Marc Lavoine revient sur son titre "C'est ça la France" : "Quand on écoute bien le texte, quand on le lit, c'est pensé"

L’auteur, interprète et acteur Marc Lavoine, est l’invité exceptionnel du Monde d'Élodie Suigo du 30 décembre au 3 janvier. En octobre dernier, il a sorti "Revolver" composé de ses 18 plus grands tubes en version symphonique. Il sera en tournée dans toute la France du 24 avril au 14 juin.
Article rédigé par Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
Marc Lavoine, le 31 mai 2022, à Paris. (STEPHANE CARDINALE - CORBIS / CORBIS ENTERTAINMENT / VIA GETTY)

L’auteur, interprète, acteur et écrivain Marc Lavoine, est l’invité exceptionnel du Monde d'Élodie Suigo du 30 décembre 2024 au 3 janvier 2025. Cinq jours pour revenir sur des moments forts de sa carrière avec cinq de ses chansons. Lorsqu'on écoute son album anniversaire Revolver composé de 18 de ses tubes agrémentés de quatre titres inédits avec l'Orchestre symphonique de la radio bulgare, il est impossible de ne pas se remémorer des moments de vie. Il sera également sur scène à compter du 24 avril prochain et jusqu'au 14 juin, pour une tournée électro symphonique dans toute la France.

franceinfo : Vos chansons ont marqué nos vies. Cela fait quatre décennies qu'on vit les chansons à travers vous et à travers nous puisque quelque part, vous vous nourrissez aussi du public. Quelle relation avez-vous avec ce public ?

Marc Lavoine : C'est compliqué les relations parce que moi, je fais du spectacle, donc sur scène et dans la rue, ce n'est pas la même chose. Le matin, quand je me réveille, je suis moi. Je me rase, je prends ma douche et je sors. Quand je sors, je sais que les téléphones vont s'allumer et donc c'est cette jointure entre la distance et la proximité qu'il ne faut pas rater. Par exemple, un jour j'étais en vacances avec une actrice très connue, elle venait de faire un énorme succès et elle me demande : "Que fais-tu ? Je vais aller à la fête foraine avec les gosses. Tu vas à la fête foraine ? Bah oui, Viens ! Ah non, je n'ose pas y aller. Si tu les regardes dans les yeux, ça se passera bien". Elle est venue et m'a remercié. Je pense que sa vie a changé ce jour-là. Elle a compris un truc, elle a compris qu'on se doit d'être là, pas de regarder ailleurs. On se doit d'être là, d'être dans les yeux des gens parce qu'ils ne sont pas des statistiques, ce sont des gens qui existent et nous existons grâce à eux.

Il y a un engagement à travers vos chansons, car vous ne chantez pas que l'amour. Il y a ce besoin que vous avez toujours eu, à travers des chansons, de dire des choses, de vous positionner.

On n'est pas sur l'instant, on n'est jamais seul, c'est toujours collectif. La chanson est collective. Ce n'est jamais moi qui dis: "résiste ou bien fais ci, fais ça, lève ton poing et va manifester". Je ne dis pas ça aux gens parce qu'il y a des enfants qui se font taper sur la gueule dans la rue et ils peuvent mourir. Et puis l'idée peut être bonne aujourd'hui et elle ne le sera peut-être pas demain. Il faut se méfier. Je suis un peu comme Georges Brassens là-dessus.

"Il faut faire attention à ce qu'on dit, car quand on dit quelque chose, on est responsable de ce qui peut se passer. La colère est inutile, l'agressivité non plus. Il faut penser."

Marc Lavoine

à franceinfo

Dans C'est ça la France, quand on écoute bien le texte, quand on le lit, c'est pensé. Quand je dis "Pierre Bérégovoy", c'est pensé. Il faut toujours se référer aux gens qui ont réussi leur coup. Il ne faut pas s'engager avec légèreté.

Dans Paris, par exemple, il n'y a pas de slogan, c'est sans militantisme, mais vous dites les choses.

Oui, et quand je la chante avec Souad Massi, elle prend une force parce que cette chanson a voyagé, elle est partie en Algérie et d'un coup, dans les salles, quand je vois qu'il y a des Algériennes et des Algériens plus nombreux qu'avant, c'est grâce à Souad Massi. C'est comme quand j'ai chanté avec Princesse Erika, chaque fois que je fais quelque chose, c'est pensé. Je rêve de ton cul est aussi pensée parce que je sais que ça va déplaire à certaines personnes et ça me va.

En 1996, sort C'est ça la France. C'est une réponse à Jean-Marie Le Pen.

Alors oui, comme Chère amie qui est une réponse à Partir quand même. Je n'aime pas dire ces mots, Je n'aime pas dire "Georges Marchais" ou "Jean-Marie Le Pen", mais c'est le côté quand il a regardé ce match de foot en 1996 et de dire : "Ce n'est pas ça la France". Et pourtant, c'était la France telle que je la connaissais. Donc on ne connaissait pas la même, ou alors nous n'avions pas envie de voir la même. Il y a des chansons sur lesquelles le langage est bien, mais quand on voit les choses qu'on est en train de raconter, ça clarifie. Le clip est donc très important et on a dressé la liste de tous les gens français ou pas français qui ont construit la France. On l'a fait à partir de photos, des portraits anthropologiques, de face, de profils, mais il fallait que ce clip fasse le trou. Quand tu as une chanson comme ça, si tu fais un clip à la con, ce n'est pas sérieux. Et là, la chanson était très importante.

"Je voulais vraiment que 'C'est ça la France' soit intemporelle et qu'elle plaise à des gens de droite et de gauche, mais pas à tout le monde."

Marc Lavoine

à franceinfo

L'album n'a pas été simple, c'est un album où il y avait beaucoup de contradictions.

D'ailleurs, la maison de disques était contre la sortie de cette chanson.

Elle était contre Elle a les yeux Revolver, Parking des anges aussi. Il y a pas mal de chansons qui seraient passées à la trappe. Je vais vous dire une chose, ils étaient contre Catherine Ringer. Moi, je ne juge personne, tout le monde peut se tromper. Mais j'étais sûr de mon coup parce que je préférais que ça ne marche pas, mais au moins, c'était fait comme j'avais envie de le faire.

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