Pour Hugues Aufray, Bob Dylan était "un génie !"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, l’invité est l’auteur-compositeur-interprète, guitariste et sculpteur Hugues Aufray qui revient avec un nouvel album intitulé "Autoportrait".
Derrière l’auteur-compositeur-interprète, il y a aussi le peintre Hugues Aufray. Sur la pochette de son nouvel album Autoportrait, cet éternel troubadour nous montre le sien (1999), une façon de montrer ses talents cachés auxquels désormais il se consacre un peu plus : "Je voulais être peintre, je voulais être sculpteur, je n’avais pas à choisir mais j’avais ça dans la peau et ayant passé le Cap Horn de la vie, à 90 ans, j’essaie un petit peu de défier le temps", confie-t-il.
Hugues Aufray revient au micro d'Elodie Suigo sur son parcours et les moments qui ont marqué sa vie. Jusqu’à ses 5 ans, c’est une nurse qui s’occupe de lui jusqu’à ce que le professeur Debré, médecin de la famille, explique à sa mère qu’il est en train de lui échapper : "C’est à ce moment-là que je rentre dans les jupes de ma mère, que je vais la suivre partout, dans les concerts, dans les galeries de peinture et je vais voir les plus grands musiciens", raconte l'artiste.
Hugues Aufray doit également faire face à des handicaps : "Hypergauché qui écrivait de droite à gauche", dit-il. Il entre à l’école à l’âge de 12 ans, en 6ème, souffre d’énurésie jusqu’à l’âge de 15 ans et de dyslexie. Ses parents divorcent et son père sera le grand absent de son enfance. Avec beaucoup d’admiration et surtout d’émotion, il évoque aussi son second frère, Francesco, son moteur et bien plus encore : "Un garçon extraordinaire qui m’a élevé (…) Il avait une voix magnifique pour devenir un grand chanteur d’opéra mais malheureusement il a décidé de quitter la vie volontairement à la suite d’un grand chagrin d’amour, et Francesco, mon frère, m’a laissé orphelin".
J’ai eu une éducation, à partir de 5-6 ans, d’adulte (…) Je crois que j’ai été entouré de gens exceptionnels. Il est évident que ces handicaps que j’ai surmontés ont fait de moi ce que je suis
Hugues Aufrayà franceinfo
Ses rencontres avec Bob Dylan et Martin Luther King
C’est en 1961 qu’il découvre Bob Dylan lorsqu’il est à New York avec Maurice Chevalier. L’année suivante, il revient dans la Grande Pomme et chante au Blue Angel avec Peter, Paul & Mary (folk singers) et il raconte que c’est grâce à eux qu’il rencontre Bob Dylan, ajoutant, amusé : "Il était totalement inconnu, même ses parents ne savaient pas qu’il s’appelait Bob Dylan !" Hugues Aufray est un des premiers à faire des reprises de l’artiste américain. Et c’est en 1984, qu’ils chantent en duo : "Et voilà, c’était le choc... Qui demeure d’ailleurs. C’est un génie !"
Hugues Aufray est aussi un homme engagé et c’est ce que l’on écoute dans deuxième titre de son album, La ballade de John Henry (héros folklorique américain mythique, symbole du travailleur, né esclave et rebelle, d’après la légende). Il met en lumière les gens "de peu", comme il dit, ceux qui se battent tous les jours pour survivre. Il y dénonce le racisme ordinaire. C’est en 1966, date à laquelle il participe au premier concert contre le racisme au palais des Sports de Paris qu’il lui déclare la guerre. Et cette aussi à cette occasion qu’il chante pour Martin Luther King la chanson Les crayons de couleurs. Un moment inoubliable : "Avec Martin Luther King. C’est quand même la plus grande rencontre de ma carrière."
S'il y a des jeunes qui m’écoutent, je veux qu’ils ne désespèrent pas. On n’est pas de plus en plus racistes. Si Martin Luther King revenait aujourd’hui, il serait fier de voir que les plus beaux mannequins du monde sont des noirs, qu’il y a des grands comédiens noirs partout, de grands chanteurs noirs partout, des grands producteurs de cinéma. Non, on ne marche pas à reculons mais il y a quand même beaucoup de travail à faire.
Hugues Aufrayà franceinfo
Celui dont cinq écoles maternelles et primaires et deux salles de spectacle portent le nom n’a qu’une hâte : retrouver la scène. En ces temps incertains liés au Covid, il sera a priori le 28 novembre à Digne-les-Bains et le 12 décembre à la Scène Musicale de Boulogne-Billancourt, avant de partir en tournée. Quoi qu’il arrive, il est prêt à s’adapter, comme toujours : "Je vis de ma musique avec la musique, je ne peux pas m’en séparer, même si demain il n’y avait plus que 30 personnes dans la salle. Je sais ce que c’est, j‘ai chanté pendant longtemps devant 30 personnes, c’est beaucoup plus difficile que devant 80 000."
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