Sanseverino : "L'engagement sert plutôt à rassembler les gens du même avis plutôt qu'à faire changer les trucs"
Pour expliquer quel comédien et musicien est Sanseverino, il faut prendre un grand shaker, mélanger une grosse dose d'humour, une grosse dose de poésie, de swing manouche, de rock avec une pincée de blues, une autre de tango, deux cuillères à soupe d'engagement et de théâtre et on y est. "C'est la description de l'être humain", comme il le précise et ce qu'il est puisque c'est en parcourant le monde avec son père pour son travail qu'il a découvert la musique tzigane et plus tard, Django Reinhardt. Deux points de départ qui lui ont donné envie à son tour de prendre les instruments : guitare et banjo. Il y a eu les Frères Tamouille, sa première troupe, puis le cinéma et Les Voleurs de poules. Et enfin une carrière solo avec à la clé le prix Charles Cros et une victoire de la musique pour son album Le Tango des gens. Aujourd'hui, Sanseverino est de retour avec un nouvel album intitulé C'était mieux maintenant.
franceinfo : C'était mieux maintenant, ce sont 11 titres inédits interprétés avec toujours la même énergie. Une tournée a démarré en parallèle dans toute la France. La question est donc posée : est-ce que c'était mieux avant ?
Sanseverino : Non. Je fais partie de ceux qui disent que ce n'était pas mieux avant. D’autant plus que dans ma tête, je pense plutôt aux jeunes gens qui ont, aujourd'hui, entre 15 et 30 ans et pour qui l'avenir est un peu assez incertain, assez flippant. À mon âge, je connais tout un tas de gens qui disent qu'avant, c'était mieux pour X raisons. C'est un ramassis de bêtises ! En fait, ce n'était pas mieux avant, quand c'était Giscard, quand c'était de Gaulle, etc. En gros, l'humanité et le reste avancent, ça bouge et ce n'était pas mieux avant. Il y avait d'autres tares avant, c'était juste qu’eux ont perdu leur jeunesse.
C'est un album engagé. Vous dites ce que vous pensez. Vous dites que nous sommes tous devenus d'abominables fonctionnaires, la définition précise du prolétaire, s'il y avait moins d'inégalités sociales, il y aurait zéro travail. Le constat est quand même assez lourd.
Zéro travail est une chanson sur le fait qu'on est plein d'artistes, disons de gauche, à défendre les gens dans le besoin, les SDF, etc. Mais on demande quand même des cachets donc, je veux dire que le jour où il n'y a plus d'inégalités sociales, plus de guerres, plus de gens pauvres, dans le besoin, nous, on perd un sujet quand même.
"Parfois, je trouve cela dur de dire : 'allez, défendons les SDF' alors que nous, les artistes, on vit bien en fait. L'idéal serait de partager."
Sanseverinoà franceinfo
Et en même temps, vous avez toujours été cet artiste libre par excellence qui a toujours montré le chemin de ne jamais rien céder sur le terrain de l'engagement, des convictions.
C'est facile pour nous les artistes, d'avoir zéro compromis parce que ce n'est pas si grave que ça ! Si je faisais une chanson en disant tel et tel dictateur, ce n'est pas bien, c'est mal, vous devriez crever etc. En fin de compte, il n'y a que 3 000 personnes qui achètent le disque, donc personne n'est au courant. L'engagement sert plutôt à rassembler les gens du même avis plutôt qu'à faire changer les trucs, à mon humble avis.
Dans Phrases de Mandela, vous en donnez une qui est : "Si au lieu de construire des murs, on construisait des ponts" et vous en rajouter une "Et si on construisait des écoles plutôt que de construire des prisons". C'est quand même important d'apporter sa pierre à l'édifice ?
Je n'ai rien à perdre et ça ne coûte rien de proposer. Je trouve qu'on pourrait éviter l'emprisonnement. Pour certains c'est obligatoire, mais il y en a d'autres pour qui ce serait pas mal de faire autrement.
Quand on vous écoute et qu'on écoute le disque, on peut déjà le projeter sur scène.
Comme tout ça est enregistré en même temps ensemble, en live, ça ressemble à un concert, ça ressemble à du live et c'est fait pour ça en fait.
"Les disques , maintenant, ne sont jamais que des preuves pour pouvoir faire des concerts. Ce n'est plus tellement un objet vendable."
Sanseverinoà franceinfo
Pour terminer, Orgueil orgueil. Êtes-vous orgueilleux ?
Oui, j'ai eu des ennuis avec ça. Je suis orgueilleux comme tout le monde. En plus, plus je vieillis, plus l'orgueil s'épaissit comme un vieux cuir qu'on ne finira jamais tanné.
Cet album, c'est le franc-parler de Sanseverino, c'est cette insouciance aussi que vous avez réussi à conserver?
Parfois, je me dis est-ce que cette insouciance est vraie ou est-elle fausse ? Est-ce que parfois, je ne fais pas un peu le mec insouciant our cacher quelque chose ? Oui, j'ai des propres tares que j'essaye de contrôler et tout doucement d'écrabouiller en douceur.
Sanseverino sera en concert le 13 décembre à Épinal, le 11 janvier 2025 à Aubergenville, le 18 à Annemasse ou encore le 20 février au Touquet.
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