Marie-Paule Belle fête ses 50 ans de carrière en chanson et en concert : "Quand je me livre, c'est le plus difficile"
En 1988, Jean-Claude Brialy avait convaincu Marie-Paule Belle de monter sur scène pour jouer, Si jamais je te pince d'Eugène Labiche avant d'interpréter, en 2006, Les Monologues du vagin avec Micheline Dax et Sara Giraudeau. Cependant, sa principale passion reste la musique, une passion qui l'anime depuis ses neuf ans avec comme complice Michel Grisolia. C'est la disparition de sa mère qui l'a poussée à vivre son rêve, celui de chanter. En 1973, elle recevait le prix de l'Académie Charles Cros pour son album Wolfgang et moi, avant d'entamer une tournée avec Serge Lama qui lui a appris le métier. Pour célébrer ses 50 ans de carrière, elle sera en concert le 2 novembre aux Folies Bergère, accompagnée de son dernier album, Un jour entre mille.
franceinfo : Dans votre album, vous chantez que vous courez après le temps et que votre piano ne chante plus comme avant. Pourtant, ce qui n'a pas changé, c'est votre amour pour la musique.
Marie-Paule Belle : Oui, je suis presque née avec puisque j'ai commencé le piano à trois ans et demi. C'est maman qui m'avait donné les premières leçons et pour moi, une maison où il n'y a pas de piano, c'est une maison morte. Même si je ne m'en sers pas, j'ai besoin qu'il soit là.
Cette mère a été au cœur de cet amour de la musique. Comment vous a-t-elle transmis ce flambeau familial ?
Déjà, elle jouait très bien du piano, donc je l'admirais et dès qu'elle se mettait au piano, j'écoutais. Après, quand je répétais ou que je jouais moi-même, elle était dans la cuisine qui était séparée d'un couloir de la chambre où j'avais mon piano. Elle criait : "Non, pas comme ça !" Et quelques fois, elle quittait la cuisine pour venir dans ma chambre et elle me montrait. C'était vraiment un accompagnement permanent.
Votre père était médecin et, normalement, la tradition familiale était qu'on devient médecin de père en fils ou en fille, et que ça traversait les générations. Sauf qu'un beau jour, vous vous êtes dit : "Ce n'est pas ça que je veux faire". C'est surtout une patiente de votre père qui a entendu votre voix, qui a réussi à le convaincre que vous veniez chanter lors de la fête des mères.
Oui. Moi, je n'y pensais pas vraiment, mais à partir de ce moment-là, je me suis dit, c'est possible. Quand on prend du recul et qu'on voit comme ça son chemin, je pense qu'il n'y a pas de hasard et je pense que quelque part, on suit ce qui a été créé.
Quand vous avez voulu sortir cet album, Un jour entre mille, les maisons de disques ne vous ont pas ouvert les portes du tout, bien au contraire. Vous avez décidé de le produire toute seule et vous êtes à cœur ouvert à l'intérieur de cet album. Qu'est-ce qu'il représente pour vous ?
C'est le plus personnel parce que c'est l'album où j'ai peut-être le plus écrit de textes. Je me livre beaucoup plus que dans les autres. J'avais assez peur.
"C'est très autobiographique et c'est ma rencontre avec Françoise Mallet-Joris, qui a été ma compagne et l'amour de ma vie. Je me suis livrée complètement."
Marie-Paule Belleà franceinfo
Est-ce que c'est dur de lâcher prise pour vous qui avez toujours eu une armure et qui vous êtes toujours protégée ?
C'est très dur parce que, même quand j'étais petite, je cachais mes émotions. J'ai toujours fait le clown, même lorsqu'à l'intérieur ça n'allait pas. Je faisais rire les copines et je me suis toujours sauvée par le rire. Donc, quand je me livre et que je suis transparente, pour moi, c'est plus difficile.
Qu'est-ce que c'est le bonheur, selon vous, parce qu'on se pose la question en écoutant cet album ?
L'absence de malheur. Je ne pense pas que le bonheur existe comme ça, en continu. La vie joue au yo-yo et donc les moments de joie et de bonheur prennent beaucoup plus d'importance quand on remonte la pente ou quand la roue tourne.
"Ma mère me disait toujours : 'Quand tu es en haut de la roue, comme elle tourne toujours, n'oublie pas que tu vas descendre. Quand tu es en bas, tu ne peux pas être plus en bas, donc tu vas toujours remonter.'"
Marie-Paule Belleà franceinfo
Il y a un compagnon de route qui vous a jamais quittée et qui ne vous quittera jamais, c'est le piano. C'est important aussi de vous recentrer sur l'essentiel ?
C'est ma respiration. C'est comme une personne. J'en avais parlé avec Barbara au téléphone et une fois, je n'avais pas d'inspiration et j'avais du mal à trouver quelque chose qui m'intéresse. Je lui ai dit : "Oh là là, le piano ne me parle pas". Et elle m'avait dit : "Mais s'il boude, attends qu'il ait fini de bouder et il va te reparler !"
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