Patrick Chesnais : "La vie est belle, je me tue à vous le dire"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, le comédien, réalisateur et écrivain Patrick Chesnais pour son deuxième livre, "La vie est belle, je me tue à vous le dire" aux éditions de l'Archipel.
Après un premier livre Il est où Ferdinand - Journal d'un père orphelin (Michel Lafon, 2008), Patrick Chesnais poursuit l'écriture de son journal intime dans ce deuxième livre. Il y parle bien sûr de son fils Ferdinand (disparu dans un accident de voiture à 20 ans) puis livre des anecdotes sur sa famille, ses amis, ses rencontres, avec humour, émotions et parfois l'ironie qui le caractérisent.
"Je veux toujours avoir un temps de plus"
Patrick Chesnais n'est pas un homme pressé mais il aime avoir un temps d'avance : "Je veux toujours avoir de l'avance". Il profite de l'instant présent mais n'oublie pas pour autant un prochain rendez-vous, sans s'expliquer le pourquoi.
Et c'est avec toute sa pudeur que La vie est belle, je me tue à vous le dire démarre au moment où il doit aller reconnaître son fils à la morgue. Un recul nécessaire : "J'ai voulu garder une distance avec l'émotion et même distance que je garde au-delà du livre, que j'avais aussi dans la vie". Sa douleur s'est un peu transformée, a évolué aussi comme la vie mais il maintient cette distance pour ne pas tomber dans des zones sombres.
Je ne me laisse pas aller au sentimentalisme même si mon chagrin est toujours là.
Patrick Chesnaisà franceinfo
"Le divertissement est une pratique d'esquive"
La deuxième page de son ouvrage s'ouvre par cette phrase de Blaise Pascal : "Le divertissement est une pratique d'esquive", un adage pour Patrick Chesnais qui raconte sa rencontre précoce avec le théâtre avec son père qui lui en installe un dans sa chambre : "C'était une planète, ce n'était pas fait pour moi" car à l'époque c'est plutôt le football qui l'attire "alors que jouer la comédie, au théâtre, à la télé ou au cinéma, ça me paraissait très lointain, inaccessible, c'était un truc de Parisien, ce n'était pas mon monde". Mais il se rend vite compte qu'il ne fera pas carrière dans le sport et se tourne résolument vers l'actorat.
A 16 ans, "tordu de trac", il interprète au Conservatoire de Rouen Les animaux malades de la peste de Jean de La Fontaine : "Après il y a eu un grand silence et j'ai senti que j'avais bien réussi mon coup" et le professeur et acteur Jean Chevrin décèle en lui tout un potentiel après son interprétation et prend la parole comme un signal de départ : "Très peu seront professionnels (...) même très très peu (...) et puis de temps en temps, on rencontre par hasard et par chance quelqu'un qui fera une grande carrière et Patrick Chesnais est de ceux-là". Patrick Chesnais se retrouve au Conservatoire national supérieur d'Art dramatique de Paris où il reçoit le Premier prix de la comédie en 1968.
Théâtre et cinéma
Ce parcours, il le doit aussi au soutien indéfectible de ses parents dont il a reçu beaucoup d'amour et dont il parle beaucoup dans cet ouvrage comme un hommage : "Drôles, rigolos. Ils étaient drôles, ils ne ressemblaient à rien de répertorié sur la planète Terre" et il se remémore son père tout sourire quand il reçoit ce premier prix, un sourire "cabossé", résultat de son arrestation par la Gestapo : "C'était touchant, c'était émouvant". Des prix, Patrick Chesnais en recevra d'autres comme le César du meilleur acteur dans un second rôle en 1989 pour La lectrice de Michel Deville.
Après avoir joué pour les autres Patrick Chesnais éprouve le besoin de réaliser son propre film et passe derrière la caméra tout en restant devant. Ca donne Charmant garçon en 2001 avec un personnage qui lui ressemble.
J'aime bien les personnage qu'on a du mal à discerner dans un premier temps, on ne sait pas s'ils sont antipathiques, insupportables ou fermés ou pas agréables. Et petit à petit on se rend compte qu'ils ont du coeur, une fragilité peut-être encore un peu plus que les autres.
Patrick Chesnaisà franceinfo
La vie est belle, je me tue à vous le dire est pour lui une façon de laisser une trace vivante de ce qu'il est, de son enfant trop tôt disparu, de rendre hommage à ceux qui ont croisé sa route, les belles et les moins jolies rencontres.
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