Vladimir Cosma : "J’étais condamné à faire de la musique, je n’ai jamais imaginé faire autre chose"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie. Cette semaine est consacrée au compositeur de musique de films Vladimir Cosma. Il est l’un des plus grands compositeurs en France, avec plus de 500 musiques de films à son actif, dont celle du "Père Noël est une ordure".
Vladimir Cosma naît en Roumanie à Bucarest et y reste jusqu’à ses 22 ans. Il y fait sa scolarité, son conservatoire et puis son service militaire avec ses camarades musiciens, des acteurs, des artistes peintres et il commence à écrire et avoir un contact avec le public à ce moment-là. Il faut savoir qu’il est issu d’une famille de musiciens, puisque son père était pianiste et chef d’orchestre de l’orchestre de Bucarest et sa grand-mère pianiste-concertiste et élève d’un grand musicien. "J’étais condamné à faire de la musique si je peux dire ça, je n’ai jamais imaginé faire autre chose", raconte Vladimir Cosma.
Vladimir Cosma maîtrise donc les instruments et fait des tournées dans le monde entier pendant 7-8 ans à son arrivée à Paris. Mais pour la composition, c’est une autre histoire : "La composition, ce n’est pas si facile que ça. Il faut des années et des années avant de se faire un nom, avant d’avoir des commandes, pour faire quelque chose."
En arrivant en France, Vladimir Cosma a une liste de personnes qu’il souhaite absolument rencontrer, dont Nadia Boulanger (pianiste, chef d’orchestre, compositrice), Jean Wiéner (pianiste et compositeur) et Michel Legrand (musicien, pianiste, arrangeur, compositeur) :"Je les admirais énormément."
L’abonné aux films cultes : et un de plus
C’est Michel Legrand qui lui met le pied à l’étrier en le libérant (il était son assistant). Vladimir Cosma est un homme qui s’adapte. Novateur, curieux, besogneux, créatif, les films dont il compose la musique se suivent mais ne se ressemblent pas : Le grand Blond avec une chaussure noire, Les aventures de Rabbi Jacob, Diva, La Boum et un autre film devenu culte, Le Père Noël est une ordure, de Jean-Marie Poiré en 1982.
La double et belle destinée d’une chanson
"Le film m’a amusé, parce que c’est un film génial avec des dialogues formidables, des acteurs qui sont restés et resteront toujours." Il ajoute que pour la première fois, il travaille avec le metteur en scène, en l'occurrence Jean-Marie Poiré (fils d’Alain Poiré, le producteur historique de La Gaumont).
Vladimir Cosma raconte qu’il est rappelé en urgence au moment du mixage, car l’unique musique qu’il n’a pas composée (celle du célèbre slow entre Christian Clavier travesti et Thierry Lhermitte) et dont le choix a été fait bien en amont, est une chanson de Julio Iglesias, dont le montant des droits pour l'utilisation représente un coût faramineux. "On ne sait pas quoi faire. Est-ce que tu n’as pas par hasard une musique qui pourrait convenir à cette scène ?"
Immédiatement, il pense à la chanson Destinée, interprétée par Guy Marchand et écrite un an auparavant pour le film Les Sous-doués en vacances, de Claude Zidi (1980). Une chanson qui, à son sens, peut apporter "plus d’humour que la chanson de Julio Iglesias". Après avoir obtenu l’accord de toutes les parties, elle est intégrée au film et se vend encore à des millions d’exemplaires.
La chanson 'Destinée' est pour certains 'Le Père Noël est une ordure' et pour d’autres la chanson des 'Sous-doués en vacances'. Voilà des petites choses qui arrivent dans la vie des musiciens.
Vladimir Cosmaà franceinfo
Sur le temps qui passe, Vladimir Cosma évoque son père et sa sagesse : "Mon père avait une parole dont je n’ai pas senti la portée philosophique, mais maintenant je la sens et il disait 'tu sais l’âge ne pardonne jamais'". C’est avec les années que Vladimir Cosma comprend ce que son père a voulu dire : "Ce n’est pas du tout une banalité. Je n’ai pas changé mais mon âge a changé, c’est ça le temps qui passe".
S’il doit regarder son parcours, Vladimir Cosma répond sobrement : "Voyez, on est là ensemble. On parle de mes musiques, parfois on parle des musiques que j’ai faites il y a 50 ans, 60 ans et ce qui me fait plaisir c’est que ces musiques sont présentes et que j’ai l’impression que les gens les aiment toujours. Parfois, ils les aiment plus qu’au moment où je les ai faites."
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