"Vous venez de pondre une bombe atomique !" : Patrick Hernandez revient sur la création de son tube "Born to be alive"
Patrick Hernandez est auteur, compositeur et interprète. Estampillé star des années 80 grâce à son tube disco qui a fait le tour du monde, le fameux Born to be alive, en 1979, il n'est jamais sorti des playlists des DJ, des discothèques, des mariages, des anniversaires, de toutes les fêtes. Depuis 2013, il participe à la tournée Stars 80 et à partir du 9 février 2023, il repart en tournée avec Star 80 - Encore aux côtés de Jean-Pierre Mader, Émile et Images, Sabrina, Phil Barney, Début de soirée.
franceinfo : Le son des années 80 semble finalement intemporel et toujours aussi actuel.
Patrick Hernandez : Oui, apparemment, ça a l'air de convenir à tout le monde et à nous aussi bien évidemment après ces deux années, presque trois ans, d'arrêt que nous avons subi à cause de la pandémie. On dit souvent que les années 80 étaient des années bénies. Moi, je trouve que c'étaient des années pourries, vraiment.
Pourquoi ?
Parce qu'il y a eu plein de choses comme les chocs pétroliers, le sida et je pense que la musique, à l'époque, reflétait notre envie de faire la fête et d'oublier un peu cette mauvaise période. Je suis absolument certain que les bonnes années, c'étaient les 60's et les 70's. Mais les 80's, pas du tout.
Vous avez toujours cru en ce titre, Born to be alive, alors je voudrais savoir à quel moment et comment il est né.
Il a effectivement une vie multiple. Je l'ai écrit en 1973 sur un canapé avec une guitare acoustique et c'était un titre un peu 'folky', un peu 'Dylanesque' et j'en ai fait une version rock au sein du groupe Paris Palace Hôtel. Cette version n'a pas eu de succès et donc quand j'ai retrouvé ce producteur l'année 1978, il m'a demandé de lui rejouer des chansons du groupe Paris Palace Hôtel et j'ai bien évidemment joué une des miennes qui était Born to be alive. Et après de multiples écoutes en acoustique comme ça, il m'a dit : "Voilà, j'ai une idée". L'idée était, effectivement la mauvaise idée à la base pour moi, de lui mettre un costume disco puisque c'était la mode à l'époque.
Vous le prenez comme une insulte au départ !
Pour moi, faire une version disco de ‘Born to be alive’ était vraiment une mauvaise idée.
Patrick Hernandezà franceinfo
Oui. Et il m'a dit : "Voilà, j'aimerais arriver avec ton titre à prendre une chanson qui est pop à la base, qui est rock à la base et lui mettre le déguisement quelque part du disco". On s'est dit : "Ah, le costume lui va franchement bien" et quand on lui a fait écouter le soir-même la maquette que nous venions de faire, il nous a dit un truc assez étrange : "Vous venez de pondre une bombe atomique !"
Ça va démarrer d'abord en Italie avec un succès en 1978, disque d'or avant d'être édité par CBS France. Et ensuite, vous allez rester à la première place du hit-parade pendant plusieurs mois en France. Succès également en Grande-Bretagne et surtout aux Etats-Unis, où vous allez intégrer le Billboard, le classement américain, à la 16ᵉ place. Ça représente quoi d'avoir toutes ces générations qui se déhanchent sur ce titre ?
Ça n'est plus que du bonheur de savoir que pratiquement tout le monde aime ce titre. Et en plus, on ne peut pas dire d'un standard que c'est de la merde. On peut dire : "Ce n'est pas ma tasse de thé", mais comment dire d'un standard comme "Born to be alive" que c'est de la merde ? Ça n'empêche que pendant toute une période, qui a suivi la sortie du disque et alors que j'avais vendu 15 millions de disques, il y a eu des gens qui me disaient quand même : "Tu vois, moi à la base, je ne l'aurais pas faite comme ça". C'était un peu hallucinant, mais enfin, c'est comme ça.
Au total, aujourd'hui, vous êtes à combien d'exemplaires vendus ?
C'est un peu compliqué de le savoir parce que maintenant, en plus, on ne vend plus de disques comme on en vendait à l'époque. On est aux alentours de 26, 27 millions de singles, un chiffre absolument astronomique. Et donc le papa, auteur, compositeur, interprète, éditeur, producteur que je suis devenu avec le temps, eh bien, il est très content parce que ça lui permet de faire autre chose, c'est-à-dire de faire de la musique pour le plaisir. Là, je suis occupé sur une musique de film.
Les 26, 27 millions d’exemplaires vendus de ‘Born to be alive’ me permettent de vivre tranquille et de vivre dans la musique.
Patrick Hernandezà franceinfo
Pour terminer, certes, vous avez réussi grâce à ce son disco, mais est-ce que finalement, jusqu'au bout du bout, vous ne resterez pas d'abord un amoureux du rock et un rockeur ?
Mais tout ce que j'écris encore aujourd'hui, c'est plus de la pop que du rock. Je suis revenu aux origines. En fait, je ne les ai jamais quittées et cette histoire de Born to be alive est une histoire, vraisemblablement de quelqu'un qui est ouvert musicalement et qui fait des expériences. Finalement, je me suis aperçu que j'avais fait de la philo sans le savoir, parce que toutes les minorités chez les Anglo-Saxons réagissaient très fort à ce thème qui ne se dit pas dans le langage courant, mais qui est plutôt quelque chose de poétique. Les Français voulaient me le faire changer d'ailleurs parce qu'ils trouvaient que c'était plus un pléonasme quelque part. Mais en fait, je me suis aperçu que j'ai bien fait et merci, merci à ma bonne étoile de m'avoir fait garder ce titre qui est un pléonasme tellement porteur.
Patrick Hernandez et la troupe de Star 80 seront le 9 février 2023 à Reims, le 24 à Limoges, le 2 mars à Rouen, le 17 à Pau, le 25 à Lyon, les 20 et 21 avril à Paris etc…
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