Marc Lavoine détaille les secrets de la chanson "Le protocole" : "On est dépassé par un monde qui est en train de s'écrouler"

Marc Lavoine est l’invité exceptionnel d'Élodie Suigo du 30 décembre 2024 au 3 janvier 2025. Après son album "Revolver" sorti en octobre, avec ses plus grands tubes en version symphonique, il sera en tournée dans toute la France du 24 avril au 14 juin.
Article rédigé par Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Marc Lavoine, à Bruxelles, le 25 juillet 2021. (JEAN-MARC QUINET / MAXPPP)

L’auteur, interprète et acteur Marc Lavoine, est l’invité exceptionnel du Monde d'Élodie Suigo vendredi 3 janvier. Il nous accompagne en musique et à travers les petits et grands écrans depuis 40 ans et son tube Elle a les yeux Revolver. Pour célébrer l'occasion, il sort un album anniversaire, Revolver, composé de 18 de ses tubes agrémentés de quatre titres inédits avec l'Orchestre symphonique de la radio bulgare. Il sera également sur scène à compter du 24 avril prochain et jusqu'au 14 juin, pour une tournée électro symphonique dans toute la France.

franceinfo : Vous êtes multicasquette, les gens vous aiment à travers le petit et le grand écran en tant qu'acteur, notamment avec Le cœur des hommes.

Marc Lavoine : J'arrête le cinéma. Mais, il y a la musique et puis, il y a surtout la littérature. Le théâtre aussi, j'aimerais bien refaire du théâtre.

Pourquoi arrêtez-vous le cinéma ?

On doit courir plus vite que son ami, faire des castings. Il faut faire partie d'une équipe, d'une bande et moi, je n'ai aucune bande. J'ai des amis très forts, très intimes, c'est mon choix. Le cinéma est moins nourrissant aujourd'hui, mais peut-être que ça va changer parce que tout le reste a bougé. C'est vrai que j'aime beaucoup Gilles Lellouche, il réalise de très bons films, mais les places sont prises, le casting est fait. Ça m'a plu de jouer avec Claude Chabrol, Tony Gatlif, Pierre Schoendoerffer ou encore avec Pierre Boutron. Chien de la casse m'a beaucoup plu, j'avoue que j'ai pris une baffe et donc, la nouvelle génération va peut-être faire des choses formidables, mais elle n'a pas besoin de moi.

"Je ne suis pas un acteur, je suis quelqu'un qui joue dans des films pour raconter des histoires."

Marc Lavoine

à franceinfo

La musique, c'est votre plus belle histoire d'amour ?

Je dirais l'écriture. Écrire des textes, c'est ce qui me tient en vie. Je respire ça. Après, j'ai besoin de musique. J'en ai fait quelques-unes, mais les compositeurs avec lesquels je me suis associé, Julien Clerc, par exemple, tu ne sais pas d'où vient sa musique. Qui compose comme lui à part Nino Rota ? C'est complètement inventé et c'est difficile d'inventer de la musique. C'est très difficile d'avoir un style. Fabrice Aboulker sur l'album, il a fait une chanson qui s'appelle Je me souviendrai de vous, c'est magnifique la façon dont il a écrit sa mélodie qui est là, sentie, mais pas vraiment déclarée. 

Il y a quatre inédits dont Le protocole. Cette chanson nous attrape totalement.

C'est une chanson qui interroge à l'intérieur. Évidemment, je parle de cette ivresse dans laquelle on se met pour échapper à un monde qui nous fait peur. Franchement, moi, j'en ai peur. On parle d'accepter une forme de peine de mort et c'est affreux. On est dépassé par un monde qui est en train de s'écrouler d'une certaine façon. Petit à petit, on voit bien que ça s'écroule, que les gens sont comme des Playmobil. Cependant, c'est une chanson qui est très espérante, il y a de l'espoir parce qu'à la place de dire "no future", je dis "oui futur", j'y crois.

"Je crois au futur mais on passe un moment douloureux. C'est comme ça que j'ai voulu écrire ‘Protocole’ et j'espère que c'est réussi."

Marc Lavoine

à franceinfo

Quel regard portez-vous sur tout ce parcours sur ce que vous avez déjà accompli, apporté, vécu ?

J'ai de la chance parce que franchement, il faut en avoir un peu. Il faut être courageux et bien entouré. Si je n'avais pas eu cette autonomie, je serais mille fois tombé. J'avoue que d'être libre dans l'espace du travail et dans la création, d'avoir construit avec mes amis les maisons qu'on a construites, les chansons qu'on a faites, les films, les romans, c'est une chance. À chaque fois, j'ai remis mon titre en jeu et à chaque fois, les gens m'ont dit "oui" puisque je passe encore à la radio. C'est rare de passer longtemps à la radio et je remercie beaucoup les gens. La dernière image que j'aurai en tête, c'est sûrement le visage de ma mère, elle m'a rendu très heureux. Depuis qu'elle n'est plus là, elle me rend très heureux. Je crois avoir trouvé une forme de fin, je crois avoir trouvé la fin et ça, c'est bien.

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