Sheila revient sur son titre culte : "Vous les copains, je ne vous oublierai jamais"
Toute cette semaine, Sheila est l’invitée exceptionnelle du monde d’Elodie. Un tête-à tête en chansons. Aujourd’hui, elle nous parle de "Vous les copains, je ne vous oublierai jamais".
Depuis 60 ans, Sheila nous accompagne avec des tubes, des danses, des shows aussi, une carrière dont peu d'artistes peuvent se vanter. Tout démarre en 1962 avec les titres : Jolie petite Sheila et L'école est finie qui la propulse sur le devant de la scène. Son nouvel album Venue d'ailleurs est sorti il y a quelques mois. Pour raconter ses six décennies de carrière, elle évoque toute cette semaine les titres incontournables et marquants de son parcours. Aujourd'hui, Vous les copains, je ne vous oublierai jamais.
franceinfo : Depuis Jolie petite Sheila et L'école est finie, se sont écoulées 60 ans de carrière. Vous vous attendiez à cela en démarrant ?
Sheila : Non. Mais on ne s'attend à rien. Je me dis déjà que les gens chantent mes chansons, c'est formidable. J'ai surtout appris à faire mon métier que je ne connaissais pas. Mais non, on ne peut pas se projeter, personne ne se projette. On ne peut pas imaginer ça, c'est juste un truc de fou et ça fait peur.
Saviez-vous que la chanson allait faire partie de votre vie ? Ce n'était pas du tout ce que vous visiez au départ.
Non. Au départ, je visais la danse. Je voulais être Marie-Claude Pietragalla ! Après, j'ai bien sûr eu la chance de beaucoup danser par rapport à tout ce que j'ai fait. Mais ce qui est important, c'est de se rappeler qu'à cette époque, c'était une espèce d'engouement. Personne ne se projetait, mais tout le monde avait envie d'y aller. Et puis, on ne se dit pas :"Dans dix ans, je serai encore là", on se dit juste : "Mais ce que c'est bien !" Il ne faut pas oublier que cinq, six ans auparavant, les jeunes n'avaient pas la parole, cela explique cette espèce d'engouement et l'ouverture pour des gamins qui n'ont jamais eu le droit de rien dire. De pouvoir la ramener, c'était bien.
Comment avez-vous vécu le fait de devenir la coqueluche de la jeunesse ?
La gloire, être très connue, c'est la privation de liberté. À cette époque-là, je me suis retrouvée à ne plus pouvoir sortir, avec des gens sur mon paillasson, certains m'attrapaient des affaires parce qu'ils voulaient un souvenir, essayaient de me voler les rubans des couettes. Ça m'a donné la peur du public, la peur des foules parce qu'on se demande ce qui se passe. Tu perds ta liberté, tu deviens un peu prisonnière d'une gloire, enfin une gloire éphémère pour le moment.
Être la coqueluche des jeunes, c'est à la fois le bonheur et à la fois l'angoisse
Sheilaà franceinfo
La gloire, être très connue, c'est la privation de liberté. À cette époque-là, je me suis retrouvée à ne plus pouvoir sortir, avec des gens sur mon paillasson, certains m'attrapaient des affaires parce qu'ils voulaient un souvenir, essayaient de me voler les rubans des couettes. Ça m'a donné la peur du public, la peur des foules parce qu'on se demande ce qui se passe. Tu perds ta liberté, tu deviens un peu prisonnière d'une gloire, enfin une gloire éphémère pour le moment.
Le troisième disque Pendant les vacances va également être un raz-de-marée dans les ventes. Il y a quand même un symbole de liberté, c'est votre Première surprise-partie sans vilain jeu de mot. C'est l'image que vous véhiculez dès le départ.
Bien sûr. Je véhicule la joie de la jeunesse qui s'exprime, qui commence à sortir. Avec le recul, je pense avoir été la gamine qui sortait de nulle part, qui faisait les marchés avec ses parents, pas du tout dans la musique et on pouvait donc en réalité y arriver. C'était la possibilité pour n'importe quel jeune de mon âge d'être capable de chanter. Je crois que je correspondais vraiment à la jeunesse de l'époque. J'étais un peu la bonne copine, rassurante pour les familles. Je ne suis pas quelqu'un qui fait trop de scandales à cette époque et donc c'était plutôt cool. C'est marrant, parce que depuis le début, j'ai toujours eu un public de filles. En principe, tu as des mecs, mais pas de filles et bien là, pas du tout, j'avais plein de copines.
L'année 1964 est forte en émotions puisque vous allez être victime d'une rumeur. C'est vraiment quelque chose qui vous a complètement anéanti.
Quand tu fais la une d'un journal, tu es contente, mais quand on commence à attaquer ta vie intime, c'est horrible, tu n'es pas préparée. Ma première réaction a été de me jeter dans les bras de mes parents. Attaquer la sexualité d'une fille de 17, 18 ans, à cette époque-là, c'est horrible.
Quand tu as 18 ans et que tu te retrouves à la une d'un journal qui dit : 'Sheila se transforme en homme' et puis 15 jours après, 'Sheila est un homme'. Ça tue
Sheilaà franceinfo
J'ai été voir mon producteur qui m'a dit : "Tu ne t'inquiètes de rien, tant qu'on en parle, c'est bon". Des années après, j'ai découvert le poteau rose sordide. En réalité, le titre a été inventé par un journaliste de France dimanche, qui s'appelait Gérard de Villiers et qui a travaillé avec Claude Carrère, qui a trouvé que c'était très drôle et qu'on allait en parler. Après si ce n'est qu'un titre, ce n'est pas grave sauf que le problème, c'est que cela m'a suivi toute ma vie de femme et là, ça devient beaucoup plus compliqué.
Encore aujourd'hui ?
Aujourd'hui, j'ai fait une chanson là-dessus La rumeur, donc j'ai mis les choses au point. J'ai raconté. J'ai surtout prévenu les jeunes d'aujourd'hui de ce que ça peut détruire chez un être.
Le public est là et toujours en 1964, il y a une chanson qui va inonder les ondes : Vous les copains, je ne vous oublierai jamais. Que représente-t-elle pour vous et quelle est son histoire ?
C'est comme Patrick Bruel qui chante : "On s'était dit rendez-vous dans dix ans (...) Sur les marches de la place des grands hommes". C'est la même idée. Voilà, tu quittes ton école, mais tu ne les oublies pas. C'est l'époque qui correspondait à ça. Ce qui est incroyable aujourd'hui, c'est que je ne peux pas faire une scène si je ne chante pas Vous les copains, je ne vous oublierai jamais parce que les gens sont brimés. Et quelque part, c'est une chanson de bonne humeur et de joie. Et on ne s’oublie pas et on se retrouve. Et il y a une espèce d'engouement qui ne s'est jamais arrêté, même aujourd'hui.
Est-ce que c'est la chanson qui vous représente le plus ?
Dans l'énergie, sûrement. Après moi, je ne te cache pas qu'il y a des moments, j'en ai ras-le-bol. Dans le message, oui parce qu'on a grandi ensemble. Donc, c'est vrai que ça représente assez bien ce que je suis en réalité. Parce que moi, les copains, je ne les oublie pas.
On se retrouve demain avec les titres : Petite fille de Français moyen, Les gondoles à Venise et Blancs, Jaunes, Rouges, Noirs.
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