté et auteur du livre : Les coquelicots de la liberté et de Madeleine Kichelewski. Que vous ont transmis vos aïeux et vos parents ?

Mes grands-parents m'ont transmis énormément de valeurs comme le respect, d'être toujours juste avec les gens. L'éducation est très importante, la politesse est primordiale. On respecte tout le monde sauf ceux qui ne nous respectent pas. Beaucoup de bienveillance, de pudeur... Et puis on ne se plaint pas.

Comment faites-vous pour vous protéger avec cette sensibilité à fleur de peau qui vous caractérise ?

J'essaie de maîtriser mon hypersensibilité mais je ne me force pas non plus. Je pleure énormément depuis quatre, cinq ans. Avant, je ne pleurais pas beaucoup parce que je retenais beaucoup de choses. J'avais une fierté très mal placée, j'étais une petite conne très simplement. Entre 15 et 25 ans, on est là, on fait chier.

Je ne voulais jamais pleurer même quand j'avais une rupture sentimentale ou même en amitié quand je me disputais, je gardais tout et puis je faisais énormément de malaises. Je m'abimais le foie, l'estomac et un jour un médecin m'a dit : "Tu choisis, tu es jeune, c'est soit un cancer soit un ulcère". J'ai répondu : "Je n’aimerais bien ni l'un ni l'autre" et j'ai commencé à pleurer, beaucoup trop mais depuis que je pleure, j'ai un visage qui est beaucoup plus heureux.

Ce sourire a su conquérir une réalisatrice qui s'appelle Rebecca Zlotowski. Elle vous a repéré, vous étiez cheffe de rang. Vous avez travaillé plus de dix ans dans la restauration. Votre force ne réside-t-elle pas dans tous les petits boulots que vous avez fait pour payer vos loyers, les factures ?

Tout à fait. J'ai travaillé dans le quartier du Marais à Paris presque huit ans. Ce métier, c'est l'école de la vie. C'est un métier qui est très difficile, j'en ai déjà des séquelles à mon âge ! Je servais énormément de gens connus, des gens que je fréquente aujourd'hui, devenus des amis, c'est rigolo. J'ai appris à observer, j'ai appris à être patiente car je suis quand même très impulsive. On voit ceux qui n'ont pas du tout d'argent, ou énormément. On voit les contrastes, on voit les gens seuls.

Je me suis beaucoup inspirée de ce métier pour faire mon spectacle.

Camille Lellouche

à franceinfo

Je parle énormément de femmes seules que j'ai vues et pas forcément des femmes qui n'ont pas d'argent, des femmes d'un certain milieu social où tu les vois toutes seules et c'est aussi triste.

La solitude vous fait peur ?

Alors c'est très étrange parce que j'ai toujours aimé être seule pendant très longtemps et la notoriété venant, là ça devient un peu compliqué. J'évite au maximum de rester seule mais en vrai, à la base, ce n'est pas un problème. J'aimerais bien vieillir quand même avec quelqu'un !

Dans tout ce que vous faites finalement, il y a toujours ce liant qu'est la musique. Vous êtes montée sur scène avec des gens qui vous ont convaincus que vous étiez faite pour l'humour mais il y a toujours eu des petits interludes : guitare, voix. La musique est en vous ?

C'est vrai que c'est mon premier amour. Quand je ne suis pas bien... Je bois un verre de vin évidemment ! Mais plus sérieusement, la musique c'est ma thérapie, j'ai besoin de ça, c'est ma drogue.

L'humour est quand même une façon de dire des choses, faire passer ce qui est difficile.

Bien sûr, inconsciemment, c'est bien que la musique arrive maintenant même si je n'aurais jamais dit cela il y a encore quelques années. Avec l'humour, j'ai pu me protéger même en parlant de ces sujets comme la violence.

Je ne sais pas m'exprimer sans avoir une émotion.

Camille Lellouche

à franceinfo

Il n'y a pas de hasard non plus, N'insiste pas arrive derrière Mais je t'aime avec Grand Corps Malade et j'ai l'impression que c'est une espèce de montée en puissance de l'émotion, du couple, du partage.

En fait, j'ai chanté cette chanson à mon ex au bout de deux mois, on était ensemble donc ce n'est pas une chanson de rupture, on est restés trois ans ensemble. C'était une chanson où je lui expliquais : "Voilà, je suis névrosée. Je ne suis pas facile mais en revanche je vais tout te donner. Je ferai de mon mieux mais en tout cas, ce sera fort. Donc soit tu l'acceptes soit Salut". Du coup, ça a été "Salut" après trois ans !

Êtes-vous heureuse ?

Très heureuse. Je me rends compte depuis un an que je deviens vraiment la "bonne Camille", la Camille que j'étais petite-fille, mignonne, gentille, qui ne souffrait pas. Apaisée.    

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