Lara Fabian sort un nouvel album "Je suis là" : "la résilience, c'est faire d'un obstacle une opportunité"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Vendredi 29 novembre 2024 : l’auteure, compositrice et interprète Lara Fabian. Elle sort aujourd’hui son nouvel album "Je suis là" et prépare une nouvelle tournée qui débutera le 4 octobre 2025 pour se terminer le 25 mars 2026.
Article rédigé par Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
La chanteuse belge Lara Fabian se produit lors d'un concert au cinquième jour d'une visite d'État des Royaux belges au Canada à Montréal, Canada, vendredi 16 mars 2018. (BENOIT DOPPAGNE / BELGA MAG / AFP)

Depuis ses cinq ans, la musique l'accompagne, la guide, lui permet aussi et surtout de s'accomplir en tant que femme. Elle, l'hypersensible, l'artiste à fleur de peau. Lara Fabian était cette petite fille en manque de déclaration d'amour de la part de son père et longtemps en conflit avec sa maman. Ses parents n'avaient simplement pas les mots, ces mots essentiels dans la construction d'un être, mais ils ont tout donné, le peu qu'ils avaient en tout cas, pour qu'elle puisse accomplir son rêve et ce besoin de chanter avec plus de 25 millions d'albums vendus. Autant dire qu'elle a fait le bon choix et qu'elle a su conquérir le public depuis la sortie de son premier album éponyme en 1991.

Aujourd'hui, Lara Fabian sort le petit dernier, Je suis là et vient d'annoncer les dates de sa tournée 2025. Elle se déroulera du 4 octobre à Amnéville au 25 mars 2026 au Zénith de Saint-Étienne, avec deux passages à l'Accor Arena de Paris le 7 décembre 2025 et le 10 mars 2026.

franceinfo : Le fil conducteur de cet album, c'est la présence. Elle vient se confronter à l'absence, comme si vous aviez besoin de l'annuler.

Lara Fabian : Oui, c'est la présence qui gagne. J'ai la sensation que c'est plus une réponse par la beauté, quoi qu’il arrive, au travers de l'adversité, au travers des épreuves d'une vie qui nous impacte tous. Je pense que je ne suis vraiment pas l'unique femme qui a pu ressentir ou vivre ce que j'ai vécu dans l'enfance, qui par conséquent a vu se répercuter le miroir de ces absences dans le restant du parcours.

Il faut savoir affronter son enfance. Vous nous racontez ces chagrins assassins que vous avez vécu, qui ont un peu jalonné votre parcours. C'était un passage obligé aujourd'hui d'affronter ces "démons" ?

En fait, si ça peut contribuer, si ça peut être au service de l'autre, ça a un sens. Parce que moi, ce sont des choses que j'ai réglées. Je ne les règle pas en les écrivant ou je n'ai pas eu besoin de Je suis là pour trouver un espace où être entendue.

"La beauté de l'écriture, pour moi, aujourd'hui, c'est qu'elle me sert bien plus comme une interface vers l'autre et pas comme un endroit de guérison pour moi."

Lara Fabian

à franceinfo

Vous chantez Hypersensible, c'est vrai que vous parlez de l'autre regard, celui des autres qui peut nous impacter et aussi nous abîmer et vous clamez haut et fort à travers cette chanson, à quel point c'est important de garder notre différence.

Et notre hypersensibilité. Ça vient d'une discussion avec une jeune femme magnifique qui me disait : "Tu sais, moi mon problème c'est que je suis hypersensible" et j'ai fait une petite pause, j'y ai pensé et je lui ai dit : tu as raison, tu l'es comme chacun d'entre nous. "Ah non pas du tout, il y a des gens qui ne sont pas du tout sensibles ou hypersensibles et ils te l'écrasent dans la figure". Je lui ai répondu que les gens qui font le choix de faire l'économie de cette hypersensibilité, c'est parce qu'ils en connaissent le prix. Et l'espace vulnérable dans lequel ça nous fait rentrer, ne peut pas être perçu quand on en souffre, comme une force.

"On est tous hypersensibles. On a tous à certains moments, une façon ultra à fleur de peau de réagir face à ce qui nous impacte. Et c'est ok. Ce n'est pas une tare."

Lara Fabian

à franceinfo

Que représente cet album ? 

L'expression la plus libre de ce que je suis aujourd'hui, mais aussi surtout la volonté de contribuer et la volonté d'offrir Je suis là comme une missive à l'autre. Si tu n'as pas trouvé les mots pour dire certaines choses, peut-être qu'il existe dans Une fleur à la bouche, si tu avais envie de parler de ton enfance peut-être que Je suis de toi te correspond.

Vous chantez Je t'ai cherché, c'est votre dernier single. Vous faites une déclaration d'amour avec de la nostalgie un petit peu et en même temps une résilience. La résilience, c'est la clé alors ?

Pour moi, la résilience, c'est faire d'un obstacle une opportunité. Comprendre que dans cet obstacle, il y a beaucoup de nourritures, parfois pas très faciles à avaler, c'est vrai, et donc dans Je t'ai cherché, c'est que fait-on du temps au travers d'une grande histoire d'amour ? Est-ce qu'on peut en faire un allié ou est-ce qu'on décide que ce temps définit le temps imparti ?

Cela prouve qu'il y a toujours ce feu !

La paix n'exclut pas le feu. La sérénité n'exclut pas le feu. On peut être serein au bord de la cheminée en regardant avec énormément d'intensité et de joie ce qui crépite.

Dans cet album. Il y a deux chansons qui nous cueillent totalement. Il y a Une fleur à la bouche et Je suis de toi avec laquelle vous terminez cet album. Vous parlez à tous les parents, à toutes les personnes qui partagent la vie de celles et ceux qu'ils ont mis au monde. C'était important pour vous de le dire à voix haute, que tout va bien aujourd'hui ?

Bien sûr, et puis de dire merci. De dire merci, je te le dois. Si je suis là, si je suis en vie, c'est parce que je te porte en moi et qu'une part de toutes ces cellules transmises ainsi que les casseroles transmises font de moi qui je suis aujourd'hui. Merci pour ça.

Un mot sur la tournée. Ça commence le 4 octobre prochain. Deux dates à Bercy. Ça représente quoi de monter sur scène, de rencontrer votre public aujourd'hui, qui est d'une fidélité absolue ?

C'est un engagement absolu. Je prends ça très, très au sérieux. Je le prends presque au sens athlétique du terme, parce qu'il y a une réalité. À côté de "je monte sur scène, c'est chouette", on va aller voir notre public, cela requiert en fait d'être debout sur une scène trois, quatre, cinq, voire six fois par semaine, ce qui va être mon cas. C'est une tournée très dense. Donc, je vous dirais, ça représente la reconnexion à toutes les vraies raisons pour lesquelles je fais ce métier.

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