"Un morceau de Sicre", l’hommage à sa région de Francis Cabrel : "Au fil du temps, je me suis pris de passion pour la culture occitane"
Francis Cabrel est cet auteur, compositeur, interprète, rare et précieux, discret mais présent. Il est apparu tout au long de ses créations, chansons, concerts comme l'un des nôtres. Il est aussi associé à la défense de l'Occitanie et de sa langue si précieuse à ses yeux et surtout à ses oreilles, car c'est à Toulouse que tout a commencé. Il a souhaité rendre hommage à cette ville rose si chère à son cœur, ainsi qu'à celles et ceux qui l'ont accompagné d'une manière ou d'une autre, comme Claude Sicre, fondateur du groupe occitan Les fabuleux Trobadors.
Francis Cabrel vient de sortir un single avec la complicité de sa fille Aurélie, un 45 tours intitulé Un morceau de Sicre .
franceinfo : "Un morceau de Sicre" est une édition limitée, comme un clin d'œil à vos débuts. L'Occitanie est donc votre socle ?
Francis Cabrel : Elle s'est imposée à moi au fil du temps. Au départ, je trouvais que ce n'était pas si important que ça. Et puis j'ai rencontré quantité de gens qui m'ont ému à force de montrer leur passion, leur intérêt pour ces racines, que je ne trouvais pas si importantes que ça. Mes grands-parents sont arrivés d'Italie juste avant la naissance de mon père. Je me considère un peu comme de passage. Au fil du temps, je me suis pris de passion pour la culture occitane, pour tous ceux qui la défendent. Ces Fabulous Trobadors de Claude Sicre ont créé un répertoire qui est un peu l'équivalent des Bluesmen d'Amérique, ils ont posé le socle sur lequel tout le monde s'est inspiré, s'est appuyé. Je crois qu'ils ont posé les fondamentaux.
"Un morceau de Sicre" est sorti sous le label Baboo Music avec Aurélie Cabrel, votre fille aînée. C'est vraiment un énorme point d'ancrage avec Astaffort. C'était important de vivre ce moment-là avec elle ?
Là, c'était très important, en dehors du fait que ce soit ma fille, d'être représenté par un label local. Distribué par Paris, ça n'aurait pas eu beaucoup de sens. Donc j'ai expliqué à ma maison de disques parisienne que là, je faisais une infidélité pour la logique du projet que je menais. Il fallait que tout parte d'ici, que je montre à tout le monde qu'on peut tout faire depuis ce petit village. Et voilà. La preuve, c'est que ça s'est fait, que ma fille a fait un super job, au trois quarts, c'est elle qui l'a mis en œuvre. Elle l'a mis en chair et en os.
Vous vous êtes énormément impliqué dans ce projet. C'est une énorme parenthèse par rapport à tout ce qu'on a connu auparavant. Comme si vous aviez lâché prise, est-ce vrai ?
Je suis obligé de dire que c'est aussi le temps qui a passé et le temps qu'il me reste à faire dans ce métier qui donne comme une sorte de bilan à établir.
"Dans le bilan de tout ce qui m'est arrivé, j'ai trouvé que je n'avais pas assez rendu hommage à ma région".
Francis Cabrelà franceinfo
Je viens de parler de l'Occitanie, mais aussi et surtout, c'est la ville de Toulouse qui a été le déclenchement de tout ce qui m'est arrivé. Les personnages principaux sont à Toulouse. Richard Seff, son frère Daniel, les studios Condorcet, où j'ai enregistré mes premières maquettes, le premier concours de chant dans lequel j'ai été révélé et que j'ai gagné avec Petite Marie. C'était à Toulouse aussi, ainsi que la promesse d'enregistrer le premier album. Donc tout est parti de Toulouse. Après, j'ai fait mes albums importants comme Sarbacane et Samedi soir sur la terre, à Toulouse également. Donc c'est toujours jalonné de Toulouse, Toulouse, Toulouse.
Là, c'est un 45 tours en édition limitée. Inévitablement, cela rappelle aussi vos débuts. Le vinyle qui revient en force alors qu'on le pensait complètement et définitivement disparu, est un clin d'œil. Quelque part, c'est un acte artisanal fort. C'était important ?
Oui. C'est une idée d'Aurélie. Je ne sors qu'une chanson, qu'en fait-on ? Je pensais qu'elle était juste numérique, que ça allait partir sur le Net avec une jolie vidéo pour l'accompagner, mais elle a dit : " Non, on va faire un single vinyle. Qu'est-ce que tu as comme pochette à proposer ?" Elle est venue à la maison, j'avais fait quelques dessins et puis c'est elle qui a pioché dans ce que je faisais et qui a eu l'idée de cet habillage pour la chanson.
Aurélie aime aussi la musique. Ça vous touche qu'elle ait envie de marcher sur les empreintes de son père ?
Oui, ça me touche effectivement.
"Je trouve que ma fille aînée, Aurélie, a une passion tout-à-fait pure, tout-à-fait authentique et qu'elle est comme moi. Elle a la dent dure, donc c'est parfait."
Francis Cabrelà franceinfo
Elle aime des choses et en déteste d'autres et elle le dit. Je pense qu'elle a une très bonne vision de ce qui se passe autour de nous.
Ça nous rappelle des titres précédents, mais celui-ci est encore plus fort. Ça veut dire qu'aujourd'hui le regard sur la vie est surtout celui de savoir où se trouve l'essentiel ?
Oui, c'est ça le fameux bilan dont je parlais tout à l'heure. Je trouve qu'aujourd'hui, j'ai une sorte de droit de le faire. Je m'autorise, du fait de mon ancienneté dans ce show-business que j'ai toujours pratiqué, même si j'ai toujours pris quelques distances avec, de dire : voilà qui j'aime, ce qui m'intéresse, ce que j'estime digne, authentique, qui, à mes yeux, a de la valeur et fait surtout avancer l'idée, la grande idée de la chanson française.
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